Le tombeau d'Alexandre
Il la tint contre lui en se regardant dans la vitre, la reposa et piocha quelques chemises. Puis il prit un pantalon pour en faire les poches. Il trouva un téléphone portable et adressa à Knox un sourire doucereux pour lui laisser entendre qu’un petit cadeau serait le bienvenu. Knox avait la gorge sèche. Si ce crétin tombait sur un des pistolets, Rick et lui devraient s’expliquer.
— Excusez-moi, risqua-t-il, mais ce sont nos affaires personnelles.
Le soldat jeta le pantalon et le téléphone portable dans la bâche en grommelant, puis claqua la portière. Après avoir passé son coup de fil, son camarade revint vers la jeep. Le cœur de Knox se mit à battre la chamade. Mais l’homme rendit les deux passeports à Rick sans broncher et lui fit signe d’avancer.
— Va savoir, dit Rick, Hassan a dû laisser tomber.
— J’en doute, avoua Knox. Je suppose qu’il ne veut simplement pas alerter les autorités.
— C’est déjà ça.
— Oui, mais on a intérêt à se débarrasser de tout ce qu’il y a là-dedans si on ne veut pas s’attirer de nouveaux ennuis, fit remarquer Knox en se retournant vers la banquette arrière.
— Tu as raison.
III
Nicolas arriva au bureau d’Ibrahim avec une affaire délicate à gérer. Son père l’avait chargé d’acquérir certains artefacts de la tombe d’Alexandrie pour sa collection privée : au moins un des coffrets funéraires et quelques armes. C’était tout à fait possible maintenant que Yusuf avait pris le contrôle des opérations. Il leur suffisait de fabriquer des copies convaincantes et de procéder à un échange. Mais Ibrahim étant encore dans l’équation, Nicolas devait s’occuper de lui. En outre, il avait promis à Yusuf de lui trouver un bouc émissaire au cas où les choses tourneraient mal.
— Je ne vous dérange pas ? demanda-t-il.
— Pas du tout, répondit Ibrahim en souriant. J’étais juste en train de rassembler quelques livres sur Siwa pour Gaëlle, bien que je ne comprenne pas pourquoi elle n’emprunte pas directement ceux du docteur Sayed.
— Je voulais vous dire à quel point le groupe Dragoumis est satisfait de sa collaboration avec vous, commença Nicolas.
— C’est réciproque.
Nicolas fit un petit signe de tête et sortit une enveloppe épaisse de la poche intérieure de sa veste.
— Ma famille a pour habitude de récompenser le mérite, dit-il en posant l’enveloppe sur le bureau, à mi-chemin entre eux deux.
Il sourit à Ibrahim pour l’inviter à la prendre. Ibrahim l’entrouvrit et aperçut avec stupéfaction une liasse de billets de cinquante dollars.
— C’est pour moi ? demanda-t-il.
— En gage de notre reconnaissance.
Ibrahim regarda Nicolas avec méfiance.
— Et que voulez-vous en échange de cet argent ?
— Rien, simplement que notre collaboration se poursuive.
Nicolas portait sur la poitrine une caméra miniature, dont l’objectif avait l’apparence d’un bouton de chemise. Si Ibrahim prenait le bakchich, il se servirait de l’enregistrement pour lui faire du chantage, petit à petit, jusqu’à ce qu’il soit entièrement compromis. S’il ne le prenait pas, il pourrait toujours avoir recours à d’autres méthodes.
Ibrahim hésita, puis poussa l’enveloppe de l’autre côté du bureau.
— Si vous souhaitez apporter un financement supplémentaire, déclara-t-il, nous avons un compte bancaire, comme vous le savez certainement.
Nicolas lui adressa un petit sourire crispé et reprit l’argent.
— Comme vous voudrez.
— Y a-t-il autre chose ou puis-je retourner à...
A cet instant, ils entendirent un tumulte infernal. La porte s’ouvrit brusquement. C’était Mohammed.
— Excusez-moi, monsieur ! s’écria Maha, pendue après son bras. Je n’ai pas pu l’arrêter.
— Ce n’est rien, Maha, la rassura Ibrahim.
Il posa sur Mohammed un regard sévère.
— Qu’est-ce qui vous prend ? lui demanda-t-il.
— C’est Leila, répondit Mohammed, le visage baigné de larmes. Ils ont refusé ! Ils ont refusé !
— Pauvre petite, compatit Ibrahim un peu maladroitement. Je suis vraiment désolé.
— Elle n’a pas besoin de sympathie. Elle a besoin d’aide.
— Je suis désolé, je ne vois pas ce que je peux faire d’autre.
— S’il vous plaît, j’ai déjà demandé à tout le monde. Vous êtes son dernier espoir.
Nicolas recula de quelques pas. La maladie l’avait toujours mis mal à l’aise. Les deux livres
Weitere Kostenlose Bücher