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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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serai bientôt débarrassée d’elle et de lui ; voulant dire apparemment qu’ils en mourront de chagrin tous les deux. Comme il me conviendrait fort peu qu’elle fût ici, je compte tenir bon. Comme je n’ai pas pris d’engagement dont je vous avoue que je me sais bon gré, il décidera entre elle et moi. Je prévois, cher oncle, que toutceci me donnera bien du chagrin. Tant quele cardinal vivra je ne ferai rien de ce que je voudrai. Cela m’a donné envie de mettre ce vieux coquin dans mes intérêts en l’allant trouver. Vous pensez bien que tout le monde est en l’air et qu’on a les yeux sur le roi et sur moi. Pour la reine vous imaginez bien qu’elle me fait une mine de chien ; c’est le droit du jeu 10 … » Malgré les conseils deRichelieu, elle continua quelques jours de tenir la dragée haute à S.M. qui connaissait le moyen de la faire capituler. Il fallait rompre avec l’aînée.
    La pauvreMailly, après avoir dîné avec le roi et le duc de Meuse, quitta la Cour et se réfugia chez lacomtesse de Toulouse. Le règne deMme de La Tournelle commence, mais parviendra-t-elle à dominer le roi comme le souhaitent ses mentors ?
    Fleury, qui a compris la manœuvre, écrit àLouis XV pour le conjurer de renoncer à sa passion ; il lui envoie même son confesseur que le roi refuse de recevoir. Quant àMaurepas, il a composé ces quelques vers que chante désormais tout Paris :
    Grand roi que vous avez d’esprit
    D’avoir renvoyé la Mailly
    Quelle haridelle vous aviez là
    Alleluia.
     
    Vous serez cent fois mieux monté
    Sur la Tournelle que vous prenez :
    Tout le monde vous le dira
    Alleluia.
     
    Si la canaille ose crier
    De voir trois sœurs se relayer
    Au grand Tencin renvoyez-là
    Alleluia.
     
    Le Saint-Père lui a fait don
    D’indulgences à discrétion
    Pour effacer ce péché-là
    Alleluia.

    Tueurs en série
    Pendant queMaurepas, ministre de la Maison du roi, assistait impuissant à la cabale qui devait mettreMme de La Tournelle dans les bras du roi, il recevait régulièrement les informations du lieutenant de police,Feydeau de Marville, qui le tient au courant de tout ce qui concerne la capitale. M. de Marville est inquiet. Depuis plusieurs semaines, une bande d’assassins sème la terreur dans Paris dès que tombe la nuit. Les meurtriers frappent leurs victimes avec un gourdin ferré qui ouvre le crâne d’un seul coup et fait sauter la cervelle. Leurs crimes se répètent avec une inquiétante régularité. Ainsi, le 6 octobre, M. de Charmois, un gentilhomme qui rentrait chez lui, rue du Parc-Royal, est tombé sous leurs coups : on lui a volé son épée, sa montre et coupé la basque de sa veste ; il avait dans la poche de sa culotte soixante-dix-sept livres qui n’ont pas été prises. La même nuit, un chirurgien a subi le même sort non loin de là, rue des Quatre-Fils. Les assassins lui ont volé les boucles de ses souliers ! Quelques jours plus tôt, c’était un sergent aux gardes qui avait été attaqué, laissé mort et volé près de Sainte-Pélagie. Le 9 octobre, le lieutenant de police pouvait annoncer au ministre qu’il tenait enfin prisonnier un garçon de dix-neuf ans, lequel reconnaissait être complice de ce dernier meurtre. Sur la promesse d’être seulement envoyé aux îles, il avait dénoncé quelques complices et déclaré que ces hommes n’avaient d’autre métier que celui de voler à Paris et dans les environs. On a retrouvé rue de Touraine un bâton de chêne d’environ deux pieds dont le bout triangulaire présente des angles très tranchants. Les recherches se sont aussitôt poursuivies et deux suspects dont la culpabilité fait peu de doute ont été arrêtés. Au grand scandale des Parisiens qui n’osent plus sortir le soir, le lieutenant criminel du Châtelet chargé de faire arrêter les meurtriers est parti pour sa maison de campagne ainsi que le procureur du roi. On s’imagine qu’il y a de plus en plus d’assassins qui jouissent d’une totale impunité et on se plaint de l’indolence du guet. Beaucoup réclament haut et fort que la ville soit vidée de quatre mille vagabonds susceptibles de commettre n’importe quel forfait pour subsister.M. de Marville se plaint que lorsqu’il arrive des malheurs dans Paris on s’en prenne toujours à la police : « Nous n’avons d’autre ressource que de faire arrêter les coupables, dit-il àMaurepas ; nousnous en assurons, nous les remettons aux juges ordinaires et ils

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