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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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négligent la suite des affaires les plus importantes 11 . »
    Le 5 décembre, Roussel et Raffiat, les deux suspects, ont été soumis l’un à la question et l’autre au supplice des brodequins sans rien avouer. C’est leur confesseur qui a achevé le travail en les convainquant de reconnaître leurs crimes ; ils ont également dénoncé des complices ; certains sont déjà en prison, d’autres sont recherchés. Le lendemain, les deux assassins ont été exécutés en place de Grève. Raffiat, qui avait avoué neuf assassinats dans les rues de Paris, a expiré sur la roue après y être resté trois heures et demie ; Roussel, auteur de quatre crimes, a expiré lorsqu’il fut lié sur la roue. Un tailleur et un compagnon orfèvre subirent le même sort le 15 décembre ; le 18, ce fut le tour d’un certain Desmoulins qui avait trucidé M. de Mendolle au mois de septembre, rue Saint-Martin, lequel s’occupait des œuvres de charité du duc d’Orléans. Un nouveau complice a été condamné le 7 janvier, deux autres le 29 et une femme le 11 février. Ces exécutions suivies de beaucoup d’autres 12 ont toujours lieu en public devant un peuple attentif et horrifié qui compte les heures d’agonie du supplicié dont le bourreau brise les membres avec une barre de fer avant de l’installer sur la roue, la face pendante jusqu’à ce que mort s’ensuive. L’homme réclame de l’eau et la mort. Desmoulins, un garçon d’une force herculéenne, a mis vingt-deux heures pour mourir…

    « J’ai perdu un ami »
    Versailles commente les caprices de la nouvelle favorite.Mme de La Tournelle semble s’être donnée au roi par condescendance. Lorsqu’il ne lui cède pas, elle boude, se fait distante et le transforme en suppliant. Il l’appelle princesse et passe deux ou trois heures, le soir, enfermé avec elle. Elle ne l’aime pas et reçoit encore des lettres du petit d’Agenois. « L’intrigue est son élément », elle ne pense qu’à devenir duchesse prétendMme de Tencin. Toujours aux aguets, les courtisans étalent une frivolitéstupéfiante alors que les rares nouvelles de l’armée sont inquiétantes. Le royaume ne semble plus gouverné, l’état ducardinal laissant présager une issue fatale. Les ministres, soucieux d’assurer leur avenir, s’abstiennent de prendre la moindre décision.
    L’arrivée duchevalier de Belle-Isle, frère dumaréchal, a jeté un froid : les Français ont dû évacuer Prague. Depuis qu’elle a conclu la paix avec le roi de Prusse, lareine de Hongrie a entrepris de reprendre la Bohême. Une armée sous le commandement duprince de Lobkowitz a mis le siège devant la capitale où se tenaient les Français. Le maréchal de Belle-Isle, qui n’avait que pour six semaines de vivres, a consulté ses officiers qui se déclarèrent prêts à lui obéir. Pendant la nuit du 16 au 17 décembre 1742, trompant la vigilance de Lobkowitz, Belle-Isle fit ouvrir les portes de Prague et les hommes sortirent en ordre en emmenant plusieurs otages. Le maréchal parut le dernier dans un carrosse à huit chevaux avec la comtesse deBavière accouchée depuis peu. Le comte deBavière, gouverneur de la ville, chevauchait à la portière. La retraite jusqu’à la ville d’Egra aux portes de la Bavière fut dramatique : les haltes se faisaient la nuit dans les champs, les hommes couchant à même le sol, et on faisait un mur de neige pour protéger le carrosse contre le vent. Mille deux cents hommes sont morts de froid. À Egra, il fallut amputer environ quatre cents soldats dont les doigts, les mains, les bras ou les pieds étaient gelés.Belle-Isle avait laissé à Prague 6 000 hommes dont 1 700 cents malades sous lecommandement de Chevert, brigadier des armées du roi. Sommé de se rendre, il a préféré capituler pour sortir avec les honneurs de la guerre et pour être sûr que les malades seraient secourus.
    Voilà des milliers d’hommes perdus, beaucoup d’argent dépensé, des armées décimées qui se retrouvent sur les frontières de la Bavière, pas plus avancées qu’aux premiers jours de la guerre. Désormais,Marie-Thérèse, en paix avec la Prusse et la Saxe, est devenue maîtresse de ses États. La politique antiautrichienne voulue par Belle-Isle et acceptée parFleury se solde par un échec cuisant.
    Installé à Choisy depuis le 11 janvier 1743, le roi semble davantage préoccupé par l’agonie de Fleury. Depuis le mois de décembre, le cardinal s’est

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