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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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tous les « Juifs d'Europe orientale » sans compensation,
ainsi que la nationalisation des grandes banques. Hitler fut horrifié; ce
n'était pas seulement le bolchévisme, c'était le suicide financier du parti. Il
donna au parti l'ordre péremptoire de retirer ce projet. Sur quoi les
communistes le reprirent, mot pour mot. Hitler ordonna à son parti de voter
contre.
    On sait par les interrogatoires de Funk à la prison de
Nuremberg, après la guerre, qui étaient du moins quelques-uns des « magnats
influents de l'industrie » dont Hitler recherchait l'alliance. Emil Kirdorf, le
baron du charbon, qui détestait tant les syndicats et qui distribuait les fonds
d'une caisse noire connue sous le nom de « Trésorerie de la Ruhr » et alimentée
par les intérêts miniers d'Allemagne occidentale, avait été séduit par Hitler
lors du congrès du parti en 1929. Fritz Thyssen, le chef du trust de l'acier,
qui vécut assez longtemps pour regretter sa folie et pour écrire un livre
intitulé J'ai payé Hitler , apporta encore plus tôt sa contribution. Il
avait rencontré le chef nazi en 1923 à Munich, il avait été gagné par son
éloquence et avait aussitôt fait, par l'intermédiaire de Ludendorff, un don
initial de cent mille marks or (125 000 F) au Parti nazi alors obscur.
    Avec Thyssen vint aussi Albert Vœgler, qui était également une
puissance de l'aciérie. En fait, le charbon et l'acier furent les principales
sources de fonds en provenance des industriels pour aider Hitler à franchir les
derniers obstacles le séparant du pouvoir dans la période de 1930 à 1933. Mais Funk nomma d'autres industries et d'autres entreprises dont les
directeurs ne voulaient pas être oubliés au cas où Hitler finirait par réussir.
La liste est longue, quoique bien incomplète, car Funk avait
bien mauvaise mémoire quand il arriva à Nuremberg.
    La liste comprenait Georg von Schnitzler,
un des directeurs de l'I. G. Farben, le cartel chimique
géant; August Rosterg et August Diehn,
de l'industrie de la potasse (Funk parle de « l'attitude
positive de cette industrie à l'égard du Führer »); Cuno,
de la compagnie de navigation Hamburg-Amerika; l'industrie
charbonnière d'Allemagne centrale; les caoutchoucs Conti; Otto
Wolf, le puissant industriel de Cologne; le baron Kurt von
Schrœder, le banquier de Cologne, qui devait jouer un rôle de pivot dans
l'ultime manœuvre qui hissa Hitler au pouvoir; plusieurs grosses banques, parmi
lesquelles la Deutsche Bank, la Commerz und Privat Bank,
la Dresdener Bank, la Deutsche Kredit
Gesellschaft; et la plus grosse compagnie
d'assurances d'Allemagne, l 'Allianz. Wilhelm Keppler, un des conseillers économiques d'Hitler, amena un certain nombre
d'industriels d'Allemagne du Sud et constitua également une société
particulière d'hommes d'affaires dévoués au chef des S.S.,
Himmler, intitulé le Cercle des Amis de l'Économie ( Freundenkreis
der Wirtschaft ), qui devint par la suite, le
Cercle des Amis du Reichsführer S.S., c'est-à-dire Himmler, et qui fournit des millions de marks à ce gangster pour
poursuivre ses « recherches » sur les origines des Aryens.
    Dès le début de sa carrière politique, Hitler avait été aidé sur
le plan financier — et mondain — par Hugo Bruckman, le riche éditeur de Munich,
et par Carl Bechstein, le facteur de pianos, dont les épouses respectives
portaient au jeune chef nazi une touchante affection. Ce fut dans l'hôtel
particulier de Bechstein, à Berlin, qu'Hitler rencontra pour la première fois
un grand nombre de personnalités du monde des affaires et de l'armée, et ce fut
là qu'eurent lieu quelques-uns des conseils secrets décisifs qui finirent par
le mener à la Chancellerie.
    Tous les hommes d'affaires allemands ne s'enrôlèrent pourtant
pas sous la bannière d'Hitler après le triomphe nazi aux élections de 1930. Funk rappelle que les grandes entreprises électriques Siemens et
A.E.G. demeurèrent réservées, tout comme le roi des fabricants de munitions, Krupp von Bohlen und Halbach. Fritz Thyssen, dans
ses mémoires, déclare que Krupp était « violemment opposé
» à Ritter et que, jusqu'au jour où Hindenburg le nomma
chancelier, Krupp ne cessa de mettre en garde le vieux maréchal contre une
telle folie. Krupp toutefois ne tarda pas à comprendre et devint bientôt, pour
reprendre la formule de Thyssen repentant, « un super-nazi (15) ».
    Il est évident que, dans sa dernière étape vers le pouvoir,
Hitler

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