Le Tombeau De Jésus

exactement ce qu’avaient souhaité les bâtisseurs du tombeau. Dans ce cas, personne ne pourrait jamais affirmer si ce cercle représentait ou non une couronne, laquelle, dans l’ancienne tradition juive et romaine, symbolisait une lignée de sang royal, comme la couronne de lauriers des empereurs romains depuis l’époque de Jules César. Les Évangiles y font allusion dans la scène de la couronne d’épines posée par les soldats romains sur la tête de Jésus, en signe de dérision.
    La comparaison avec d’autres tombeaux du I er siècle suggérait en effet que le cercle – ou la couronne – n’était pas simplement inachevé. La destruction de Jérusalem en 70 avait interrompu la construction de tous les tombeaux, laissés en l’état à divers stades d’avancement des travaux. Ce symbole était différent. Plus tard, Shimon noterait qu’une telle façade ornementée sur un tombeau dépourvu d’autres décorations était tout à fait inhabituelle.
    Quand il atteignit la cour, une grande excitation régnait autour du contenu des deux sacs noirs de Rivka Maoz. Yoseph Gat lui faisait de grands signes avec une expression de triomphe comme pour signifier qu’ils avaient découvert quelque chose d’intéressant.
    — Vous êtes certaine que ces os ont été découverts ici, dans l’antichambre ? demanda Gat à Rivka, en pointant du doigt un crâne et des os.
    — Oui, répondit Rivka, les enfants les ont trouvés là, sous ce cercle sculpté.
    Cela semblait expliquer la présence de minuscules fragments d’os mélangés aux gravats dans l’antichambre. Mais cette explication n’était pas suffisante aux yeux de Yoseph Gat et de Shimon Gibson. Jusqu’ici, on n’avait pas retrouvé de corps à l’extérieur d’une antichambre. Cela ne collait pas… à moins que Rivka Maoz ne se trompe et que les enfants aient trouvé les os dans un autre tombeau, puis les aient jetés ici.
    Tout le monde était euphorique et Yoseph Gat lui-même semblait pour une fois sortir de sa réserve. Shimon était un enthousiaste invétéré, à l’opposé de Gat. Il était fasciné par la nature impassible de son professeur, véritable Mr Spock de l’archéologie, doté des mêmes oreilles pointues. La seule différence, c’est que Gat portait toujours de grosses lunettes à monture d’écaille. Un jour, Shimon lui avait posé cette question :
    — Qu’éprouveriez-vous si un jour nous trouvions, je ne sais pas, quelque chose d’extraordinaire, comme l’Arche d’Alliance ou le Saint-Graal ?
    Et Gat de répondre :
    — Eh bien, il s’agit d’archéologie. C’est parfois intéressant, mais c’est un boulot comme un autre, de 9 heures à 17 heures.
    Pour Shimon Gibson, l’archéologie n’était pas un « boulot comme un autre ».
    Avant de redescendre le tunnel en rampant sur le dos, Shimon avait examiné les tas de gravats sur le sol de l’antichambre. En balayant, Braun et Gat avaient rencontré des traces du sol originel, tel qu’il était avant l’arrivée du bulldozer. Ici, la terra rossa ne s’était accumulée que sur cinq centimètres environ, avant de s’écouler dans le tombeau. Il y avait des traces d’ossements humains, mais pas un seul fragment des coupes et des vases que les familles laissaient habituellement dans les antichambres. Ceux qui avaient empilé les restes humains à l’extérieur du tombeau semblaient avoir emporté les récipients. Mais pour quelle raison ? En guise de souvenir ? Ou parce qu’on avait eu besoin de ces accessoires pour un usage important ?
    Yoseph Gat se demanda alors pour la première fois si les ossements de l’antichambre avaient vraiment appartenu àdes natifs de Jérusalem du I er siècle. Le judaïsme est une religion aux traditions très anciennes. Les coupes et les vases utilisés pour un hommage au défunt ne pouvaient servir à un autre usage par la suite, car ils avaient côtoyé de près les restes d’ancêtres.
    Gat indiqua à Shimon l’emplacement précis des trois crânes qu’il avait découverts dans les tranchées afin qu’il les reporte sur son plan. La séquence archéologique était ininterrompue, ce qui signifiait qu’il était impossible que les os aient été transportés récemment depuis un autre tombeau.
    Après que la première couche de terre se fut sédimentée dans le tombeau, de nombreux mois ou même des années s’étaient écoulés jusqu’à la formation de la couche suivante. Dans l’intervalle, la