Le Testament Des Templiers
informèrent le groupe d’une action majeure prévue pour la nuit du 26 juillet. Si tout marchait bien, beaucoup de Boches seraient tués, et beaucoup d’argent pourrait être récolté.
Bonnet leur dit d’abord quel rôle ils étaient censés jouer lors de l’attaque.
Puis il leur dit ce qu’ils allaient faire à la place.
Odile et la bande de Ruac se cachèrent dans les bois près de la voie de chemin de fer. Elle se souvenait encore aujourd’hui de la violence avec laquelle son cœur battait tandis que le train approchait. Il était tôt dans la soirée, il faisait encore jour. Elle et tous les autres auraient préféré se dissimuler dans l’obscurité, mais ils n’avaient aucun contrôle sur les horaires des convois nazis.
Un peu plus loin, soixante kilos de picrate avaient été placés sous un aqueduc. L’escadron de Ruac disposait d’une mitrailleuse et de deux mitraillettes. Sinon, tous, y compris Odile, avaient des pistolets. Le sien était un Vis polonais, une vieille arme de poing 9 mm qui s’enrayait régulièrement. Les hommes disposaient également de grenades.
La locomotive qui allait de Lyon à Bordeaux les dépassa et Odile commença à compter les wagons de marchandises. Elle en était à cinq quand l’explosion déchira la locomotive. Le train s’arrêta dans un bruit d’apocalypse, les voitures s’encastrant les unes dans les autres. Une porte coulissante s’ouvrit devant eux et trois soldats allemands, ébranlés par le choc et totalement hébétés, se mirent à la dévisager. Elle commença à tirer et vida les huit cartouches du magasin sur eux, à une dizaine de pas de distance. Elle vit ses balles atteindre leur cible, ressentant un frisson d’excitation chaque fois qu’un nouvel impact faisait jaillir du sang.
Le groupe de Ruac s’empara des deux derniers wagons de marchandises pendant que d’autres hommes s’en prenaient aux voitures de tête. Le plan consistait à décharger tout le train dans de gros camions garés à proximité qui transporteraient le butin jusqu’au quartier général de la Résistance à Lyon.
Mais Bonnet avait une autre idée en tête. Les wagons de marchandises de Ruac étaient remplis de billets de banque, de lingots d’or, avec une mince caisse sur laquelle était inscrite au pochoir cette indication provocante : À LIVRER AU REICH – MARÉCHAL GOERING .
Pelay et lui lancèrent des grenades dans les bois pour simuler une bataille rangée à l’arrière. Dans la confusion, tous les cartons éclaboussés de sang et les caisses provenant de ces deux wagons se retrouvèrent dans des camionnettes conduites par des membres du maquis de Ruac.
En moins d’une demi-heure, tout le butin se trouvait à Ruac, à l’insu des dirigeants de la Résistance.
Dans la salle souterraine, Bonnet prit un pied-de-biche et fendit le contreplaqué de la caisse. À l’intérieur il découvrit un tableau. Un superbe jeune homme au visage pâle, drapé dans de la fourrure.
« C’est ce cochon de Goering qui voulait ça, annonça Bonnet en écartant les bras et en le montrant aux villageois. Il vaut probablement une fortune. Tiens, Odile, c’est pour toi, pour que tu aies un joli garçon devant les yeux. Tu l’as bien mérité ce soir. »
Elle tomba instantanément amoureuse du portrait. Ça lui était bien égal qu’il ait ou non de la valeur. Le jeune homme du tableau lui appartenait maintenant. Elle l’accrocherait au-dessus de la table de la cuisine et prendrait désormais ses repas en sa compagnie.
C’était effectivement un beau garçon.
À la lumière des ampoules nues, ils comptèrent l’argent liquide et empilèrent les lingots jusque tard dans la nuit. Étourdis par la victoire et la boisson, ils écoutèrent le décompte final de Bonnet qui conclut ainsi : « Il y en a largement assez pour nous entretenir tous jusqu’à la fin de nos jours. »
Il leva son verre. « Mes amis, ma famille, buvons à nos longues vies ! »
Il était 1 heure du matin passée. Malgré la journée interminable, Luc n’était pas fatigué. Abruti, mais pas fatigué. La femme qu’il dévisageait avait cent seize ans. Mais avec son air sensuel et engageant, son corps souple, on lui aurait plutôt donné une quarantaine d’années.
« Depuis la guerre, nous avons vécu paisiblement, dit-elle. Nous ne gênons personne, personne ne nous gêne. Nous voulons vivre notre vie. C’est tout. Mais quand vous êtes arrivé ici, tout a
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