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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Parmi
leurs défenseurs se trouvaient deux avocats nazis qui montaient, Hans Frank et
le docteur Carl Sack [48] .
    Ce ne furent pourtant ni les avocats ni les accusés qui
tinrent la vedette au procès, mais Adolf Hitler. Il fut cité par Frank comme
témoin. Sa comparution représentait un risque calculé. Il serait embarrassant
de désavouer les trois lieutenants dont les activités étaient la preuve que des
sentiments pronazis se développaient dans l'armée, sentiments qu'il n'entendait
pas décourager. Mais il était embarrassant également que les efforts nazis pour
circonvenir l'armée eussent été découverts. Il ne convenait pas non plus à sa
tactique du moment que le ministère public accusât le Parti nazi d'être une
organisation révolutionnaire désireuse de renverser le gouvernement par la
force.
    Pour parer à cette dernière accusation, Hitler était convenu
avec Frank de témoigner pour la défense. Mais, en réalité, le Führer avait un objectif beaucoup plus important. Il
s'agissait, en tant que chef d'un mouvement qui venait de remporter aux
élections un étourdissant triomphe populaire, d'assurer l'armée, et
principalement ses chefs, que le national socialisme, loin de constituer une
menace pour la Reichswehr, comme pouvait le faire croire le procès des trois
lieutenants, représentait en fait son salut et le salut de l'Allemagne.
    Du haut de cette tribune nationale que lui fournissait la barre
des témoins, Hitler fit bon usage de tous ses talents oratoires et de son sens
subtil de la stratégie politique, et si son magistral exposé était
effectivement trompeur, rares furent ceux en Allemagne, même parmi les
généraux, qui parurent s'en rendre compte. Hitler assura catégoriquement au
tribunal (et aux officiers de l'armée) que ni le S.A., ni le parti ne luttaient
contre l'armée. « J'ai toujours estimé, déclara-t-il, que toute tentative pour
remplacer l'armée était de la folie. Personne n'a aucun intérêt à remplacer
l'armée... nous veillerons, quand nous serons parvenus au pouvoir, à ce que de
la Reichswehr d'aujourd'hui sorte une grande armée du peuple allemand. »
    Il répéta au tribunal (et aux généraux) que le Parti nazi ne
cherchait à s'emparer du pouvoir que par des moyens constitutionnels et que les
jeunes officiers avaient tort s'ils s'attendaient à une rébellion armée.
    Notre mouvement n'a pas besoin de recourir à la force. Le
temps viendra où la Nation allemande comprendra nos idées : alors 35 millions
d'Allemands seront debout derrière moi. ...Quand nous posséderons effectivement
les droits constitutionnels, alors nous formerons l'État de la façon qui nous
semblera la bonne.
    Le Président de la Cour : Cela aussi par des moyens
constitutionnels ?
    Hitler : Oui.
    Mais Hitler, bien qu'il s'adressât surtout à l'armée et aux
autres éléments conservateurs d'Allemagne, devait tenir compte de la ferveur
révolutionnaire de ses propres partisans. Il ne pouvait les abandonner comme il
avait abandonné les trois accusés. Il saisit donc l'occasion qui se présentait
quand le président du Tribunal lui rappela une déclaration qu'il avait faite en
1923, un mois avant son putsch manqué, lorsqu'il avait dit : « Les têtes
rouleront dans le sable. » Le chef nazi reniait-il aujourd'hui ses propos ?
    Je puis vous assurer, répondit Hitler, que, quand le
Mouvement national socialiste sera victorieux, alors il y aura également une
cour de justice nationale socialiste. Alors la révolution de novembre 1918 sera
vengée, et des têtes rouleront (12)!
    Nul ne peut dire qu'Hitler n'annonça pas ce qu'il ferait s'il
arrivait au pouvoir, mais le public qui assistait à l'audience en était
apparemment ravi, car on applaudit longuement et bruyamment cette menace et,
bien que le président n'approuvât pas cette interruption, ni lui ni le
procureur ne commenta la remarque. Elle eut droit aux manchettes des journaux
de toute l'Allemagne et de nombreux quotidiens étrangers. Les sensationnelles
déclarations d'Hitler faisaient oublier le procès qui se jugeait. Les trois
jeunes officiers, leur zèle pour le national socialisme ayant été désavoué par
le chef suprême du national socialisme lui-même, furent déclarés coupables de
haute trahison et condamnés à la modeste peine de dix-huit mois de forteresse
(dans l'Allemagne républicaine les châtiments sévères dans les cas de trahison
étaient réservés à ceux qui soutenaient la République) [49] .
    Le

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