Le Testament Des Templiers
précédente.
Il prit le stylo à bille qu’il avait dans la poche de sa chemise, ôta le capuchon et attaqua la terre et le guano avec la pointe.
« Je croyais que tu avais dit de ne toucher à rien, se plaignit Hugo.
– Ne t’en fais pas, je suis archéologue, répondit Luc. C’est important. »
En peu de temps, il avait enlevé suffisamment de terre autour pour mettre au jour une fine lame de silex taillé, presque le double de la longueur de son index. Elle était appuyée contre le mur, posée sur son extrémité. On aurait pu croire qu’elle avait été placée là exprès, en équilibre. Luc baissa la tête comme s’il voulait l’embrasser, et souffla pour faire disparaître le reste de terre. Puis, tout excité, il régla son appareil de photo en mode macro et déclencha plusieurs fois son flash.
« Qu’est-ce qu’il y a de si important ? demanda Hugo.
– C’est une pièce aurignacienne !
– Ah bon ? répondit Hugo, pas du tout impressionné. Pouvons-nous y aller maintenant, s’il te plaît ?
– Non, écoute. Cette épine centrale, ici, ces marques en écailles et cette forme de sablier, cet outil est sans aucun doute aurignacien. Il a été fabriqué par les tout premiers Homo Sapiens en Europe. Si, et j’insiste sur le si, il est contemporain de ces peintures, cette grotte date de trente mille ans environ ! C’est plus de dix mille ans avant Lascaux, et elle est plus avancée que Lascaux dans tous les domaines, artistique et technique ! Je ne comprends vraiment pas. Je ne sais plus quoi dire. »
Hugo le tira par la manche de sa veste.
« Tu trouveras la réponse au petit déjeuner. Je t’en supplie, allons-y maintenant ! »
Le soleil matinal avait transformé la Vézère en un ruban étincelant. Il faisait frisquet, et les chants d’oiseaux résonnaient partout. Respirer cet air propre et frais leur donna l’impression de purifier leurs poumons.
Avant de quitter la grotte, Luc avait remonté le mur sec, prenant bien soin de dissimuler l’entrée comme l’avaient fait les premiers bâtisseurs, quels qu’ils aient été. Il était complètement épuisé en même temps qu’étourdi, et une petite voix dans sa tête lui recommandait, compte tenu des circonstances, de faire particulièrement attention le long de la corniche.
En dépit de tout, ils reprirent leur chemin sans encombre, et ne mirent pas longtemps à retrouver le genévrier. Hugo avait besoin de réajuster son sac à dos, et le large rebord sous le tronc vétuste était l’endroit idéal pour s’arrêter en toute sécurité.
Luc, songeur, but le reste de l’eau minérale tout en regardant de l’autre côté de la rivière. Leur aventure de la nuit était-elle vraiment réelle ? Était-il disposé à assumer le rôle dans lequel il se retrouvait ? Était-il préparé à voir sa vie bouleversée, à devenir un personnage public, le visage qu’on mettrait sur cette incroyable découverte ?
Sa réflexion fut interrompue par un bruit à peine perceptible, une sorte de grattement provenant de l’endroit d’où ils venaient. On ne distinguait rien avec les buissons et le rocher qui surplombait le sentier. Il faillit ne pas y faire attention, mais ses sens étaient suffisamment en alerte pour qu’il en tienne compte. Il s’excusa et retourna quelques mètres en arrière. Au moment où il allait contourner le rocher, il crut entendre un nouveau grattement, mais quand il arriva en vue de la corniche qu’ils venaient de traverser, il n’y avait rien.
Il s’arrêta quelques instants, sans savoir s’il fallait revenir encore un peu plus en arrière. Ce petit bruit le perturbait ; un sentiment d’inquiétude l’envahit. Ou la peur peut-être. Mais juste à ce moment, Hugo lui cria qu’il était prêt à continuer, et ce sentiment disparut. Il se dépêcha de le rejoindre et préféra ne rien dire.
La matinée était bien avancée quand ils arrivèrent, épuisés, à la Land Rover ; fidèle à sa parole malgré leur nuit agitée, Luc avait insisté pour qu’ils ramassent les détritus.
Il fut le premier à voir les dégâts et jura à haute voix.
« Merde, Hugo, regarde-moi ça ! »
La vitre du conducteur était brisée et des petits morceaux de verre Sécurit jonchaient le siège. Le carton sur lequel il avait inscrit « université de Bordeaux » était déchiré en deux et posé bien en vue derrière les essuie-glaces, histoire de les narguer.
« Voilà des
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