Le Tombeau De Jésus
squelette humain. Aujourd’hui encore, les archéologues qui ouvrent un ossuaire découvrent généralement un crâne, placé en dernier, et, dessous, des fémurs croisés. Les os plus petits, habituellement réduits en poussière, se trouvent sous les fémurs. Pour que les Templiers aient pu disposer les os de cette manière, il a bien fallu que les corps aient été exhumés après un enterrement primaire – à l’instar de la coutume jérusalemiste du I er siècle. Il est évident que cette pratique a exposé les Templiers à de graves ennuis.
En outre, si le symbole sur la façade fait référence à la promesse de Jésus – en tant que Messie juif – de construire un Troisième Temple « à la fin des temps », le lien entre le nom de « Templier » et le tombeau de Talpiot apparaît clairement. On a longtemps considéré que le nom de l’ordre dérivait d’une découverte archéologique faite par les chevaliers sur le mont du Temple à Jérusalem. Mais ne peut-on envisager qu’il provienne de leur conversion à une hérésie judéo-chrétienne centrée sur le tombeau de Talpiot et liée à l’espoir que Jésus reconstruirait le Temple sacré de Dieu ?
— Chapitre 11 –
LA REDÉCOUVERTE
Simcha Jacobovici
Mahane Yehuda, à Jérusalem, est un microcosme d’Israël, un marché où se mêlent Juifs et Arabes, rabbins et prêtres, religieux et laïcs. L’air était rempli de l’odeur agréable des shawarmas et des falafels tout juste frits. Légumes, fruits, huiles et poulets qui piaillent dans leurs cages, on peut tout trouver à Mahane Yehuda. Ma boutique préférée est celle d’un Juif yéménite, un guérisseur qui examine ses patients sous une tente en macramé, tout en leur soufflant de la fumée dans le nez. Selon son diagnostic, il leur prescrit l’un de ses merveilleux jus de fruit biologiques dont il a le secret. Jus de goyave, jus de grenade, jus de citron et toutes sortes de boissons exotiques permettent aux clients de se débarrasser d’une indigestion, de diminuer leur taux de cholestérol ou d’améliorer leurs performances sexuelles.
C’est au milieu de cette marée humaine que j’ai rencontré Yossi Mizrahi, le fils aîné de Moshe, le propriétaire de l’appartement construit au-dessus du tombeau de Talpiot. Moshe était inquiet à l’idée d’affronter une équipe de télévision étrangère. Il n’arrivait pas à comprendre notre intérêt pour le tombeau, mais comme il croyait que celui-ci lui portait chance, il accepta de nous rencontrer. En 1980, il avait pu acheter cet appartement pour une bouchée de pain car personne ne voulait vivre au-dessus d’une sépulture. « Moi, ça m’est égal », me dit-il. « Nous avons toujours reçu de bonnes énergies de ce tombeau », ajouta sa femme d’une voix fluette. Mais Moshe n’avait aucune envie d’être mêlé à des histoires concernant Jésus, ni de s’exprimer devant une caméra. Issu d’une famille de juifs orthodoxes iraniens, il imaginait, horrifié, une cohorte de chrétiens évangéliques américains faire la queue pour s’agenouiller en extase dans son patio. « Voyez donc avec Yossi », dit-il pour clore le débat.
Yossi s’occupe de la petite affaire familiale de fruits et légumes au marché de Mahane Yehuda. Élevé dans une famille juive orthodoxe, il est devenu encore plus religieux après son service militaire dans une unité de commandos. S’il n’a pas fait d’études universitaires, il n’en est pas moins très instruit. Il est curieux de tout, en particulier de tout ce qui concerne la religion et l’histoire.
— Qu’est-ce qu’il y a sous le patio ? me demanda-t-il lorsque nous nous sommes rencontrés.
— Je n’en suis pas sûr à cent pour cent, répondis-je, mais je crois que c’est en relation avec Jésus.
La conversation aurait pu s’arrêter là, mais Yossi était intrigué par ma personne : né israélien mais élevé au Canada, parlant l’hébreu, mais hésitant sur les mots du quotidien, juif orthodoxe ayant grandi dans un foyer séculier et connaissant mieux le marxisme que le Talmud.
— Pourquoi t’intéresses-tu à Jésus ? me demanda-t-il.
— Et toi, cela ne t’intéresse pas ?
Il me regarda comme pour me jauger, puis se mit à rire :
— Tu crois que Jésus est enterré sous le patio de l’appartement de mes parents ? questionna-t-il d’un air incrédule.
— C’est possible, dis-je, mais tous les ossuaires ont été
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