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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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les
intérêts du peuple. Pourtant nous voyons encore les officiers de notre armée se
poser la question de savoir jusqu'où l'on peut aller avec la social-démocratie.
Mais, mes chers messieurs, croyez-vous vraiment avoir rien de commun avec une
idéologie qui prône la dissolution de tout ce qui est la base de l'existence
d'une armée?
    C'était une manœuvre habile pour se gagner l'appui des officiers
de l'armée qui, comme le croyaient la plupart d'entre eux, et comme Hitler
maintenant le répétait pour la centième fois, estimaient avoir été poignardés
dans le dos et trahis par cette République même qu'ils soutenaient aujourd'hui
et qui, en outre, n'éprouvait aucune tendresse pour la caste militaire et pour
tout ce qu'elle représentait. Puis, avec des paroles qui annonçaient ce que
lui-même ferait un jour, il mit en garde les officiers contre ce qui leur
arriverait si les marxistes triomphaient des nazis. Si cela se produisait,
déclara-t-il,
    Vous pourrez écrire : « Fin de l'armée allemande. » Car
alors, messieurs, il vous faudra vous mêler de politique... vous pourrez alors
devenir les hommes de main du Régime et ses commissaires politiques, et, si
vous ne marchez pas droit, vos femmes et vos enfants seront jetés en prison.
Et, si cela ne suffit pas, on vous chassera de l'armée et peut-être on vous
mettra le dos à un mur (11)...
    Relativement peu de gens entendirent ce discours, mais, afin de
le répandre dans les milieux de l'armée, le Völkischer
Beobachter le publia in extenso dans une
édition spéciale destinée à l'armée, et il fut longuement commenté dans les
colonnes d'un magazine mensuel nazi, le Deutscher Wehrgeist , un périodique consacré aux questions militaires qui venait
d'être créé.
    En 1927, l'armée avait interdit le recrutement de nazis parmi
les cent mille hommes de la Reichswehr et s'était même
opposée à ce que l'on employât des nazis comme travailleurs civils dans les
arsenaux et les dépôts de matériel. Mais, au début de 1930, il devint évident
que la propagande nazie faisait des progrès dans l'armée, surtout parmi les jeunes
officiers, dont beaucoup étaient attirés non seulement par le nationalisme
fanatique d'Hitler, mais par les perspectives qu'il ouvrait de rendre à l'armée
sa gloire et son importance d'antan, ce qui donnerait des possibilités
d'avancement inconcevables dans une force militaire aussi réduite que celle de
l'époque.
    L'infiltration nazie dans les services de l'armée devint assez
sérieuse pour contraindre le général Grœner, alors ministre de la Défense, à
publier, le 22 janvier 1930, un ordre du jour rappelant un avertissement
similaire adressé à l'armée par le général von Seeckt à la veille du putsch de
Munich, sept ans plus tôt. Les nazis, déclara-t-il, voulaient s'emparer du
pouvoir. « Ils cherchent donc à se gagner la Wehrmacht. Afin
de l'utiliser aux fins politiques de leur parti, ils s'efforcent de nous faire
croire que les nationaux-socialistes à eux seuls représentent la puissance
vraiment nationale. » Il demandait aux soldats de s'abstenir de toute activité
politique et de « servir l'État » indépendamment de toute querelle partisane.
    On s'aperçut peu après que certains des jeunes officiers de la Reichswehr ne s'abstenaient pas de toute activité politique, ou
du moins pas d'activité nazie, ce qui provoqua de furieuses réactions en
Allemagne, des discussions aux échelons les plus élevés des cadres de l'armée
et le ravissement le plus complet dans le camp nazi. Au printemps 1930, trois
jeunes lieutenants, Ludin, Scheringer et Wendt, de la garnison d'Ulm, furent
arrêtés pour avoir répandu les doctrines nazies dans l'armée, et pour avoir
essayé de convaincre leurs camarades officiers qu'en cas de révolte armée des
nazis ils n'ouvriraient pas le feu sur les rebelles.
    C'était là de la haute trahison, mais le général Grœner, ne
désirant pas mettre en lumière le fait que la trahison existait dans l'armée,
s'efforça d'étouffer l'affaire, en faisant comparaître les accusés devant une
cour martiale pour simple manquement à la discipline. Mais le geste du
lieutenant Scheringer, qui réussit à faire parvenir au Völkischer Beobachter un article
véhément, rendit la chose impossible. Une semaine après les succès nazis aux
élections de septembre 1930, les trois officiers subalternes furent cités
devant la Cour suprême de Leipzig, sous l'inculpation de haute trahison.

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