Le tombeau d'Alexandre
dérange pas, vieux ? demanda-t-il à Rick.
— Non, prends ton temps. Je vais commander quelque chose à manger.
Knox et Gaëlle longèrent la route côte à côte.
— Alors ? demanda-t-il.
— Je suis allée là-bas aujourd’hui.
— Là-bas ?
— Là où mon père est mort. Mustafa et Zayn m’y ont emmenée.
— Ah.
Elle se tourna pour lui faire face.
— Je veux savoir ce qui s’est passé, Daniel. Dis-moi la vérité.
— Je suis sûr qu’ils t’ont dit la vérité.
— Ils m’ont dit ce qu’ils ont vu, rectifia Gaëlle en se remettant à marcher. Mais ce n’est pas la même chose, n’est-ce pas ?
Il lui jeta un coup d’œil en biais.
— Qu’est-ce que je suis censé comprendre ?
— Tu es resté fidèle à mon père quand tous les autres l’ont abandonné. Tu ne l’aurais pas fait si tu n’avais pas été proche de lui. Alors pourquoi l’aurais-tu laissé tomber ?
— Je ne l’ai pas laissé tomber.
— Si, et tu avais certainement une raison. Et je crois que je la connais. Il était déjà en train de mourir, c’est ça ?
— De quoi est-ce que tu parles ?
— Qu’est-ce qu’il avait ? Le sida ?
— C’était un accident.
— Mustafa et Zayn m’ont dit que tu les as envoyés balader quand ils t’ont proposé de t’aider à transporter le corps. Il était couvert de sang. C’est pour ça que j’ai pensé au sida.
— C’était un accident.
— Et puis, tu l’as fait incinérer si vite.
— Je te dis que c’était un accident.
— C’est ce que tu as été obligé de dire, bien sûr, sans quoi tu aurais été complice de fraude à l’assurance.
Knox ouvrit la bouche pour parler mais ne trouva pas quoi dire. Dans l’obscurité, il était difficile de lire son expression. Elle continua comme si de rien n’était.
— Il t’a fait promettre de m’écrire, de me dire qu’il avait beaucoup pensé à moi. Est-ce que je me trompe ? S’il te plaît, j’ai besoin de savoir.
Knox garda le silence un instant.
— Oui, souffla-t-il.
Elle hocha la tête plusieurs fois. Même si elle savait tout cela au fond d’elle-même, elle dut faire un effort pour l’assimiler.
— Raconte-moi, supplia-t-elle. Raconte-moi tout.
— Il n’y avait pas que le sida. Tout son organisme était atteint. Il avait un cancer. Ses organes ne fonctionnaient plus. Ce n’était qu’une question de temps. De temps et de douleur. Ce n’était pas le genre d’homme à végéter dans un hôpital. Et il ne voulait être une charge pour personne. Tu le sais certainement. Il a voulu mourir à sa façon, dans un endroit qu’il aimait. Et il a voulu faire quelque chose pour toi, pour compenser le fait d’avoir été un mauvais père.
— Un mauvais père ? C’est ce qu’il a dit ?
— Oui.
— Et tu... l’as laissé faire ?
— Il ne m’a pas laissé le choix. Mon seul choix, c’était de le soutenir ou pas. C’était mon ami, alors je l’ai soutenu. Je suis désolé si tu trouves que j’ai eu tort.
— Non, c’est juste que j’aurais aimé être là, moi aussi.
— Tu as eu ta chance.
— Oui. Inutile de me dire que je me suis mal comportée. Je le sais. Et je le regrette.
Ils firent demi-tour et regagnèrent le café. Rick les vit et leur fit signe de la main. Ils le rejoignirent.
— Poulet frites, annonça-t-il. Délicieux ! Alors tu es la fameuse Gaëlle ?
— Gaëlle, oui. Fameuse, je ne sais pas.
— Knox ne parle que de toi !
— La ferme, Rick ! lança Knox.
Le robuste Australien éclata de rire.
— Alors, ça avance ? demanda-t-il à Gaëlle.
— Quoi ?
— La tombe remplie de richesses propre à accueillir le fils d’Amon, et tout ça.
Gaëlle regarda tour à tour Knox et Rick.
— Comment se fait-il que vous soyez au courant ?
Rick fit un signe de tête en direction de Knox. Celui-ci haussa les épaules.
— Tu n’es pas la seule à avoir des choses à te reprocher, répondit-il en souriant.
— Comment cela ?
— Tu te souviens quand tu es descendue au niveau inférieur de la tombe macédonienne, à Alexandrie ?
Il prit une petite voix aiguë pour l’imiter.
— Il y a quelqu’un ! cria-t-il.
Les yeux de Gaëlle s’arrondirent de stupeur.
— C’était toi ! s’exclama-t-elle en riant. Daniel, c’est horrible !
— Je sais, admit-il avec un grand sourire. Alors, tu as avancé ?
— Je ne peux pas en parler. J’ai donné ma parole.
— A qui ? se
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