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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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baron Fulbert Pons de Beynac, cinquième du nom.

    Foulques de Montfort accepta de réunir le grand Conseil des chevaliers et des écuyers de la place. Il précisa devant le Conseil qui siégeait, que lui seul déciderait, en sa qualité de maître de la baronnie à titre jurable et rendable, des dispositions à prendre. Nous ne pûmes que nous incliner lorsqu’il affirma qu’il n’était pas en sa gouvernance de porter les armes contre Castelnaud de Beynac.
    De mon côté, l’esprit accaparé par l’incroyable refuge où ma sœur avait été menée, par les pires tourments que je redoutais pour elle, j’avais complètement oublié qu’il souhaitait nous entretenir, Marguerite et moi, d’une affaire privée et d’importance.
    Après l’exposé des faits et des desiderata du chevalier Géraud de Castelnaud d’Auzan, moult discussions s’engagèrent. Elles se poursuivirent jusqu’à ce que l’on cornât le dîner.
    Malgré la réticence d’aucuns écuyers, il fut décidé d’accorder confiance à notre captif : il rejoindrait son maître, à Castelnaud-la-Chapelle, lui baillerait une aumônière de cent écus d’or qu’il prétendrait avoir tenu de ma capture pendant l’assaut, l’assurerait que les chevaliers et les sergents d’armes gascons n’avaient pas eu à investir le village fortifié : j’aurais négocié la reddition de la place au premier son du cor. À l’arrivée des batailles du comte de Derby, tout ce beau monde aurait réussi à se replier en bon ordre.
    Seule une vague allusion au traité de paix pouvait être évoquée, d’Auzan n’étant pas supposé en connaître la teneur, pour accréditer l’idée que le comte de Derby avait obtenu que nous baillions trois mil livres tournois en échange de la reddition de la place fortifiée de Commarque.
     
    Nous disposerions ainsi d’un homme dans la place, un homme qui connaissait tous les systèmes de défense et leurs faiblesses, en vue d’un possible siège qui serait mené contre le château de Castelnaud. Il devait, en gage de sa bonne foi, consigner par écrit les plans intérieurs et extérieurs de la forteresse, les heures de relève des gardes apostés, les noms des gens d’armes et les effectifs de la garnison.
    Une servante, cousine éloignée de Marguerite, se chargerait d’établir la liaison avec Beynac, moyennant quelque gratification, nous avait-il affirmé.
    En contrepartie du rôle de référant de tranquillité qu’il acceptait de tenir, nous nous engagions à obtenir, pour lui, la considérable position et les émoluments attachés à ce statut, par un acte secret de l’évêque de Sarlat. Foulques de Montfort renchérit : tous les Gascons prisonniers seraient libérés, chevaliers, écuyers et sergents. Ils auraient pour mission, en échange de leur liberté et de la grâce qui leur serait faite pour leur rançon, de tenter de rallier, chacun en son fief, le plus grand nombre possible de seigneurs, vassaux, vavassaux et hommes de guerre, à la cause que nous défendions, bien que nous eûmes conscience que la parole donnée engagerait plus ceux qui la recevraient, que ceux qui la donneraient.
    Je relançai l’idée de mettre le siège devant le château de Castelnaud, dès le printemps prochain. Sans succès.
    Foulques rappela qu’il ne pouvait engager d’hostilité contre son voisin, cousin de feu son maître, de sa propre initiative. Il n’était censé que veiller aux biens de la baronnie, en bon père de famille, en attendant que soit assurée la succession et que les multiples procédures en cours en désignent le légitime héritier. Or l’affaire était loin d’être entendue, les nombreux prétendants s’entre-déchirant à foison devant les tribunaux. En tout état de cause, il ne saurait être envisagé d’y porter la guerre avant d’avoir recueilli de nouvelles informations de notre nouveau référant et rassemblé nos forces en ralliant à notre cause les rares seigneurs féaux à feu le baron.
    Faute de pouvoir rallier une armée entière à la bannière que je n’avais pas encore, j’eus beau objecter que, pour enlever une place forte d’assaut, point n’était besoin d’un grand nombre, que la ruse et l’intelligence des choses de la guerre pouvaient en venir à bout sans verser le sang, que l’avant-garde de l’armée anglaise avait bien failli nous investir de la sorte, que, que… ; il m’écouta sans m’entendre, les yeux dans le vague, l’esprit errant vers des

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