Le Tombeau De Jésus
transférés en 1980.
— Alors, pourquoi ce branle-bas ?
— Je pense que le tombeau recèle encore quelques secrets. Il n’a jamais été fouillé dans les règles. En outre, s’il s’agit vraiment du tombeau de Jésus, sa valeur historique est inestimable.
— Comment les chrétiens vont-ils prendre la chose ?
— Je ne sais pas. J’ai discuté avec des prêtres et des pasteurs. Je leur ai demandé comment ils réagiraient si l’on découvrait les restes de Jésus. L’un d’eux m’a dit que cela ébranlerait sa foi. Les autres m’ont dit que cela leur serait égal. Si l’on croit à une ascension physique, l’idée est dérangeante ; elle ne l’est pas dans le cas d’une ascension spirituelle.
— Et les Juifs ?
— Les Juifs ne croient ni à la divinité ni à la messianité de Jésus, mais seulement à son existence historique. Le Talmud la confirme, ainsi que Flavius Josèphe dans un passage consacré au frère de Jésus. Donc, si Jésus a vécu, la découverte de sa sépulture n’a rien de contradictoire avec les croyances juives. En outre, il serait assez logique que la famille de Jésus ait choisi la zone où se trouve aujourd’hui le quartier de Talpiot pour aménager une grotte funéraire. Talpiot se trouve à peu près à mi-chemin entre Bethléem, le lieu de résidence traditionnel de la famille de Jésus, et Jérusalem, le siège du pouvoir pour une famille revendiquant une ascendance davidique.
— Mais ne crois-tu pas que la communauté juive sera quand même exaspérée par cette découverte ? insista Yossi.
— Quand les Gentils en vinrent à considérer Jésus comme un dieu, les Juifs eurent tendance à vouloir l’effacer de leur histoire. Sans doute cela était-il nécessaire à une époque, mais plus aujourd’hui. Il n’y a aucune raison d’éclipser ainsi une partie de notre histoire. Rabbi Akiva croyait que Bar-Kokhba, le chef de la grande révolte juive du II e siècle, était le Messie. Il se trompait. Mais a-t-on pour autant effacé rabbi Akiva, l’un de nos plus grands maîtres, de notre mémoire ?
— Que Dieu nous en garde !
— A-t-on pour autant effacé Bar-Kokhba de notre mémoire collective ? continuai-je.
— Mais nous l’aurions fait, si je te comprends bien, si on avait commencé à lui rendre un culte, répondit Yossi.
— Exactement. Si ce tombeau de famille se révèle être celui de Jésus, les juifs et les chrétiens pourront redécouvrir le Jésus historique, chacun avec sa propre perspective. Mais pour répondre à ta question, je ne crois pas que cette découverte archéologique puisse exaspérer les Juifs. De toute façon, le tombeau existe, nous ne l’avons pas inventé. On ne peut entreprendre des fouilles archéologiques ou en faire le compte rendu en s’inquiétant de ce qu’en penseront les uns ou les autres. Il faut simplement présenter les faits tels qu’ils sont, et tous ceux qui ont la passion de la vérité les accepteront, quelles que soient leurs croyances.
Après un long silence, Yossi s’enquit :
— Et comment comptes-tu pénétrer dans le tombeau ?
— En introduisant des caméras-robots dans les puits funéraires, ce qui nous confirmera qu’il s’agit bien du bon endroit. Ensuite, nous percerons un trou dans le mur de la chambre à coucher de tes parents et pénétrerons dans le tombeau.
Après que Yossi m’eut donné son accord de principe, je lui précisai quelques détails importants : tout d’abord, quel que soit le tapage médiatique qui pourrait résulter de nos recherches, je voulais m’assurer un accès exclusif au tombeau pour les prises de vue. Deuxièmement, je lui demandai de reloger provisoirement sa famille dans un hôtel pendant que nous examinerions le tombeau. Nous nous sommes mis d’accord sur le montant du dédommagement.
À son tour, Yossi me présenta ses propres conditions :
— Premièrement, notre famille ne doit pas être mentionnée dans le film. Deuxièmement, tu me tiendras au courant de ce que vous découvrirez sous notre maison et, troisièmement, il faut me fournir l’accord des autorités rabbiniques pour ce projet.
Cette dernière condition me fit frémir. En Israël, religion et politique sont indissociables. Les autorités rabbiniques et la communauté archéologique entretiennent des relations exécrables. Les archéologues sont souvent la cible de jets de pierre sur les sites funéraires, parce que les religieux les considèrent comme des
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