Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
Vom Netzwerk:
fixa les dépouilles de chaque côté de lui. La petite servante se mit à trembler, en se risquant à lancer quelques coups d'œil à travers ses paupières mi- closes. Kathryn se leva et jeta des draps sur les cadavres. Elle aurait aimé pouvoir interroger les nouveaux venus ailleurs ; elle se remémora la vieille légende qui prétendait que le corps d'une victime d'assassinat pouvait, en présence du coupable, se lever pour dire ce qu'il en était. Elle se rassit.
    —
    Ne vous inquiétez pas, dit-elle en leur tapotant les mains. Ces dépouilles ne sont plus que des maisons vides à présent, prêtes à être confiées à la terre. Les âmes sont retournées à Dieu. Le père Clement a récité les prières et je suis sûre que la messe de requiem sera chantée. Mais Dieu exige la vérité. Dieu, le roi et Lord Henry.
    Votre maître et votre maîtresse ont péri de malemort. Je dois savoir ce qui est arrivé hier.
    Elle s'interrompit.
    —
    Elias et sa femme étaient-ils heureux ?
    Ils acquiescèrent de la tête à l'unisson.
    —
    Ils ne s'étaient ni disputés ni querellés ?
    —
    Nous ignorions tout de cela, rétorqua la servante. Nous mangions et dormions de notre côté ; ils étaient plutôt bons avec nous.
    — Êtes-vous frère et sœur ?
    —
    Ce sont des orphelins, s'entremit le prêtre. Recueillis par le maréchal-ferrant et son épouse. Je ne pense pas que Maître Elias les entretenait de ses affaires.
    —
    Ils étaient plutôt heureux, intervint le gamin, apeuré. Ce jour-là, c'est-à-dire hier, ils avaient l'air contents. Ils se réjouissaient à l'avance du souper, un repas spécial.
    —
    Spécial en quoi ? s'enquit Kathryn.
    Les enfants firent un geste d'ignorance.
    —
    C'était la veille de la Saint-Michel, expliqua le père Clement.
    Aujourd'hui, nous fêtons saint Michel archange ; c'est un jour de festivités.
    Il jeta un coup d'œil mélancolique à la chandelle des heures qui brûlait sur son support de fer noir sous le grand crucifix de bois accroché au mur du fond.

    —
    Je devrais être en train de célébrer l'office ; nous avons bien besoin de toute l'aide du Très-Haut.
    —
    Donc votre maître et votre maîtresse s'apprêtaient à fêter la Saint-Michel, n'est-ce pas ? dit Kathryn sans tenir compte de la remarque du prêtre.
    —
    Oui, répondirent les jouvenceaux en chœur.
    —
    Maître Elias a-t-il travaillé dans sa forge toute la journée ?
    Nouvel acquiescement.
    —
    Et Maîtresse Isabella s'est rendue au marché ?
    —
    Elle est allée chez le boucher chercher du bœuf, du bœuf frais, ni salé ni conservé dans la saumure.
    —
    Et ensuite ?
    —
    Elle a acheté des épices et du drap. Elle a parlé à différentes personnes puis est revenue, répondit la servante. J'ai passé presque tout l'après-midi à polir les étains et les cuivres avant de préparer la table. Et entretemps je me suis occupée de la broche et j'ai aidé ma maîtresse à cuire le pain. Nous avons pris du lait frais dans la resserre et tiré un pichet de vin à un tonnelet de clairet.
    —
    Quand Maîtresse Isabella l'avait-elle acquis ?
    —
    Je ne sais pas ! gémit la servante. Tout ce que je sais, c'est qu'elle l'a remonté de la cave et qu'elle l'a préparé. Elle a vissé le fausset et a dit qu'elle en goûterait avant le souper.
    —
    Et Maître Elias ? Allons, mon garçon ! insista Kathryn. Je sais que tu as froid mais quand j'en aurai fini avec vous, une coupe de petit-lait et une galette d'avoine chaude avec du miel et de la muscade vous attendent !
    —
    Oh, c'était un jour comme les autres ! dit l'apprenti. Avec des gens qui allaient et venaient, des gens qui attendaient. Maître Elias, entre deux chevaux à ferrer, façonnait une faux. Il proclamait que ce serait la meilleure que Walmer ait jamais vue.
    — A-t-il bu de l'eau dans la journée ?
    —
    Oh non ! Il ne le faisait jamais. Il buvait de la petite bière et avait toujours une chope en cuir près de lui.
    — Alors pourquoi a-t-il bu de l'eau ?
    —
    C'était son habitude, Maîtresse. Il avalait toujours deux gobelets d'eau fraîche en fin de journée.
    — Ah ! Et elle provenait toujours de ce tonneau ?
    —
    Oh oui ! Il disait que c'était son eau à lui et la barrique était constamment recouverte d'un grillage.
    —
    Mais alors, où Maîtresse Isabella prenait-elle l'eau dont elle avait besoin ? interrogea Kathryn en se tournant vers la servante.
    —
    Il y avait une autre barrique dans la maison, expliqua cette dernière.

Weitere Kostenlose Bücher