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Le trésor

Le trésor

Titel: Le trésor Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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détourna les yeux. Comme ce vieil homme le connaissait bien ! Toujours d’ailleurs, il avait su lire en lui mieux que lui-même… et souvent avant lui-même… C’était vrai que la tentation lui était venue de laisser Judith à son destin et de tourner une nouvelle page, une page toute blanche, toute claire et toute pure comme l’âme de Madalen.
    — Tu ne dis rien ? C’est donc que j’ai raison. Mais, Gilles, tu sais très bien que tu ne peux partir sur cette équivoque, tu sais très bien que Dieu ne se contente pas d’à-peu-près. Si l’homme est un imposteur, Judith est toujours ta femme et le demeurera jusqu’à ce que la mort vous sépare. Voilà la loi divine et tu sais très bien que tu ne peux pas lui échapper !
    Vaincu, Gilles baissa la tête.
    — Je sais. Je l’ai toujours su. Soyez sans crainte, je ne vous décevrai pas. J’irai à Vannes…
    — Non. C’est moi qui irai. On m’y connaît. J’y possède des amitiés, des intelligences. Ce serait bien le Di… ce serait bien surprenant si je ne parvenais pas à découvrir la vérité. Va voir Rozenn et puis rentre à Lorient. Je t’y enverrai de mes nouvelles. Mais, dis-moi… le roi ?
    — Eh bien ?
    — Lui as-tu demandé ton congé ? Que tu sois mal en cour étant donné tes relations avec Monsieur et qu’on ne souhaite pas t’y voir ne te délie pas de tes engagements envers notre sire. L’as-tu vu ?
    — Non, c’était impossible. Après la découverte du trésor, je suis retourné à Paris, bien entendu. M. de Beaumarchais avec qui je suis, dès à présent, en affaires, m’a fait connaître les ordres du roi et j’ai eu l’honneur d’être reçu, en son hôtel de Paris, par M. le comte de Vergennes. Il est fort malade et… je crains bien que la France ne perde bientôt le meilleur ministre qu’elle ait eu depuis longtemps mais il a fait l’effort de me recevoir pour m’apprendre comment je peux encore servir le roi en terre d’Amérique. J’y verrai le général Washington, qui me veut du bien et essaierai d’obtenir de lui que le Congrès accepte de se pencher sur l’énorme dette financière que les insurgents ont contractée envers la France et dont il semble que plus personne ne se soucie.
    — Te voilà ambassadeur ?
    — Messager, tout simplement. Et messager officieux mais il faut faire avec ce que l’on a et Annapolis fait la sourde oreille tandis qu’à Paris, Thomas Jefferson joue les innocents lorsqu’on lui parle argent. Une seule chose l’intéresse : transformer le port de Honfleur en port franc pour les marchandises américaines car, à présent, c’est tout juste si le Congrès ne nous reproche pas d’avoir mis un terme, en aidant les insurgents, au commerce avec l’Angleterre.
    L’abbé se mit à rire.
    — La reconnaissance est un très lourd fardeau, mon fils. Certes, j’admire le courage de ce peuple mais j’ai bien peur que le roi ne se reproche longtemps d’avoir ainsi soutenu des idées aussi libérales. Il a, en quelque sorte, introduit le loup dans sa bergerie et un loup dont on a un peu trop oublié, en France, qu’il n’y a pas si longtemps, il se battait aux côtés de l’Angleterre pour nous arracher le Canada. Eh bien, il me reste à souhaiter que tu réussisses dans cette tâche délicate et que tu trouves le bonheur outre-Atlantique… mais je regrette un peu que tu ne choisisses pas de t’installer ici, en terre bretonne. Si tu ne peux avoir La Hunaudaye, pourquoi ne pas acheter un autre domaine ?
    — J’y songerai plus tard, peut-être, quand j’aurai perdu tout espoir de la reprendre. Pour l’instant, je préfère regarder vers l’Occident. Si importante qu’elle soit, une fortune finit toujours par fondre si on ne la fait pas fructifier… et je crois que, pour l’instant, l’avenir est de l’autre côté de l’Océan. Et puis, pourquoi renoncerais-je à ce que l’on m’a donné ?
    M. de Talhouet se leva, sourit et vint prendre le bras de son filleul pour remonter dans sa chambre.
    — Peut-être as-tu raison. C’est l’avenir qui nous le dira mais j’avoue une peine égoïste à la pensée de te perdre de nouveau, surtout si peu de temps après t’avoir si miraculeusement retrouvé.
    — Vous ne me perdrez pas ! protesta Gilles. Je ne pourrais pas supporter l’idée de ne jamais revenir… surtout si les événements faisaient que l’on ait besoin de moi.
    — Ce n’est pas à souhaiter. Quand penses-tu

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