Le Tombeau De Jésus
je ne pouvais décemment pas. La seule pensée de racler l’ossuaire de Jésus me paraissait un acte de vandalisme.
Deux heures plus tard environ, l’ossuaire me livra un échantillon « de son propre chef » quand un incident me donna le sentiment d’avoir tenu le Graal entre mes mains avant de le voir se fracasser. En fin d’après-midi, un gardien et un assistant étaient en train de charger la précieuse relique dans une caisse tapissée de mousse protectrice. Pendant que l’on filmait la manœuvre, l’ossuaire se cassa en deux et, une fraction de seconde plus tard, sembla imploser.
Lors d’expéditions, j’ai vu du matériel vidéo, des projecteurs et des robots sous-marins valant des centaines de milliers de dollars se fracasser. Ce genre d’événement provoque instantanément une bordée de jurons. Dans le cas de l’ossuaire de Jésus, les caméras témoignent seulement de longues secondes d’un silence abasourdi.
Quand je me suis enfin approché du coffre brisé, je remarquai sur le dessus un éclat de calcaire d’environ deux centimètres de long, de section parfaite, laissant apparaître la matrice et la patine. Je vis immédiatement qu’il entrerait facilement dans mon flacon d’échantillons. Cette fois, je le prélevai sans hésitation.
Le gardien avait l’intention de placer les morceaux de l’ossuaire dans une caisse en bois, de clouer le couvercle, puis, à l’aide d’un chariot élévateur, d’aller le ranger dans l’attente d’une réparation ultérieure. Avant l’opération, Simcha et moi avons insisté pour envelopper délicatement chaque morceau de l’ossuaire dans du papier avant de le placer dans la caisse. Dans la salle à nouveau silencieuse, Simcha découvrit que l’inscription « Jésus, fils de Joseph » était parfaitement intacte, sans même une éraflure. J’eus la chair de poule quand il me montra que le choc avait séparé le nom « Jésus » de la marque en forme de croix.
Étrange, mais pas inexplicable. J’ai revu mes propres prises de vue d’avant l’implosion de l’ossuaire, c’est-à-dire au moins deux heures avant. Elles révèlent une minuscule fissure dans la pierre entre la croix et l’inscription. Je suis certain qu’elle est à l’origine de la rupture en deux de l’ossuaire. Il n’y a là aucun mystère1.
Le mercredi 14 décembre 2005, nous sommes entrés dans le tombeau. La dalle de béton et de fer fut à nouveau déplacée. Les tonnes de livres de prière en état de décomposition avaient remplacé la couche de terra rossa , couvrant à peu près la même hauteur que celle indiquée dans les croquis de Shimon Gibson. L’air était infesté par le pourrissement de ces livres et, quand l’ouverture fut suffisante pour permettre le passage, les particules de poussière de papier furent expulsées de l’antichambre par un courant d’air. Quelques fragments plats et plus grands scintillaient comme des flocons de neige dans les premiers rayons du soleil. Nous vîmes alors bouger d’autres formes au fond du tombeau : des araignées aussi grosses que des noix.
Le grand symbole de l’antichambre était facile à voir, mais je crus en distinguer un plus petit, sous le large cercle. Il s’agissait peut-être à l’origine d’un triangle avec un cercle de la taille d’une noisette en son centre, mais je n’en étais pas sûr.
Des eaux de ruissellement s’étaient récemment infiltrées et l’intérieur était envahi d’humidité. En ce qui me concerne, je découvrais pour la première fois la sépulture. L’atmosphère différait de celle qui régnait lorsque Simcha s’y était introduit précédemment. Le niveau d’oxygène était alors très bas et il avait eu l’impression d’étouffer. Aussi s’était-il cru victime d’hallucinations lorsque les fragments de papier couverts de caractères hébraïques s’étaient mis à flotter devant ses yeux.
Il fallait faire vite. Des riverains avaient déjà eu vent de notre intrusion et l’on pouvait s’attendre à tout moment à l’arrivée des autorités religieuses, qui nous ordonneraient immanquablement de déguerpir.
J’avais besoin de dix minutes, juste le temps de recueillir suffisamment d’échantillons de patine sur les parois du tombeau. J’avais passé en revue, les yeux fermés, la place de chaque outil et de chaque récipient à l’intérieur de mon sac, ainsi que mes deux caméras vidéo, avec une de secours, au cas où la première
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