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Le tribunal de l'ombre

Le tribunal de l'ombre

Titel: Le tribunal de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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valets. Et leurs meubles.
    Des jouteurs que des hérauts d’armes avaient conviés en parcourant le pays à plus de cent vingt lieues à la ronde. D’aucuns Gascons de la comté de Foix avaient aussi répondu à l’appel ! Histoire de dérouiller leurs muscles avant de tailler du Français ?
    Le comte de Derby avait été invité en personne par un messager. IL avait décliné l’invitation, mais s’était fait représenter par l’un des maréchaux de son ost, Gautier de Mauny, adroite façon de nous faire comprendre qu’il ne profiterait pas de ces trois semaines de festivité pour attaquer nos places et les mettre à sac. Icelui ne devait cependant pas participer au tournoiement. Un simple spectateur, en somme. Un otage de la parole donnée, en quelque sorte…
    Le nouveau baron du Pierregord fêtait avec un éclat très chevaleresque la couronne que le juge des biens avait posée sur son chef. Après des années de procédure, après que les autres prétendants aient été déboutés de leurs revendications par le Parlement de Paris, statuant en appel. Le roi de France en avait contresigné l’ordonnance. La succession baronniale était close. Titres, fiefs et bénéfices étaient dévolus à messire Bozon de Beynac, sa vie durant. Et à ses héritiers. Une page de ma vie se tournait.
     
    Un gigantesque eschalfauld en bois, surmonté d’un dais à baldaquin, avait été dressé par des charpentiers et des drapiers au cours des jours précédents, face à la lice où se dérouleraient les joutes. Des tribunes plus modestes et des barrières lui faisaient face. Elles accueilleraient des vilains, manants, paysans, artisans et bourgeois de la baronnie et des villes alentour, toujours friands du beau spectacle qui leur serait offert pendant trois semaines.
    Et quelques bagasses et autres fillettes amoureuses, qui, bien que n’étant pas conviées, ne manqueraient pas de se glisser parmi la populace, avec leurs vessies de porc, pour bailler leurs charmes en soulageant les combattants de leurs blessures et de leur bourse, sans qu’ils ne craignissent quelque maladie dont elles auraient pu être colporteuses.
    Les préparatifs se déroulaient sous l’œil indifférent de la garnison du sire de Castelnaud de Beynac. Après les malheurs qui nous avaient frappés depuis l’arrivée de cette terrible epydemie de pestilence, ces festivités semblaient d’un naturel bienvenu.
    Rares parmi nous étaient ceux qui avaient été mis dans la confidence du plan qui suivrait la fin du tournoiement. Dès le lendemain. Dans trois semaines. Le plan conçu lors de plusieurs conseils restreints tenus la salle des États du château était le fruit d’une savante et magnifique stratégie, préparée avec minutie dans le plus grand secret avec l’approbation sans faille du nouveau baron du Pierregord, messire Bozon de Beynac. Je jubilai et piaffai d’impatience. Vivement la fin de ces joyeusetés ! Alors, si Dieu était avec nous… j’en saurai bientôt plus sur le sort de ma sœur Isabeau.
     
    Je glissai la main sur le bois fraîchement poli de la barrière qui séparait les deux couloirs du pas d’armes.
    Le dernier jour du tournoiement, lorsque les prix auraient été remis par les juges-diseurs et les débours baillés aux vainqueurs, un grand concours de tir à l’arc et à l’arbalète était prévu pour départager les meilleurs tireurs de la baronnie.
    J’en devinai le vainqueur : Étienne Desparssac, le maître des arbalétriers de Beynac, dont l’adresse, la précision en avaient surpris plus d’un. N’avait-il pas sauvé la vie de l’écuyer Arnaud de la Vigerie lors de la bataille de Bergerac, près les faubourgs de la Madeleine, lorsqu’icelui s’était fourvoyé en une mauvaise passe ?
    Arnaud de la Vigerie ! Il eut mieux fait de laisser les Anglais le pourfendre. Bien des maux nous auraient été évités.
    Qu’était devenu celui qui avait été autrefois mon compain d’armes et meilleur ami, avant de me déçoivre gravement à plusieurs reprises ? À Cénac, à Chypre, puis en tentant de forcer Marguerite, celle qui n’était alors qu’une modeste lingère, dans les souterrains qui reliaient les deux places fortes de la baronnie. Avant de disparaître mystérieusement par un puits d’air pour échapper au châtiment que n’aurait pas manqué de lui infliger feu mon compère, le tout puissant baron Fulbert Pons de Beynac.
    Eu égard à sa qualité de gentilhomme, il aurait

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