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Le temps des poisons

Le temps des poisons

Titel: Le temps des poisons Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: C.L. Grace
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en doutiez, n'est-ce pas ? Toute perte de crédit à leurs yeux était une réparation équitable. J'ai rencontré des hommes qui ont fait l'aller et retour entre Londres et Jérusalem pour se débarrasser de leur sentiment de culpabilité après un crime atroce. Cette missive était votre pèlerinage et votre expiation.
    Lord Henry baissa la tête. Colum, embarrassé, repoussa sa chaire et se mit à contempler ses bottes comme s'il ne les avait encore jamais vues. Kathryn jeta un coup d'œil sur les gravures.
    —
    Vous les admirez, Maîtresse Swinbrooke ? demanda Lord Henry.
    Lady Mary aimait le bois, surtout le charme.
    —
    On prétend que ses branches noueuses procurent d'excellents abris aux rouges-gorges.
    —
    Et aux meurtriers, ajouta le seigneur avec douceur. Lady Mary gardait un morceau de coudrier dans sa chambre en guise de protection contre les mauvais esprits. Quand le roi est venu céans lors d'un déplacement dans les comtés de l'Est, il lui a narré que frère Bacon fut le premier à prouver que le coudrier était un ingrédient de la poudre à fusil. Elle est décédée le 22 août...

    —
    ... fête de saint Philibert, termina Kathryn. C'est ce jour-là qu'on ramasse les noisettes, je crois ? Lady Mary ne devait pas l'ignorer.
    —
    C'est ce qu'elle a dit au serviteur, acquiesça Lord Henry. Elle a prétendu qu'elle allait chercher des noisettes. Si j'avais su qu'elle se rendrait à Gallows Point, j'aurais demandé à Marshall de l'escorter.
    Elle est tombée, ajouta-t-il précipitamment, à cause de ce qu'elle avait vu la veille.
    Kathryn garda le silence.
    —
    Le maréchal-ferrant est venu au château avec sa femme. Je l'avais toujours trouvée attirante. J'avais bu trop de clairet et son mari était occupé aux écuries. Je l'ai emmenée au verger.
    Il se frotta les yeux.
    —
    Il ne s'est rien passé de grave, nous avons juste sottement badiné, un baiser, une étreinte, mais mon épouse nous a surpris.
    Il haussa les épaules.
    —
    Vous savez la suite. Après sa mort, je me suis senti fort coupable
    ; je voyais des démons partout. Je me suis confessé auprès du père Clement. Il m'a donné comme pénitence de faire quelque chose pour expier mon péché.
    Lord Henry soupira.
    —
    D'où la lettre. J'ai regretté de l'avoir écrite mais j'avais l'impression que le fantôme de ma femme me la dictait. Les Français ont appris dans quelle humeur je me trouvais et, par le biais de Benedict, je suis sûr qu'ils en savent davantage sur mes affaires qu'ils le devraient.
    —
    Le trépas de William Marshall ?

    Il se redressa.
    —
    Oh, c'est une tout autre affaire !
    —
    William Marshall était-il au courant de la missive ? l'interrompit Murtagh.
    —
    Il savait que je me sentais coupable. Il m'a juste conseillé d'ériger un splendide tombeau, d'engager un prêtre pour qu'il chante des messes et de me rendre en pèlerinage à la châsse de la Vierge à Walsingham, son lieu de naissance.
    —
    Et sa mort ? insista Kathryn.
    —
    Marshall était un joyeux compère, expliqua Lord Henry.
    Il prit une plume et la balança entre ses doigts.
    —
    Malin comme un singe, un homme à femmes, un écuyer à la Chaucer des pieds à la tête. Lady Mary l'aimait, comme un fils, et il la traitait avec la plus grande courtoisie. William et moi sommes allés à Paris et avons logé à une portée de flèche de la porte Saint- Denis.
    Nous devions rencontrer nos agents et payer en bon argent ceux qui avaient rassemblé des renseignements utiles.
    « Un soir, William est rentré exalté. Il avait appris quelque chose mais ne l'a point divulgué. Il avait fréquenté les tavernes le long de la Seine. Il connaissait tous les malandrins et était ami avec le roi des mendiants, le Roi des Gueux1.
    « Le lendemain, peu avant midi, il s'est esquivé du logis. Je l'ai aperçu dans la cour de l'écurie et me suis précipité. Il était fou d'excitation et m'a dit qu'il allait rejoindre quelqu'un, une dame, qui avait commis une faute très grave. Je l'ai accompagné dans les rues jusqu'aux marches de Saint-Pierre sur le fleuve. Il a embarqué sur une barge et je ne l'ai plus jamais revu.
    —
    Et le livre des codes ? s'enquit Kathryn. Marshall ne le portait donc pas ?
    Le seigneur fit un geste de dénégation.
    —
    La disparition de William a suscité désordre et confusion. Je n'ai pas voulu que les Français sachent qu'il devait voir un personnage important, aussi les ai- je dupés en laissant entendre qu'il portait ce

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