Le Tombeau De Jésus
fonctionnerait mal, pour filmer chaque échantillon dans son environnement. Si l’on n’apportait pas la preuve que la patine des murs avait la même composition chimique que celle des ossuaires, il n’y aurait aucun moyen de prouver que ceux-ci appartenaient bien à ce tombeau.
Alors que je me trouvais au fond du puits qui précède l’antichambre, juste avant de me laisser glisser sur le dos dans le tombeau, je dus remonter à la surface. Simcha se trouvait dans la salle centrale avec les caméras et le photographe Steve Quayle. L’air devenait par intermittence irrespirable et il fallait un certain temps pour le renouveler. Cette contrainte entraînerait un retard de près d’une heure. Bientôt, les gens rentreraient du travail, des voisins se rassembleraient en nombre autour du site, menaçant de mettre un terme à l’opération avant que j’aie eu le temps de recueillir mes échantillons. Dix minutes à l’intérieur, c’était tout ce dont j’avais besoin.
À 16 heures, l’air était à nouveau respirable et les prises de vue, en bas, étaient presque « dans la boîte ». Deux minutes après mon arrivée dans la salle centrale, nous entendîmes des cris étouffés provenant de la surface. En fait, ils ne nous concernaient en rien, mais, craignant d’être forcés de sortir à tout moment, je me mis immédiatement à recueillir et à répertorier les échantillons. En dix minutes, les échantillons les plus importants étaient « dans le sac ».
C’est alors que Simcha, qui me tournait le dos pour choisir les angles d’éclairage en compagnie de Steve, me demanda :
— Charles, mais qu’est-ce que tu fous ?
— Je finis de recueillir mes échantillons, dis-je en poursuivant ma tâche.
— Mais je voulais te filmer pendant que tu le faisais !
Le ton de sa voix trahissait une immense déception.
— Je suis désolé, mais ça n’est pas grave. Crois-moi, il me reste encore pas mal d’échantillons à prélever, et tu pourras alors filmer comme tu veux.
En réalité, je craignais que l’humidité et les bactéries – qui avaient d’ores et déjà attaqué le papier des livres de prière – n’aient pénétré partout, et peut-être modifié la composition de la patine. Shimon Gibson avait confié à Simcha que, lorsqu’il était entré dans le tombeau en 1980, les murs étaient d’un blanc crayeux et, par endroits, rougeâtres. En fait, il s’est avéré que les bactéries dans l’atmosphère s’étaient simplement posées sur la patine du tombeau et qu’une fois séchée celle-ci avait pris une très légère teinte rougeâtre.
Je songeais à l’éventualité de l’altération de la patine, tandis que Simcha s’inquiétait toujours des prises de vue manquées pendant mon premier prélèvement, quand surgit un nouveau problème. La pierre calcaire était elle-même si saturée d’humidité qu’elle n’avait pas plus de consistance que de la pâte à modeler. Je pouvais recueillir la plupart des échantillons à l’aide d’un simple couteau en plastique. Et c’est là que résidait le problème.
Le temps que Simcha mette sa caméra en place, je remarquai quelque chose de bizarre au milieu du plafond de la salle centrale. Les marques au burin dans le roc étaient aussi anciennes que Jésus et pourtant elles paraissaient très récentes. Je décidai d’en avoir le cœur net et plantai mon couteau dans le plafond, qui s’enfonça presque sans résistance.
— Mes amis, je crois qu’il va falloir nous montrer plus prudents dans nos déplacements ici.
J’enfonçai à nouveau ma lame, plus délicatement cette fois. Steve poussa un sifflement.
Un plafond qui portait des marques récentes de burin, alors qu’il avait deux mille ans, dans un lieu qui semblait solide comme le roc, mais qui était plus mou que de l’argile, tout cela était très inquiétant.
Au rythme des saisons, les parois du tombeau avaient dû être imbibées d’eau et ramollies une à deux fois par an pendant près de deux mille ans. Situé au cœur d’un quartier soumis à d’incessants travaux de construction depuis les années 1980 et à une circulation intensive de camions sur la route toute proche, dans l’une des zones les plus sismiques de la planète, le plafond avait pourtant tenu. Quelque chose me disait que la craie de Jérusalem avait quelques secrets à nous révéler.
Les XVIIe et XVIIIe siècles s’étaient déroulés sans événement notable, puis le
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