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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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la table de travail. Il ouvrit la besace de cuir appuyée contre le pied de la table, en tira une liasse de parchemin et appointa une plume d’oie.
    — Bon, je vais mettre de l’ordre, murmura-t-il. Je vais établir un plan.
    Il s’interdit de prêter l’oreille aux bruits grandissants qui venaient de l’abbaye au fur et à mesure que les moines se levaient et se préparaient pour la première messe de la journée. Il eût aimé descendre s’installer dans les grandes stalles de chêne et participer aux chants des matines, mais cela devrait attendre. Il trempa sa plume dans l’encre verte et écrivit :
    Primo : Les frères.
    Corbett tenta de rassembler tout ce qu’il avait appris sur Adam Blackstock et son demi-frère Hubert le Moine, Hubert fils de Fitzurse, « l’Homme qui lit dans l’avenir ». Sa plume courait sur le vélin. Blackstock, selon les documents du Guildhall, était le patronyme du pirate, alors pourquoi Hubert se faisait-il appeler « fils de Fitzurse », du nom de sa mère ? Voulait-il juste souligner que deux fils avaient survécu à ce terrible massacre ? Et pourquoi se proclamait-il « l’Homme qui lit dans l’avenir » ? Était-ce une référence au fait qu’il ait organisé et ourdi ces meurtres ? Avait-il attendu son heure ? Mais où tout cela avait-il commencé ? Corbett écrivit la date de 1272, puis leva les yeux et fixa le crucifix sur le mur. Il se souvint que le vieux roi était mort en suffoquant à Westminster et que la populace de Londres s’était livrée à des émeutes dans les rues. La loi et l’ordre avaient été rompus, la paix du souverain ouvertement violée dans les comtés. Il en était allé de même dans le Kent. D’après ce qu’il avait appris, les parents d’Adam et d’Hubert étaient des fermiers prospères ; leur manoir était sans doute un beau bâtiment avec des potagers, des carrés d’herbes aromatiques, des écuries, des champs de blé fertiles et de grasses pâtures à moutons. Les attaques perpétrées par des bandes armées contre ce genre de demeures étaient courantes. En général, les ruffians pillaient la maison et emmenaient bétail et cheptel, mais cette agression-là avait été différente. Des bourgeois de Cantorbéry y avaient-ils trempé ? Les juges royaux avaient ouvert une enquête, mais aucun coupable n’avait été arrêté. Puis la roue de la Fortune avait continué à tourner. Adam avait été placé en apprentissage pendant qu’Hubert continuait ses études ici, à l’abbaye de St Augustin. Corbett rédigea une note sur un bout de parchemin. Il faudrait qu’il voie le magister scholorum, frère Fulbert, pour l’interroger.
    Adam semblait avoir été un travailleur industrieux et, s’il avait suivi la voie normale, il aurait achevé son apprentissage, serait devenu marchand et, peut-être, négociant, membre de la guilde. Au lieu de cela, il avait quitté Cantorbéry, découvert sa vraie vocation de marin, exercé dans divers ports des côtes est et sud du royaume avant de se rendre dans les havres côtiers plus attrayants du Hainaut, des Flandres et du Brabant. Là, il s’était associé à des pirates et à des forbans, avait fini par en devenir un et s’était assuré une rapide promotion en commandant une redoutable cogghe de guerre, L’Indomptable, véritable fléau qui naviguait sur la Manche et la mer d’Irlande et sur les routes du vin vers Bordeaux.
    Corbett fit une pause. Il n’avait connu que tendresse et affection dans son enfance, mais il avait rencontré des hommes, à la cour et dans les camps, que de cruels événements avaient malmenés dans leur prime jeunesse. Était-ce le cas d’Adam Blackstock ? N’avait-il pu oublier les scènes qu’il avait vues cette nuit-là, les hurlements de sa mère, les vains efforts de résistance de son père et des autres ? Par la suite, Blackstock était entré en guerre contre les bateaux anglais, en particulier ceux de Sir Walter Castledene. Était-ce parce que le maire était un éminent négociant de Cantorbéry ? Y avait-il des raisons plus secrètes ? Bien que Corbett eût étudié avec minutie les documents officiels du Guildhall, il se promit pourtant de les examiner de plus près.
    Hubert le Moine s’était comporté de la même façon. Fort intelligent, il aurait pu sans mal franchir les échelons et finir magister dans les écoles. Une fois son éducation achevée à St Augustin et dans les collèges de Cambridge, il avait

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