Le Tombeau De Jésus
continuez à trafiquer nos câbles, vous devrez ajouter l’accusation de « voies de fait » à votre plainte, dis-je.
Le sang me montait à la tête et je lui arrachai les câbles des mains.
Ce fut alors une scène typiquement moyen-orientale entre les habitants et l’équipe. Les habitants firent marche arrière en disant qu’ils attendraient la police.
— Qui vous a donné l’autorisation ? me demanda l’un d’eux.
— Shoshana, répondis-je en désignant du doigt la dame aveugle.
— Elle n’est pas habilitée à le faire, me répondit-on.
— Ce n’est pas mon problème, dis-je alors que la police arrivait sur les lieux.
Au même moment, des occupants du bâtiment de Shoshana vinrent nous soutenir. La scène semblait beaucoup amuser les flics, qui appelèrent en renfort la police montée. Ils pensaient se rendre sur les lieux d’une banale dispute entre copropriétaires et voilà qu’ils découvraient un ancien tombeau, une équipe de télévision et plusieurs dizaines de résidents prêts à en découdre pour revendiquer la propriété de ce petit bout de jardin.
— Commençons par le commencement, temporisa l’officier responsable de la patrouille. Qui a appelé la police ?
— Moi, fit l’arracheur de câbles avant d’expliquer que j’étais la source de tous les problèmes parce que j’avais violé et endommagé sa propriété privée.
— Qui êtes-vous ? demanda le flic en se tournant vers moi.
— Je représente plusieurs chaînes de télévision étrangères et je suis assisté par ce scientifique, dis-je en impliquant bien malgré lui le pauvre Dr Basson.
Il y eut alors une heure de palabres et de cris de tous côtés. Finalement, le policier estima que l’arracheur de câbles était en droit de porter plainte, mais qu’il devrait s’attendre à une longue procédure. La détermination de l’intéressé faiblit provisoirement, et je sautai sur l’occasion pour lui dire :
— Écoutez, des kamikazes se font sauter chaque semaine ou presque à Jérusalem, et nous, nous nous disputons comme des chiffonniers pour une vétille. Je vous fais une proposition : vous me donnez rétroactivement votre autorisation, et moi en échange, je vous aménage une petite aire de jeu pour les enfants, juste ici, à côté du tombeau.
L’arracheur de câbles réfléchissait intensément à mon offre quand son fils arriva. Il se trouve que ce dernier connaissait le Dr Basson et il réussit à persuader son père d’accepter. Bientôt, nous étions tous amis et on alla chercher des rafraîchissements. La police observa le tournage, nous signâmes un accord d’exclusivité pour l’accès au tombeau et les enfants manifestèrent leur joie à la perspective de leur nouvelle aire de jeux.
Ignorant tout de ce qui se passait, le Dr Gibson arriva sur les lieux.
Il regarda en bas, visiblement ému. Ce tombeau revêtait une grande importance pour lui. Il en était l’un de découvreurs et il en avait dressé le plan alors qu’il débutait tout juste sa carrière d’archéologue.
— Je souhaiterais t’interviewer ici, dis-je.
Gibson hésita.
— Je travaille dans ce pays, répondit-il. Il me faut l’autorisation de l’AAI.
— Il s’agit d’un tombeau ouvert.
— Sur la forme, tu as raison. Pour ma part, je dois tout faire dans les règles. Si tu veux m’interviewer ici, je dois les appeler et obtenir leur autorisation.
Shimon Gibson appela l’AAI, on lui répondit que rien ne s’opposait à ce projet, et nous descendîmes dans le tombeau ensemble. Il évoqua devant moi ses souvenirs, puis nous sommes ressortis.
Après son départ, nous avons continué à filmer et à explorer le tombeau. Nous ne savions pas si nous en aurions à nouveau l’occasion. Le soleil se couchait et tous les habitants rentrèrent chez eux. J’essayai d’obtenir une bonne prise de vue de ce qui m’apparaissait comme une inscription, quand j’entendis du vacarme au-dessus. En remontant à la surface, je me retrouvai face à la contrôleuse régionale de l’AAI.
— Vous n’avez pas l’autorisation de pénétrer dans ce tombeau, me dit-elle. Je vous prie de le refermer immédiatement.
Comme je devais l’apprendre, une employée de l’AAI habitait juste en face du tombeau, mais elle ignorait qu’il y avait là un site archéologique. En nous voyant, elle avait averti ses supérieurs. Le responsable qui lui répondit décida de ne tenir aucun compte de l’autorisation
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