Le tombeau d'Alexandre
moqua Knox. Elena ? Nicolas Dragoumis ?
— Non, à Yusuf Abbas.
Knox éclata de rire.
— A cet escroc ? C’est un homme corrompu, Gaëlle.
— C’est le secrétaire général du CSA.
— Il a détruit ton père.
— Je ne sais pas, soupira Gaëlle en posant les mains sur la tête. Je ne sais plus à qui me fier.
— Tu peux te fier à moi. C’est ce que ton père a fait. Et si tu veux traiter avec un représentant officiel, va voir le docteur Sayed. Tu peux lui faire confiance les yeux fermés.
— Je n’en suis pas si sûre.
— Pourquoi ?
Elle hésita, puis finit par s’expliquer.
— Il a vu quelque chose sur mes photos. Je pourrais le jurer. Et ensuite, il a retiré certains livres de sa bibliothèque.
— Et tu crois qu’il a voulu t’empêcher de voir quelque chose ?
— C’est possible.
— Crois-moi, Gaëlle, s’il a fait cela, ce n’était pas contre toi. C’était pour empêcher Yusuf de se livrer à un nouveau pillage. Allons le voir.
— Il n’est pas chez lui. Il est à une réunion du CSA, au Caire. Et la porte de sa maison est fermée.
— Alors heureusement qu’on a Rick sous la main ! s’écria Knox en souriant. Il a un certain talent qui va nous être très utile.
Chapitre 33
I
Ibrahim, qui n’avait jamais eu les nerfs solides, s’était complètement dégonflé dès l’instant où Nicolas lui avait posé la lame d’un couteau sur la gorge. Le courage n’était pas son fort. Il s’était laissé convaincre de se faire porter pâle et de signer plusieurs autorisations sur papier à en-tête du CSA pour un chantier de fouilles dans le désert occidental, bien que cette région ne relevât pas du tout de ses compétences. Ensuite, il avait été contraint de rester à proximité de son téléphone au cas où des fonctionnaires soupçonneux l’appelleraient pour vérifier sa signature.
Il n’était pas seul à la villa. Manolis et Sofronio, le pilote et le copilote de Nicolas, étaient restés avec lui. Ils avaient fermé toutes les issues et gardé les clés sur eux. Ils lui avaient également confisqué son téléphone portable. Ils le suivaient partout, dans sa chambre, dans la salle de bains. Sofronio lisait et parlait un peu l’arabe. Aussi écoutait-il ses conversations lorsque le téléphone sonnait, prêt à raccrocher s’il tentait quoi que ce soit.
Le cœur lourd, Ibrahim se dirigea vers la porte-fenêtre. Nicolas et ses hommes s’apprêtaient à piller un site historique d’une valeur inestimable à Siwa. Il avait consacré sa vie au patrimoine de l’Égypte et, maintenant, il aidait des truands à en voler un élément fondamental. Il se retourna brusquement pour aller dans son bureau, immédiatement talonné par Manolis.
— Je vais juste chercher mes travaux, soupira-t-il.
Manolis l’accompagna tout de même. Le directeur prit quelques papiers dans son tiroir et regarda la serrure de la porte en sortant. La clé était à l’intérieur, comme il l’avait soupçonné. Il ressortit avec son garde-chiourme, puis s’arrêta.
— Mon stylo, dit-il.
Manolis le regarda retourner dans son bureau et prendre un gros stylo plume rouge, qu’il lui montra de loin. Ibrahim sentit son cœur battre d’une façon anormale et sa bouche se dessécher. Menant une vie très sédentaire, il était dans une forme physique désastreuse. Il posa la main sur la porte de son bureau, se dit que c’était le moment. Son esprit ordonna à sa main de claquer la porte et de tourner la clé, de gagner un peu de temps, d’essayer de se racheter... mais sa main n’obéit pas. Encore une fois, le courage lui manqua et il sortit de son bureau. Son rythme cardiaque ralentit. Son taux d’adrénaline diminua. Une goutte d’acide urique lui brûla l’extrémité du pénis. Confronté à la vérité, il baissa la tête de honte. Il n’était qu’un lâche, un raté, un moins que rien. La vie d’un homme était un don d’Allah. Et il l’avait gâché.
II
Bir-al-Hammam. Deux sommets reliés par une petite crête rocheuse. Des versants sablonneux semblables à ceux d’une pyramide de chaque côté. Au pied, côté sud, un lac d’eau douce entouré de roseaux et de végétation. La lune gibbeuse se reflétait sur l’eau chahutée par de rares bourrasques, quelques insectes et les poissons qui les chassaient. Des roussettes perçaient des cris stridents en sortant de leurs grottes de calcaire pour se repaître dans les vergers de
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