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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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trouve la grille ouverte devant un carrosse à six chevaux. On y installe le maréchal qui continue de protester. D’Artagnan s’assied à côté de lui et fouette cocher ! En route pour le domaine de Villeroy, avant Lyon dont le duc est gouverneur.
    L’arrestation fut exécutée avec une telle rapidité que la nouvelle ne parvint à la Cour que quelques heures plus tard. On ignorait la cause de cet enlèvement précipité que l’on attribuait àDubois.Une tâche ingrate revenait au Régent. Il devait avertir le roi de l’exil de son gouverneur et justifier cette mesure. On ne sait ce qu’il lui dit, mais Louis rougit et cacha son visage contre le dos d’un fauteuil sans dire un mot. Il ne voulut ni sortir ni jouer de l’après-midi. D’après son sous-gouverneur, qui passa la nuit dans sa chambre, le roi ne parvint pas à dormir. Afin de ne pas être taxé de despotisme,le Régent fit insérer un communiqué dans Le Mercure de France précisant les causes de l’éloignement de la Cour dumaréchal de Villeroy, lequel était assez populaire à Paris.Louis XV reprit ses occupations habituelles. Le 15 août, il reçut sa première communion après avoir été confirmé par lecardinal de Rohan. Le duc deCharost, fort lié avec les Jésuites, succèdera au duc de Villeroy auprès du monarque.
    Tout semblait rentré dans l’ordre lorsque le 17 août, un vent de panique souffla dans l’entourage royal : M. deFleury avait disparu. Le roi pleurait à chaudes larmes et réclamait son précepteur. Le Régent etDubois étaient dans l’embarras. On avait dépêché un coursier jusqu’à Villeroy au cas où le précepteur aurait rejoint le gouverneur. Il n’y était pas. On envoya un messager à la Trappe. Le plus grand désarroi régnait chez le duc d’Orléans où tout le monde parlait à la fois. Soudain quelqu’un cria : « On l’a trouvé ! On l’a trouvé ! » M. de Fleury était tout simplement parti coucher à Basville 2 chez leprésident de Lamoignon. Le précepteur avait écrit à son royal élève qu’un violent mal de tête l’y avait retenu et qu’il avait besoin de se reposer. On respira. M. le Duc pria l’évêque de revenir séance tenante et le roi lui adressa ce bref billet : « Vous vous êtes assez reposé ; j’ai besoin de vous ; revenez donc au plus tôt. » Le soir même, Fleury était à Versailles, son mal de tête oublié. Le Régent lui réserva le meilleur accueil et le roi s’endormit tranquillement.
    Fleury n’avait pas manqué d’habileté : après la disgrâce de Villeroy, ne risquait-il pas de subir le même sort ? Dans ce cas, il valait mieux se retirer discrètement, comme il l’avait fait. Cependant, il se doutait que son absence après le limogeage du gouverneur bouleverserait le roi. Il espérait bien apparaître comme l’homme providentiel et c’est ce qui arriva.Fleury n’avait pas pris beaucoup de risques et il revenait en sauveur.
    Duboisexulte. Il a triomphé des roués dont il a obtenu l’exil en quelques semaines ; leduc de Noailles, qui aurait pu lui faire de l’ombre, a été lui aussi éloigné de la Cour. Enfin il vient d’éliminer son plus dangereux ennemi, leduc de Villeroy. Il s’apprête à réaliser son rêve : devenir Premier ministre. Cette consécration dépend de son ancien élève et compagnon de débauche, dont il est devenu en quelque sorte l’associé à la tête de l’État, le duc d’Orléans,régent de France. Afin de mieux convaincre le prince, Dubois dicte lui-même à un secrétaire un long mémoire récapitulant ses hauts faits qu’il confie au garde des Sceaux qui lui est tout dévoué afin de le remettre au Régent.
    Philippe d’Orléans est bien convaincu des qualités de Dubois dont il connaît aussi les faiblesses. Il a trop besoin de lui pour refuser sa demande. Et au fond, il l’aime bien. Avant de prendre sa décision, il consulteM. le Duc qui risquerait de s’opposer à l’élévation d’un homme de basse extraction à un si haut rang. Dubois, toujours prévoyant, a couvert d’orMme de Prie, la maîtresse de M. le Duc, lequel donne son approbation à la nomination du cardinal. Le 22 août, le Régent présente Dubois au roi en qualité de principal ministre.
    Compliments, harangues, dépêches de félicitations arrivent de toutes parts chez Dubois, mais il n’en a cure. Le temps est désormais le seul bien qu’il désire, pour lui et pour le royaume. Il est malade, souffre nuit et

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