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Le train de la mort

Le train de la mort

Titel: Le train de la mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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d’internement allemand, donc il devait être bien installé et parfaitement équipé !
    Triste consolation… pensais-je !
    Midi étant proche, nous allions peut-être recevoir quelque nourriture ? Mais nous restâmes plus d’une heure sur un quai perdu, anxieux et pleins d’angoisse car nous sentions bien que nous étions parvenus au bout de notre voyage… notre radeau de la Méduse allait toucher un rivage, mais lequel ?
    *
    * *
    Est-ce la fin ccxci  ? Sur le quai j’entends parler français, ce sont des P.G. L’un s’approche, je lui raconte brièvement ce qui s’est passé, et d’où nous venons, je lui dis aussi qu’il y a des morts dans le wagon, et que nous en avons laissé quarante-neuf en cours de route ; Je lui demande de prévenir ma famille. Il semble assez incrédule ; il dit que les Allemands ont annoncé l’arrivée d’un train de « terroristes français » pour un camp qui s’appelle Dachau. D’autres camarades lui demandent de prendre leurs noms et adresses en France, pour prévenir les familles ; il n’a pas le temps car les Allemands le font partir.
    *
    * *
    Munich ccxcii . Il pleut. J’aperçois un soldat qui surveille notre wagon. Il porte l’uniforme de la « Luftwaffe », l’armée de l’Air. Tout de suite l’Allemand me dit que nous allons au camp de concentration de Dachau, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Munich. Ce nom résonne sinistrement à mes oreilles.
    Vers 1935, mon professeur d’allemand nous avait lu un livre intitulé : « Le camp dans les marais ». Il décrivait le calvaire des malheureux détenus – Juifs, communistes, socialistes ou chrétiens allemands hostiles au nazisme – qui édifiaient dans des conditions terribles, le premier bagne nazi dans les marécages de Dachau. Pendant ce temps les braves gens d’Europe dormaient la conscience tranquille et l’âme en paix !
    « Alles schlimm ! » me dit la sentinelle. « Oui, tout ça, c’est mauvais ! »
    *
    * *
    Sur la voie ccxciii la plus proche nous apercevons un prisonnier de guerre français monté sur une locomotive.
    — Eh ! Français, sais-tu où nous allons ?
    — Peut-être à Dachau, ce camp est à environ vingt kilomètres d’ici.
    Nous ne voulons pas trop converser avec ce compatriote car nous remarquons qu’il répond avec réticence parce qu’il a peur de se faire rappeler à l’ordre par les « frizous » qui sont près de lui.
    Dachau gare.
    Après ccxciv un nouveau départ, en marche arrière cette fois, notre train stoppe une heure plus tard et, cette fois, les portes s’ouvrent. Un SS, un mouchoir sur la bouche et le nez, nous ordonne de sortir. Nous sommes à contre-voie. Il faut sauter, je saute. Mes jambes refusent de me soutenir, je m’affale sur le ballast, un coup de crosse me relève, un chien me mord à la jambe ; à quatre pattes, comme une bête, je rejoins le troupeau qui se regroupe le long de la voie. Il est 15 heures à l’horloge de la gare, nous arrivons à Dachau.
    *
    * *
    Dachau ccxcv  ! Personne ne réagit, mais mot j’ai un frisson. C’est vrai, avant la guerre bien peu de Français connaissaient ce nom devenu sinistre. Par les relations de la Jeunesse catholique française avec celle de l’Allemagne j’étais, mieux que beaucoup d’autres, au courant du système hitlérien des camps de concentration. C’est à Dachau que Probst, dirigeant de la Jeunesse catholique allemande avait été interné et abattu. Bien entendu « au cours d’une tentative de fuite », suivant la formule consacrée. Ainsi c’est dans ce hideux abattoir qu’allaient être déversés les survivants de notre malheureux convoi !
    Les portes roulent sur leurs galets.
    —  Raus ! Schnell ! Tout le monde à terre.
    Mon Dieu !… Les wagons ont été ouverts successivement et nous sommes le dernier. De sorte que nous voyons en passant devant chacun des autres un tas de débris innommables. Mais nous voyons aussi des cadavres Tous n’ont pas été concentrés dans certains wagons, il y en a encore et encore ! Combien donc ?
    *
    * *
    Dachau ccxcvi  ! Je manque d’éclater de rire, c’est vraiment trop drôle et pourtant je n’ai pas envie de rire !
    Lorsque j’étais prisonnier de guerre, les Allemands, les civils avec lesquels nous travaillions, parlaient à voix basse d’un endroit terrible où l’État envoyait ses adversaires et le chauffeur Schneider de la firme Wogelgesang, le membre du Parti, lorsqu’il me

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