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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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rendu visite dans son cabinet de travail.
    — Et ensuite ? demanda le magistrat en cachant la surprise que suscitait en lui une telle confession de la part d’une jeune et avenante servante.
    Berengaria releva la tête.
    — Vous n’êtes point pauvre, Sir Hugh. Vous ignorez ce que c’est que de mendier, d’être envoyée de-ci de-là. Sir Rauf était gentil – du moins avec moi. Je m’agenouillais devant lui et satisfaisais ses désirs.
    — Lady Adelicia était-elle au courant ?
    — Oh non ! Pas elle ! Pas la dame du manoir ! s’exclama-t-elle d’une voix empreinte de malignité.
    — Sir Rauf connaissait-il les agissements de son épouse ? Il était au courant, n’est-ce pas ? C’est toi qui le lui avais appris.
    Le ton de Berengaria, à présent, était calme et calculateur.
    — Oui, il le savait. Une fois, il m’a expliqué qu’il irait devant les tribunaux ecclésiastiques pour faire annuler son mariage. Il a précisé qu’il en avait parlé avec le père Warfeld. Son union n’avait pas été régulièrement consommée. Sir Rauf m’a affirmé que si je témoignais et narrais en détail à la cour la façon dont Lady Adelicia se comportait... qui pourrait dire qui serait sa prochaine épouse ? Alors, quand Lady Adelicia allait à Cantorbéry, elle croyait que je me promenais parmi les étals, que je visitais les échoppes ou que je m’attardais à l’église. Mais parfois ce n’était pas le cas. Je retournais vite voir Sir Rauf pour lui faire part de ce qui se tramait et combler ses besoins. Il me donnait une pièce, me caressait les cheveux et me disait d’attendre, d’être patiente.
    — Lady Adelicia ignorait tout de ta trahison ?
    — Ma trahison, Sir Hugh ? Que lui devais-je ? Sir Rauf, lui, me payait. Il m’avait offert un toit. Il se souciait de moi et m’avait promis de continuer à l’avenir.
    — Il était donc sur le point de présenter une demande d’annulation devant le tribunal de l’archevêque ?
    — Oui, Sir Hugh. Le mariage n’avait pas été vraiment consommé. Lady Adelicia refusait les avances de son mari.
    Le magistrat, étonné, scruta cette jouvencelle aux yeux glacés dans un visage résolu et déterminé. Il comprit son erreur. Berengaria était fort intelligente ; c’était une intrigante-née, une calculatrice.
    — Et l’après-midi de la mort de Sir Rauf ?
    — Je suis revenue. Je suis passée par le portail principal et j’ai remonté l’allée en me faufilant entre les arbres. Sir Rauf laissait la porte d’entrée ouverte, sans pousser le loquet, non fermée à clé et débarrée. Nous n’étions jamais dérangés. Lechlade était toujours soûl. Nous l’entendions chanter ou crier tout seul. Pourtant, ce jour-là, les deux portes, celle de devant et celle de derrière, étaient closes et verrouillées. J’ai frappé, sans obtenir de réponse. J’ai compris qu’il était arrivé quelque chose, mais je ne pouvais pas rester trop longtemps, aussi suis-je repartie sans m’attarder. Je suis allée dans une boutique de la rue des Merciers acheter quelques rubans et un peu de fil dont ma maîtresse avait besoin. Puis je l’ai rejointe, comme prévu, à Butter Cross. En arrivant à Sweetmead, nous avons appris...
    Pour la première fois, Berengaria montra une émotion sincère.
    — ... nous avons appris que Sir Rauf avait été occis.
    — Crois-tu, intervint Ranulf, que Lady Adelicia aurait pu elle aussi revenir en secret chez elle et commettre ce méfait ?
    La servante fronça les sourcils.
    — J’y ai pensé, répondit-elle dans un chuchotement. Elle aurait aimé qu’il soit mort, mais non, elle n’en aurait eu ni le temps, ni la force, ni la volonté, me semble-t-il. Elle est timorée. Si elle avait voulu préparer un assassinat, elle se serait adressée à son lourdaud d’amant, Wendover, pour qu’il le fasse à sa place.
    — En retournant à Sweetmead et en repartant, interrogea Corbett, as-tu aperçu quelqu’un ?
    Berengaria fit un geste de dénégation.
    — Non, Messire, c’était une froide journée d’hiver. Il y avait des portefaix, des charrettes qui bringuebalaient sur la route, mais personne de ma connaissance.
    — Bien sûr, puisque Sir Rauf avait accepté de laisser la porte ouverte et qu’elle était close, tu as dû avoir des soupçons, n’est-ce pas ?
    — J’ai compris qu’il s’était passé quelque chose, mais pas ça ! commenta-t-elle, troublée. J’ai dit que souvent

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