Le tombeau d'Alexandre
ne restait sur le sol que ses liens, dont il s’était débarrassé. Nicolas dut fermer les yeux un instant pour que son accès de colère passe. Parfois, il lui semblait presque que Dieu n’était pas de leur côté. Il sauta dans le 4 x 4 avec Vasilieos et Bastiaan et ils remontèrent. Le sable était recouvert d’un fouillis d’empreintes impossibles à suivre. Knox pouvait être n’importe où. Il s’était peut-être caché sous le sable, à moins qu’il n’ait gravi la colline et se trouve déjà de l’autre côté. Le soleil était de plus en plus haut et la lumière du jour, de plus en plus menaçante. En plein jour, on voyait à des kilomètres à la ronde dans le désert. Leurs véhicules seraient rapidement repérés. Les touristes et les amateurs d’ornithologie allaient bientôt quitter leur hôtel. Le réveil avait sans doute déjà été sonné dans les casernes. Il fallait qu’ils partent, maintenant.
Nicolas obligea Gaëlle à se redresser sur la banquette arrière et lui pointa le Walther contre la tempe.
— Écoutez-moi bien ! cria-t-il. Au moindre pépin, la gosse est morte. Compris ? Tentez quoi que ce soit, et la fille de votre vieil ami peut dire adieu à la vie.
Sa voix résonna dans la colline, puis le silence revint.
Chapitre 38
I
Derrière la crête de la colline, Knox regarda le camion de transport et l’un des 4 x 4 s’éloigner vers le nord. Quelques hommes des Dragoumis étaient encore sur place. Ils entassèrent Rick, Elena et Costis dans le camion à plateau et précipitèrent celui-ci dans le lac. Au départ, le véhicule flotta en provoquant de grands remous, puis l’avant pointa vers le bas et il coula. Désespéré et écœuré, Knox regarda Rick s’enfoncer dans les profondeurs. Son ami n’aurait jamais été là s’il ne l’avait pas suivi. Et Gaëlle non plus. Mais le temps n’était ni aux regrets ni au deuil. Pour le moment, Knox avait une tâche importante à accomplir.
Le conducteur regagna la rive à la nage et monta dans la pelleteuse. Il démarra et recommença l’opération. La cabine disparaissait sous l’eau lorsque des bulles éclatèrent à la surface du lac. Mohammed crachota, toussa, s’étouffa mais ne revint à la vie qu’un instant, rapidement tiré vers le fond par la pelleteuse à laquelle il était encore attaché. Knox sentit son cœur se serrer. Cet homme, qui ne le connaissait absolument pas, avait sacrifié sa vie pour lui donner une chance.
Le Grec fit une plaisanterie en arrivant sur la rive et ses camarades éclatèrent de rire. Enfin, ils montèrent tous à bord du second 4 x 4 pour rejoindre le convoi.
Knox attendit qu’ils soient hors de vue, puis dévala la colline et courut sur les dunes de sable jusqu’au lac tout en se déshabillant.
II
En s’étouffant, Mohammed avait repris conscience mais, semblait-il, uniquement pour pouvoir faire l’expérience de la terreur. La pelleteuse l’entraînait inexorablement par le fond. Il inspira une dernière fois avant qu’elle ne soit immergée sous l’eau boueuse. Le moteur cala. La porte était grande ouverte et le véhicule penchait dangereusement, comme s’il allait se retourner au fond du lac. Mohammed s’efforça de se maintenir à l’intérieur de la cabine. Un peu d’air était resté emprisonné sous le toit. Il inspira, chercha le plafonnier et alluma la lumière, qui projeta des ronds jaunes sur l’eau. Sa réserve d’air était minuscule. Il s’immergea et essaya de libérer sa main des menottes, mais son pouce ne passait pas. Il tenta encore une fois d’arracher le volant. C’était inutile. Ses efforts ne faisaient que consommer un peu plus vite la faible quantité d’oxygène qu’il lui restait. La clé était sur le contact. Il la tourna, mais le moteur ne répondit pas. Il remonta prendre sa respiration. La pelleteuse vacillait et s’inclinait de plus en plus. De précieuses bulles d’air s’échappaient. Il se souvint de l’histoire d’un montagnard qui s’était scié le bras avec un canif pour se libérer, alors qu’il était coincé sous une chute de pierres. Oui, il pouvait faire ça pour Leila. Il inspira une bouffée d’air et se baissa pour chercher sur le plancher des morceaux de verre brisé par les coups de feu. Il ne trouva que de petits galets de verre de sécurité. Il remonta à la surface de l’eau.
Des remous ! Quelqu’un lui tira sur la manche. Il faillit mourir de peur en voyant une tête
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