Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
Vom Netzwerk:
qu’Ibrahim avait mis de côté pour Gaëlle étaient posés sur le coin du bureau. Il en prit un et le feuilleta négligemment.
    — Je peux peut-être me renseigner, proposa Ibrahim, mais je ne connais personne à l’hôpital.
    — Je vous en prie, faites quelque chose !
    Le livre était illustré de dessins en noir et blanc. Nicolas en remarqua un qui représentait une colline et un lac. La légende indiquait : Bir-al-Hammam. Quelque chose lui semblait familier. Il reposa le livre et prit le deuxième. Celui-ci contenait également une image de Bir-al-Hammam, une photographie. Il l’observa longuement et finit par saisir ce qui l’avait interpellé. Un grand frisson le parcourut de part en part.
    — Nicolas ? Nicolas ? appela Ibrahim d’une voix anxieuse. Est-ce que tout va bien ?
    Nicolas recouvra ses esprits et se tourna en souriant vers Ibrahim, qui le fixait bizarrement.
    — Excusez-moi, j’étais ailleurs, c’est tout.
    Il chercha Mohammed du regard et constata qu’il était parti.
    — Où est votre ami ? demanda-t-il.
    — Il a dû partir. Sa femme est dans un état déplorable, apparemment. Je lui ai promis de faire ce que je pourrais. Mais que puis-je faire ? La pauvre enfant...
    — Si je parvenais à l’aider, demanda Nicolas d’un air songeur, vous m’en seriez reconnaissant, n’est-ce pas ?
    — Bien sûr, mais je doute vraiment que...
    — Bien, lança Nicolas en prenant les livres de Gaëlle sous son bras. Alors venez avec moi et voyons ce que nous pouvons faire.

Chapitre 29
     
    I
    L’oracle d’Amon était un gros rocher situé à environ quatre kilomètres de la ville de Siwa. Malgré l’importance historique de ce site, il n’y avait ni parking, ni stand de restauration, ni frais d’entrée. Lorsqu’ils arrivèrent sur place, Gaëlle, Elena et leurs guides étaient seuls, à l’exception d’un vieillard à la peau flétrie qui, assis contre un mur, tendait une main tremblante pour demander l’aumône. Gaëlle sortit son porte-monnaie.
    — Cela ne fait que les encourager, l’avertit Elena.
    Gaëlle hésita et donna tout de même un billet au mendiant, qui lui sourit avec gratitude.
    Deux jeunes filles aux cheveux noirs tressés jusqu’à la taille s’approchèrent en ouvrant leurs bras chargés de bracelets artisanaux. Zayn les chassa et elles s’enfuirent en gloussant.
    Dans un premier temps, Gaëlle n’avait pas su quoi penser de Mustafa et de Zayn. Mais elle s’était vite prise de sympathie pour eux. Ils connaissaient Siwa mieux que personne. Et il y avait quelque chose de touchant dans leur amitié. Il existait dans l’oasis une vieille tradition d’homosexualité qui avait la vie dure. Ici, les chansons populaires et la poésie célébraient encore ce genre de relations. Gaëlle ne pouvait pas s’empêcher de se poser des questions.
    Mustafa était un homme robuste à la peau rugueuse comme de l’écorce, que le soleil avait contribué à brunir, à en juger par les zones plus pâles qu’il avait autour du cou et sous le bracelet de sa montre. Curieusement, il était dans une condition physique excellente, malgré sa fâcheuse habitude de fumer cigarette sur cigarette. Il montrait un attachement particulier à son vieux camion capricieux. Aucun indicateur ni aucun cadran ne fonctionnait et toutes les finitions superflues, telles que la boule du levier de vitesse, le caoutchouc des pédales et les tapis de sol, avaient disparu depuis longtemps.
    Zayn, quant à lui, était très mince et n’avait pas plus de quarante ans, bien que ses cheveux et sa barbe soient déjà striés de filets argentés. Pendant que Mustafa conduisait, il lubrifiait et astiquait presque obsessionnellement un couteau à fine lame monté sur un manche d’ivoire qu’il tenait dans les plis de sa djellaba. À chaque fois qu’il le rangeait, la lame luisante et immaculée frottait contre l’étui et nécessitait immédiatement un nouveau nettoyage. Il le ressortait alors pour l’examiner et murmurait des obscénités locales.
    Derrière l’entrée surmontée d’un linteau, un escalier en spirale conduisait à la salle principale de l’oracle : une coquille vide semblable à un navire dont le bois aurait pourri dans la boue d’un estuaire puis séché. Gaëlle fut soudain submergée par l’émotion. Il n’y avait pas beaucoup d’endroits dans le monde où l’on était sûr qu’Alexandre s’était rendu en personne, mais celui-ci en était un. L’oracle

Weitere Kostenlose Bücher