Le Tombeau De Jésus
après les autres, le soir, et nous mettions à l’œuvre le matin bien avant eux. Il y avait en permanence un millier de choses à faire : vérifier les plans architecturaux pour bien nous assurer que le percement d’une brèche dans le tombeau ne risquait pas d’entraîner l’effondrement du bâtiment ; rencontrer le syndicat des copropriétaires pour obtenir sa coopération ; obtenir de l’Autorité des antiquités israéliennes l’autorisation d’examiner les ossuaires de Talpiot… c’était sans fin. Il y avait toujours un problème à régler. Le père de Yossi tomba malade, les copropriétaires en eurent bientôt assez de la gêne occasionnée, l’AAI devint méfiante, et ainsi de suite.
Notre projet aurait pu capoter pour plusieurs raisons.
En premier lieu, le syndicat des copropriétaires croyait que le patio des Mizrahi appartenait à la copropriété, de sorte que les dédommagements versés aux Mizrahi devaient être partagés équitablement entre tous. Mais les Mizrahi estimaient que cette affaire ne concernait qu’eux. Finalement, nous avons réussi à contenter les uns et les autres. Quant aux puits nefesh , qui relient normalement un tombeau à la surface, rien ne m’assurait qu’ils me conduiraient jusqu’au tombeau. Il arrive souvent que les entrepreneurs installent des puits qui ne mènent nulle part. Ainsi, tout le monde est satisfait : les rabbins, parce qu’ils croient que la tradition a été respectée, et les entrepreneurs qui peuvent reprendre tranquillement leurs travaux. Je n’étais donc pas assuré de pouvoir accéder au tombeau. Plus tard, un archéologue émit l’hypothèse que l’entreprise de bâtiment l’avait comblé avec du ciment pour éliminer le danger potentiel que représentait cette cavité. Si c’était le cas, nous pouvions dire adieu à notre projet.
En compulsant plusieurs rapports de l’AAI, nous apprîmes qu’à l’époque où le tombeau fut découvert, un autre avait été mis au jour par un bulldozer à vingt mètres au nord du premier. Le « second tombeau », ainsi que nous l’avons appelé, n’a jamais été excavé. Comme pour le premier, l’AAI fut prévenue et envoya Amos Kloner sur le site. Celui-ci commit une grossière erreur. Selon des employés de l’entreprise de bâtiment, il pénétra dans le tombeau, s’empara de l’ossuaire d’un bébé et versa son contenu sans autre forme de cérémonie pour alléger son fardeau. Malheureusement pour lui, des centaines d’étudiants d’une yeshiva (école rabbinique) voisine le surprirent durant cet acte impie et se ruèrent sur lui.
Affolé, le Dr Kloner se mit à courir tandis que les étudiants formaient un cercle protecteur autour du tombeau, afin que personne ne vienne perturber les défunts. L’affaire fut finalement résolue quand l’AAI, l’entreprise de bâtiment et les étudiants parvinrent à un compromis. Le tombeau resterait intact, serait à nouveau scellé et les travaux seraient poursuivis tout autour. Ce qui me chiffonnait, c’est que je n’arrivais pas à localiser ce second tombeau, qui aurait dû normalement se trouver à vingt mètres du patio. Nous avons fouillé toute la zone, sonné aux portes et exploré des buissons épineux, mais nous n’avons trouvé ni puits funéraires, ni la moindre trace d’une sépulture.
C’est ainsi que, le 25 juin 2005, l’esprit plein de tous ces problèmes non résolus, nous nous sommes retrouvés dans le patio des Mizrahi, pendant que Bill introduisait ses caméras dans les puits de quinze centimètres de large. Le premier ne menait nulle part. Il y avait à cela deux explications possibles : soit, comme nous le redoutions, il s’agissait d’un faux puits – installé par l’entreprise de bâtiment pour berner les rabbins –, soit ce tuyau conduisait à un « espace de purification » conçu pour créer une séparation rituelle entre le bâtiment et le tombeau. Nous avons alors essayé le deuxième puits, qui se révéla authentique. Nous avons heurté un obstacle à 4,20 mètres de profondeur. Cela pouvait signifier que la cavité avait été entièrement comblée avec de la terre et du ciment, ou alors que des débris s’étaient introduits dans le puits et l’avaient obstrué.
Nous avons tout essayé. Nous avons même tenté d’utiliser notre caméra, d’une valeur de cent mille dollars, en guise de bélier pour désintégrer ce bouchon. Rien n’y fit. Heureusement, Bill eut un trait de
Weitere Kostenlose Bücher