Le Tombeau De Jésus
essayer d’en extraire l’ADN, puis de le comparer à celui déjà analysé. Ainsi, nous saurions s’il provient de la même sépulture. Golan a confiance en vous. Peut-être vous confiera-t-il ces fragments.
— D’accord, James, je vais essayer. Mais je crois que vous faites fausse route. Je pense qu’il provient d’un autre tombeau, qui abritait un ossuaire gravé au nom de Marie. Le tombeau de Talpiot.
Il y eut un moment de silence.
— Vous voulez dire celui avec le Jésus et les deux Marie ?
J’acquiesçai.
— Mais la seconde Marie n’est pas Marie Madeleine, objecta Tabor.
— Prenons rendez-vous, lui dis-je. Vous me signerez une clause de confidentialité et je vous révélerai ensuite un secret.
**
À l’automne 2002, je me trouvais à Tel-Aviv pour filmer ce qui promettait d’être l’un des grands scoops de l’année. À l’automne 2003, le vent médiatique avait tourné. Aux yeux de l’opinion publique, le grand collectionneur Oded Golan s’était métamorphosé en maître faussaire quand les spécialistes de l’AAI avaient annoncé que l’ossuaire de Jacques n’était rien d’autre qu’une contrefaçon.
Pour ma part, je défendais mon documentaire Jacques, frère de Jésus envers et contre tous. Il avait été diffusé à Pâques en 2003 par Discovery Channel dans le monde entier. Hershel Shanks s’en est tenu fermement à sa version des faits. Mais nous étions pratiquement seuls. Golan fut arrêté sans ménagement par la police de Tel-Aviv et placé en garde à vue pour être interrogé. Il fut finalement inculpé pour pratiques frauduleuses et contrefaçon. Comment et pourquoi ?
Le « comment » est facile à expliquer. L’ossuaire a été soumis à deux tests au microscope électronique (l’un en Israël, l’autre au Canada). Il a également été examiné par Frank Moore Cross, célèbre épigraphiste de l’université de Harvard. Le musée royal de l’Ontario (ROM) a même examiné l’inscription sous lumière ultraviolette à ondes longues, afin de déterminer s’il se trouvait des éléments étrangers dans les fissures de l’inscription. Il n’y avait rien. Bref, cet ossuaire est l’un des objets archéologiques les plus testés de l’histoire, et il a passé avec succès tous les examens possibles et imaginables.
Mais quand l’exposition au ROM se fut achevée, l’AAI refusa de laisser l’ossuaire de Jacques poursuivre sa route jusqu’à Nashville, où diverses communautés chrétiennes avaient prévu de le présenter. L’AAI insista auprès de Golan pour qu’il rapporte l’ossuaire en Israël. Celui-ci s’exécuta et, dès son arrivée, l’objet lui fut confisqué par l’AAI et soumis à un énième test – cette fois, une analyse isotopique de l’oxygène, qui évalue la température à laquelle l’eau a été absorbée dans les minéraux de surface. L’idée était que toute incompatibilité entre la température d’un tombeau et la présence d’un ossuaire implique la contrefaçon de l’inscription. Cette théorie, bien sûr, n’est valable que dans le cas d’un tombeau scellé. On n’a jamais pris en compte l’éventualité de l’infiltration dans un tombeau recouvert d’un mètre d’épaisseur de terra rossa gorgée d’eau.
Les agents de l’AAI estimaient que la première partie de l’inscription – « Jacques, fils de Joseph » – était authentique, mais que Golan avait rajouté les mots « frère de Jésus » pour transformer un ossuaire à cinq cents dollars en un objet religieux d’une valeur inestimable. Le problème, c’est que la seule partie de l’inscription qui avait subi le test avec succès était la dernière lettre (le caractère hébraïque ayin) du mot Yeshua. Si l’on se fiait à ce test, c’était donc la seconde partie de l’inscription qu’il fallait considérer comme authentique, tandis que la première – « Jacques - fils de Joseph » – était un faux. C’était absurde, mais personne ne sembla s’en inquiéter. Pour le monde entier, les analyses avaient révélé que la patine de l’inscription était incompatible avec la température régnant dans une grotte funéraire. Dans l’esprit du public, non seulement l’inscription était une contrefaçon, mais l’ossuaire lui-même devint suspect.
En pleine tempête médiatique, je me rendis à l’Israël Geological Survey, qui avait conduit le test isotopique, pour rencontrer le Dr Amos Bien, son directeur, un
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