Le Tombeau De Jésus

contenaient néanmoins suffisamment de matériel génétique pour un profil significatif.
    Le laboratoire de Matheson disposait d’équipements adaptés à l’étude de l’ADN endommagé. Cependant, même avec cette technologie et ces méthodes de pointe, l’ADN nucléaire des os – celui du noyau cellulaire – se révéla impossible à récupérer. Restait l’ADN mitochondrial – issu du cytoplasme – que l’équipe avait réussi à extraire. Son analyse ne permettait toutefois de n’identifier que les liens maternels. En d’autres termes, il était possible de répondre aux questions suivantes : ces deux individus – un homme et une femme – étaient-ils mère et fils, frère et sœur, ou n’avaient-ils aucun lien de parenté matrilinéaire ?
    Au fil des siècles, les infiltrations périodiques d’eau avaient endommagé les chromosomes. Protégées par leurs membranes, les mitochondries – organelles intracellulaires d’une taille de l’ordre du micromètre – n’avaient cependant guère été affectées. Pour nous, la nature avait donc préservé l’essentiel.
    L’ADN mitochondrial de tous les êtres humains est issu d’une ancêtre commune, l’« Eve mitochondriale », qui vécut il y a quelque 150 000 ans en Afrique. À la suite des grandes vagues migratoires, ses descendants se sont répandus en Asie puis en Europe, et des lignées se sont progressivement différenciées pour constituer les branches de l’humanité. Grâce à ces nuances au sein du génome mitochondrial, il a été possible de retracer une « généalogie mitochondriale » et d’établir, par exemple, que les peuples indo-iraniens avaient engendré un lignage, à l’origine de deux branches, celles des peuples germaniques et celtiques.
    — Nous avons donc recueilli l’ADN mitochondrial, continua Matheson. Comme il était très fragmenté, les quantités sont infimes. Nous avons quand même pu l’amplifier et le séquencer. Ensuite, nous avons entrepris de cloner ces fragments d’ADN séquencés, puis de comparer de nombreuses copies, ce qui accroît la validité du travail.
    Après ce préambule, le scientifique fit apparaître deux graphiques l’un au-dessus de l’autre sur l’écran d’un ordinateur :
    IAA 80/503 – Marqueur 120 : CCAGTAGGAT IAA 80/500 – Marqueur 120 : ACCCACTAGG
    IAA 80/503 – Marqueur 130 : ATCAACAAAC IAA 80/500 – Marqueur 130 : ATACCAACAA
    IAA 80/503 – Marqueur 140 : CTACCC…
    IAA 80/500 – Marqueur 140 : ACCTAG…
    L’information génétique stockée dans les molécules d’ADN est transcrite sous la forme d’un code linéaire composé des lettres A, C, G, et T, correspondant à la combinaison des quatre bases essentielles d’acide nucléique : adénine (A), cytosine (C), guanine (G), et thymine (T). Chaque marqueur correspond à une différence sur une même séquence génétique. Les deux graphiques parallèles indiquaient donc les variations entre les deux individus.
    — En termes simples, dit le paléogénéticien, nous constatons ici un certain nombre de « polymorphismes ». Nous pouvons en conclure que ces deux individus ne sont pas apparentés, tout du moins du côté maternel. Ils ne peuvent être ni mère et fils ni frère et sœur. Dans la mesure où, comme vous me l’avez dit, les échantillons proviennent d’une même sépulture, d’un tombeau de famille, ces deux personnes étaient probablement mari et femme.
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    Marie Madeleine, ainsi appelée dans les Évangiles canoniques, était, selon les Évangiles gnostiques, « la compagne de Jésus ». Dans tous ces textes, c’est à elle que Jésus apparaît d’abord après la résurrection. Dans l’Évangile gnostique de Marie Madeleine, c’est à elle que, un an et demi après la crucifixion, Jésus livre sa prophétie finale. Marie Madeleine est également présentée dans l’Évangile de Marie comme la préférée du Sauveur : « Certainement le Sauveur la connaît à fond. C’est pourquoi Il l’a aimée plus que nous. »
    Sous la plume des scribes de la Bible, « connaître » a un sens très particulier et très intime qui renvoie à l’étymologie de la conception charnelle. Ainsi, « Adam connut Ève, sa femme ; elle conçut, et enfanta Caïn » (Genèse 4, 1) et « Caïn connut sa femme ; elle conçut, et enfanta Hénoc » (Genèse 4, 17).
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    L’ADN mitochondrial de Jésus était semblable à celui des tribus sémitiques qui peuplaient la région de la