Le Troisième Reich, T1
voulais être peintre.
Mon père fut abasourdi :
« Peintre ? Artiste ? »
II douta de ma raison, ou peut-être pensa-t-il avoir mal
entendu, ou mal compris. Mais, quand il eut bien saisi de quoi il s’agissait et
notamment quand il eut constaté le sérieux de mes intentions, il s’y opposa de
toute la force de détermination dont il était pourvu…
« Artiste ! Non ! Jamais tant que je vivrai… »
Mon père ne voulut absolument pas se départir de son « Jamais ! ».
Ni moi de mon « Si (18) ! »
Une conséquence de cette dispute – Hitler l’expliqua
ultérieurement – fut qu’il cessa ses études scolaires : « Je pensai
que, dès que mon père apprendrait le peu de progrès que je faisais au collège, il
me laisserait, bon gré mal gré, me consacrer à mon rêve (19). »
C’est peut-être là, à trente-quatre années de distance, une
manière d’excuser son insuccès. Ses notes à l’école primaire avaient toujours
été bonnes, mais elles furent si déplorables au collège de Linz que, sans avoir
obtenu le certificat de sortie habituel, il dut se présenter au collège de
Steyr, ville située à quelque distance de la première. Il n’y resta pas
longtemps et le quitta, également sans certificat.
Ces échecs demeurèrent cuisants pour lui comme en témoignent ses
sarcasmes contre la « gent » académique, les diplômes et la pédagogie.
Même dans les trois ou quatre dernières années de sa vie, au quartier général
suprême de l’armée, plongé dans les problèmes de la stratégie et de la tactique,
il s’accordait parfois une soirée de détente, rappelant devant ses vieux
compagnons du parti la stupidité des maîtres qu’il avait eus dans sa jeunesse. On
a conservé quelques propos de ce fou génial, qui commandait alors en chef ses
troupes innombrables, de la Volga au Pas de Calais :
Quand je me rappelle les hommes qui furent mes professeurs,
je me rends compte que la plupart d’entre eux ne jouissaient pas de tout leur
sens commun ; ceux qu’on pouvait tenir pour de bons pédagogues étaient
exceptionnels. Il est tragique de penser que l’avenir d’un jeune homme est à la
merci de telles gens. 3 mars 1942 (20).
Je garde le plus désagréable souvenir de mes maîtres. Leur
aspect décelait la malpropreté, leurs cols étaient sales… Produits d’un
prolétariat dénué de toute indépendance de pensée, ils se distinguaient par une
ignorance sans pareille et se trouvaient merveilleusement désigné pour
constituer les assises d’un système gouvernemental relâché, lequel grâce à Dieu,
appartient maintenant au passé. 12 avril 1942 (21).
Quand je me rappelle mes maîtres du collège, je dois
constater que la moitié d’entre eux étaient des anormaux… Nous autres, élèves
de la vieille Autriche, avions appris à respecter les femmes et les vieillards
mais nous nous sentions sans pitié pour nos professeurs. Dans l’ensemble, ils
étaient quelque peu dérangés et certains sont vraiment devenus fous !. J’étais
particulièrement mal vu de mes maîtres. Je ne montrais pas la moindre aptitude
à apprendre les langues étrangères ; j’en aurais cependant été capable si
celui qui les enseignait n’avait pas été atteint d’idiotie congénitale. Je ne
pouvais supporter sa vue. 29 août 1942 (22).
Nos maîtres étaient des despotes absolus, sans sympathie
pour la jeunesse. Leur unique objet consistait à gaver nos cerveaux et à nous
transformer en singes érudits comme eux-mêmes. Quand un élève montrait la
moindre trace d’originalité, ils le persécutaient sans relâche, et tous les
forts en thème que j’aie jamais connus ont ensuite tourné au fruit sec. 7 septembre
1942 (23).
Il est donc évident qu’Hitler ne pardonna jamais à ses maîtres
les mauvaises notes qu’ils lui donnèrent ; il ne put davantage oublier ;
mais il était capable d’exagérer ridiculement. Le souvenir qu’il leur laissa, recueilli
alors qu’il était devenu une personnalité mondiale, a été brièvement rapporté. Un
de rares qu’il semble avoir appréciés fut le professeur Theodor Gissinger, qui
s’efforça de lui inculquer des notions scientifique et qui a déclaré :
« Autant que je puisse dire, Hitler n’a fait à Linz ni impression
favorable, ni impression défavorable. Il n’était certainement pas dans les
premiers de sa classe. Il se tenait droit, avait une stature élancée, un visage
pâle et menu, presque comme
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