Le tombeau d'Alexandre
La seconde non plus ! Il n’arrivait pas à y croire. Pris de panique, il essaya encore une fois. Toujours rien. Il eut envie de crier. Il avait besoin d’air. L’autre menotte était attachée au volant. Il tenta de l’ouvrir avec la première clé. Puis avec la seconde. Cette fois, c’était la bonne. Il retira la menotte du volant, prit Mohammed par le col et le tira hors de la cabine jusqu’à la surface. Enfin, il nagea d’un bras en traînant le corps de l’autre, jusqu’à ce qu’il ait pied, et le hissa sur la rive.
Il posa une main sur le cœur de Mohammed et l’autre sur sa gorge. Le cœur s’était arrêté. Bien sûr qu’il s’était arrêté ! Le pauvre homme ne respirait que de l’eau depuis trois minutes. Knox se remémora quelques bribes des cours sur la noyade qu’il avait pris lors de sa formation de moniteur de plongée. Quand l’eau entre dans les voies respiratoires, l’individu subit automatiquement un laryngospasme, une contracture de la gorge destinée à détourner l’eau absorbée vers l’estomac. Mais après l’arrêt cardiaque, les voies respiratoires se détendent à nouveau et laissent l’eau entrer dans les poumons. Kurt, un immense Autrichien portant une longue barbe sur la poitrine, avait appris la réanimation cardiopulmonaire à Knox. Mais il lui avait avoué en aparté que, s’il s’était un jour trouvé dans le rôle de la victime, il aurait préféré qu’on pratique d’abord la manœuvre de Heimlich car, malgré les divergences de points de vue, une chose était sûre, une fois les voies respiratoires bloquées, le cerveau était foutu. Knox passa les bras autour de Mohammed, lui mit un poing sous la cage thoracique, posa l’autre main sur son poing et enfonça celui-ci d’un mouvement brusque. De l’eau sale et écumeuse sortit par la bouche et le nez de Mohammed. Il pompa jusqu’à expulser tout le liquide, puis lui inclina la tête en arrière pour lui ouvrir les voies respiratoires, lui pinça le nez et lui fit du bouche-à-bouche. Il tâta son pouls. Rien. Il continua à pomper et à ventiler. Soudain, Mohammed fut pris de convulsions, s’étouffa, suffoqua, expulsa encore un peu d’eau par la bouche et recommença à respirer. Knox s’effondra sur le sable boueux à côté de lui, nu, harassé et tremblant.
Puis, en dépit de l’épuisement, il se rappela avec horreur que Nicolas avait Gaëlle et pria avec ferveur pour qu’elle soit encore en vie.
Il se releva péniblement et rassembla ses vêtements. Il avait les jambes en coton. Malgré tout, il s’efforça de courir dans les dunes pour voir s’il pouvait récupérer sa jeep.
Chapitre 39
I
Nicolas fit arrêter le convoi au bord de la route. Il fallait qu’il trouve une station-service pour se ravitailler en carburant et passer quelques coups de fil – mais pas avec Gaëlle allongée sur la banquette arrière. Les hommes ouvrirent le camion. Le soleil était encore bas et n’avait pas réchauffé le sable. Ils traînèrent Gaëlle à l’arrière, la bâillonnèrent et l’attachèrent à une rampe en acier, derrière la cabine. Nicolas ordonna à Eneas, un grand gaillard de l’équipe, de rester avec elle pour s’assurer qu’elle ne tente rien. Puis il remonta dans le 4 x 4 et le convoi repartit. Ils roulèrent sans problème, sans croiser aucun uniforme. Après quelques kilomètres, ils tombèrent sur une station-service. Vasilieos se chargea de faire le plein pendant que Nicolas se dirigeait vers le téléphone. Ibrahim, Sofronio et Manolis ne répondaient toujours pas. Qu’est-ce qu’il avait bien pu se passer ? Nicolas téléphona à son bureau, à Thessalonique, et demanda à Katerina de se renseigner. Puis il retourna à son véhicule, encore plus inquiet qu’auparavant.
II
La jeep de Knox était sur le toit, en pente, en haut d’une dune. Il la fit basculer d’avant en arrière mais ne parvint pas à la remettre sur ses roues. Alors il creusa un trou sous le toit à mains nues pour accroître l’angle de la pente et essaya à nouveau. Finalement, la jeep s’effondra sur le côté et faillit se redresser sur ses roues. Elle oscilla un peu et, juste avant qu’elle ne retombe sur le côté, Knox projeta tout son poids contre elle. Ses pieds glissèrent dans le sable mou, mais il s’obstina jusqu’à ce qu’elle se renverse avec fracas dans un nuage de sable et de poussière.
La clé était encore sur le contact. Il la tourna avec
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