Le tombeau d'Alexandre
Siwa.
Nicolas fit disposer les véhicules en demi-cercle au pied de la colline pour dissimuler au mieux leurs activités. Cela dit, il était peu probable qu’ils croisent qui que ce soit. Ils se trouvaient à dix kilomètres au nord de Siwa et à cinq kilomètres de la route la plus proche. Trois équipements de sécurité et des sacs en toile achetés par l’intermédiaire de Gabbar Mounim et rapportés du Caire par Vasilieos furent déchargés du camion et distribués à l’équipe. Il y avait aussi des pelles, des pioches et des torches. Leonidas mit l’un des AK-47 sur son épaule et monta sur le toit du camion pour faire le guet. La lumière de la lune était suffisamment vive pour que Mohammed puisse travailler. Celui-ci creusa dans le désert à l’aide de sa pelleteuse en déposant d’énormes quantités de sable derrière lui, si bien que le véhicule finit par pencher en avant. Il dut faire demi-tour pour se creuser une tranchée. La colline était un iceberg dont la majeure partie se trouvait sous le sable. Au bout de trois heures, la pelleteuse avait entièrement disparu dans le trou. Mais Mohammed n’avait toujours rien trouvé. Au début, Nicolas et ses hommes l’avaient regardé faire avec intérêt, puis ils s’étaient détournés de lui au fur et à mesure que le sable avait perdu de sa chaleur. De temps à autre, il s’arrêtait pour qu’ils aillent explorer le fond. Il regarda autour de lui. Les dunes étaient si fraîches et si blanches qu’on aurait dit des congères. Leonidas descendit du toit du camion en se plaignant d’avoir froid. Personne n’alla le remplacer. Les mains autour de leur cigarette, tous les hommes avaient les épaules rentrées.
Mohammed remplit à nouveau la benne de la pelleteuse et la vida derrière lui. Le sable tombait en cascade le long de la pente avec un bruit de pluie. Le trou était désormais si profond que Mohammed avait l’impression de creuser sa propre tombe. Les effets de la fatigue commençaient à se faire sentir. Nicolas leva la main pour demander à l’entrepreneur d’arrêter le moteur une nouvelle fois. Puis il descendit inspecter la paroi rocheuse avec son père. Fou de colère, il secoua la tête et donna un coup de pied dans la roche. Mohammed essaya de ne pas montrer son soulagement. Pour lui, c’était la meilleure solution. Il avait obéi aux ordres mais n’avait rien trouvé. Voyant Nicolas sortir du trou à quatre pattes et s’approcher de lui, il baissa sa vitre.
— Ça suffit, lança Nicolas. Il n’y a rien ici. On s’en va.
Mohammed fit un signe de tête en direction de la grande tranchée qu’il avait faite.
— On remblaie ? demanda-t-il.
— Inutile, le premier coup de vent s’en chargera.
— Comme vous voudrez.
Mohammed se retourna pour sortir en marche arrière. Il était si fatigué qu’il oublia de changer de vitesse et fit un bond en avant. La benne heurta la paroi rocheuse. Une plaque de sable solidifié se craquela et tomba. Il se gourmanda, passa la marche arrière et remonta la pente en direction du camion à plateau. Tout à coup, un concert de cris de joie retentit. Les Grecs se pressèrent autour de la paroi avec leur torche. Mohammed se leva dans sa cabine et discerna une petite plaque de marbre rose de la taille d’une main. Tout le désespoir du monde s’abattit sur lui. Il ne savait pas ce que ces hommes cherchaient, mais il venait de le trouver.
III
Chez le docteur Sayed, il faisait sombre et il n’y avait pas un bruit. Les volets étaient fermés ; la porte était verrouillée. Rick sortit son fil de fer et ils ne tardèrent pas à pouvoir entrer.
— Je n’aime pas ça, dit Gaëlle nerveusement.
— Fais-moi confiance, la rassura Knox. Ali est un ami. Il comprendra. Essayons de mettre la main sur ces livres.
Ce fut Rick qui les trouva, sous le matelas du docteur Sayed. Il y en avait cinq en tout. Ils en prirent un chacun et en tournèrent avidement les pages. Gaëlle repéra presque immédiatement le dessin de Bir-al-Hamman.
— Regardez ! s’exclama-t-elle en posant le livre sur le lit. Le profil des collines. C’est celui que l’on voit sur la mosaïque.
— Et sur la peinture d’Oupouaout, ajouta Rick.
Elle le regarda, stupéfaite.
— Vous êtes aussi allés là-bas ?
— Nous sommes allés partout, chérie, lui répondit Rick avec un clin d’œil.
— Le détenteur du secret, murmura Knox. Désormais, nous savons de quel secret il
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