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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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mois de septembre 1930 marqua un tournant dans la route
qui conduisait inexorablement les Allemands vers le Troisième Reich. Le
surprenant succès du Parti nazi aux élections nationales convainquit non
seulement des millions d'électeurs moyens, mais de nombreuses personnalités des
affaires et de l'armée qu'il y avait peut-être là un mouvement que l'on ne
pouvait endiguer. Peut-être n'aimait-on pas la démagogie ni la vulgarité du
parti, mais, d'autre part, il éveillait les vieux sentiments du patriotisme et du
nationalisme allemands qui avaient été si étouffés durant les dix premières
années de la République. Il promettait d'éloigner le peuple allemand du
communisme, du socialisme, du syndicalisme et des futilités de la démocratie.
Et, surtout, il s'était répandu à travers tout le Reich comme le feu sur une
traînée de poudre : c'était un succès.
    Pour cette raison et à la suite des déclarations publiques
d'Hitler à l'armée lors du procès de Leipzig, certains généraux commencèrent à
se demander si le national socialisme n'était pas justement ce dont on avait
besoin pour unifier le peuple allemand, pour restaurer la vieille Allemagne,
rendre à l'armée sa grandeur et sa force et permettre à la nation de secouer
les chaînes de l'humiliant Traité de Versailles. Ils avaient bien aimé la
réponse d'Hitler au président de la Cour suprême, qui lui avait demandé ce
qu'il entendait par « révolution nationale allemande ».
    « Cela signifie exclusivement, avait dit Hitler, le sauvetage de
la nation allemande, réduite en esclavage telle qu'elle l'est aujourd'hui.
L'Allemagne est pieds et poings liés par les traités de paix... Les nationaux
socialistes ne considèrent pas ces traités comme ayant force de loi, mais comme
ayant été imposés à l'Allemagne par la contrainte. Nous n'admettons pas que des
générations futures, qui sont complètement innocentes, en subissent le joug. Si
nous protestons contre ces traités avec tous les moyens à notre disposition,
alors nous nous trouverons sur le chemin de la révolution. »
    C'était également l'opinion du corps des officiers. Certains de
ses membres les plus influents avaient vivement critiqué le général Grœner, le
ministre de la Défense, pour avoir permis aux trois officiers subalternes
d'être jugés par la Cour suprême. Le général Hans von Seeckt, le commandant en
chef récemment destitué et que l'on reconnaissait partout comme le génie
d'après guerre de l'armée allemande, le digne successeur de Scharnhorst et de
Gneisenau, fit grief à Grœner d'avoir affaibli par cette mesure l'esprit de
solidarité du corps des officiers. Le colonel Ludwig Beck, qui devait bientôt
devenir chef d'état-major et par la suite jouer un rôle plus important dans
cette histoire, mais qui, en 1930, commandait le 5e régiment d'artillerie à
Ulm, où servaient les trois lieutenants, non seulement protesta avec vigueur
auprès de ses supérieurs contre leur arrestation, mais témoigna en leur faveur
à Leipzig.
    Maintenant que le procès était terminé et qu'Hitler avait parlé,
les généraux se sentaient mieux disposés envers un mouvement qu'ils avaient
jusqu'alors considéré comme une menace pour l'armée. Le général Alfred Jodl,
chef des opérations au Haut-Commandement des Forces armées durant la seconde
guerre mondiale, expliqua au tribunal militaire de Nuremberg ce que la
déclaration du chef nazi à Leipzig avait signifié alors pour le corps des
officiers. Jusque-là, dit-il, les officiers supérieurs avaient cru qu'Hitler
essayait de saper l'armée; maintenant ils étaient rassurés. Le général von
Seeckt lui-même, après son élection au Reichstag en 1930, s'allia ouvertement
avec Hitler pendant quelque temps et, en 1932, insista auprès de sa sœur pour
qu'elle votât pour Hitler — au lieu de voter pour son ancien chef, Hindenburg —
lors des élections présidentielles.
    L'aveuglement politique des officiers de l'armée allemande, qui
devait en fin de compte se révéler si fatal pour eux, avait commencé à se
développer et à se manifester. L'ineptie politique des magnats de l'industrie
et de la finance n'était pas moindre que celle des généraux et elle les amena à
l'opinion erronée que, s'ils fournissaient des sommes suffisamment importantes
à Hitler, celui-ci leur en serait redevable et, si jamais il arrivait au
pouvoir, leur obéirait. L'idée que le parvenu autrichien, comme nombre d'entre
eux

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