Le Testament Des Templiers
l’épuisement et à sa propre nausée causée par l’ammoniaque, quand le faisceau de sa lampe révéla une petite ouverture sur sa droite, un trou à travers la paroi, juste assez grand pour y passer à quatre pattes, si on en avait le courage.
Luc enleva son sac à dos et le posa. Hugo savait qu’il était inutile de vouloir l’en empêcher. Il refusa de le suivre, même s’il n’avait aucune envie de rester seul avec ces myriades de chauves-souris au-dessus de sa tête. L’extrémité parcheminée de leurs ailes lui frôlait presque le visage, et il s’efforçait de contrôler sa respiration. Il était incapable de braquer sa torche sur la masse grouillante, mais il n’aimait pas non plus se retrouver dans le noir, si bien qu’il dirigea la lumière vers le trou. Il ne lui restait plus qu’à supplier Luc de se dépêcher pendant qu’il se couvrait le visage de son mouchoir. Il frissonna lorsque les semelles de Luc disparurent dans le noir.
Luc rampa avec précaution sur les quelques mètres du boyau étroit. Il éprouvait une sensation étrange, comme s’il s’engageait dans un univers en gestation.
Brusquement, il se retrouva dans un endroit où il pouvait se tenir debout, un caveau de la taille d’un petit salon. Il promena sa torche d’un côté à l’autre, stupéfait par ce qu’il découvrait. En humectant ses lèvres pour appeler Hugo, il se rendit compte qu’il se trouvait dans une sorte d’antichambre, avec une salle plus grande juste après, un dôme en forme d’igloo qui lui coupa littéralement le souffle.
« Hugo, il faut que tu viennes ! »
L’instant d’après, Hugo surgissait à quatre pattes à côté de lui tout en grommelant, mais quand il se mit debout, il poussa un cri d’enthousiasme :
« Bon Dieu ! »
L’antichambre tout entière était ornée d’un feston de mains au pochoir en ocre rouge. Trois cent soixante degrés de mains imprimées, gauches et droites, toutes de la même taille, comme un planétarium avec des mains à la place des étoiles.
Luc l’appela.
« Viens ici ! »
Les murs de la dernière salle étaient abondamment décorés, ce qui n’était pas tellement surprenant, mais il n’y avait pas d’animaux. Pas le moindre.
« Je me demandais, dit Luc, ce qu’il en était de ces autres dessins dans le livre de Barthomieu – ce qu’il en était des plantes. Regarde ! »
Ils se trouvaient dans un jardin paradisiaque. Il y avait des panneaux représentant des plantes grimpantes vertes avec des feuilles en forme d’étoiles, des plantes comme des arbrisseaux avec des baies rouges et, sur un mur, une véritable mer d’herbes hautes ocre et marron, chaque tige dessinée individuellement, toutes penchées dans la même direction, comme sous l’effet du vent. Et au milieu de cette savane, se tenait un homme grandeur nature à la silhouette peinte en noir, une version beaucoup plus grande de l’homme-oiseau de la chasse aux bisons, les bras étendus, avec une érection impressionnante. Il faisait face au vent invisible, le bec grand ouvert. Peut-être en train d’appeler.
« C’est notre héros », dit Luc doucement, tout en tripotant le cache de son appareil de photo.
Il était grand temps de partir. Il ne restait plus rien à explorer, et Luc et Hugo étaient physiquement et mentalement épuisés, tous deux affectés par leur exposition prolongée à l’air vicié. Luc ne pouvait pas s’empêcher de répéter que ce qu’ils vivaient était sans précédent. Les animaux étaient superbes de naturel et parfaitement uniques, tant par leur qualité que par leur nombre, mais il n’existait rien de comparable à cette représentation de la flore dans l’art rupestre.
Après que Luc eut exprimé une nouvelle fois son émerveillement, Hugo commença à s’impatienter.
« Oui, oui, tu l’as déjà dit, mais il faut vraiment que nous sortions d’ici maintenant. Mes jours sont comptés. »
Luc fixait l’homme-oiseau dans les yeux ; il aurait aimé lui parler, mais pour épargner Hugo, il préféra se taire. Je reviendrai bientôt, se dit-il. Toi et moi allons apprendre à nous connaître parfaitement.
Sans savoir pourquoi, il regarda ensuite par terre, et, à la limite du faisceau de sa torche, il remarqua quelque chose près de son pied gauche.
Une petite bordure de silex noir contre le mur de la grotte.
Il se pencha et poussa un juron. Sa truelle était dans son sac à dos, resté dans la salle
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