Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
une petite mais luxueuse garçonnière
de la Badischestrasse, à Berlin — sa femme, épileptique, et qu'il adorait,
était maintenant atteinte de tuberculose et n'avait pu quitter la Suède — et il
exerçait les fonctions de conseiller auprès de diverses compagnies aériennes, dont
la société allemande Lufthansa, tout en cultivant ses relations mondaines. Ces
relations étaient très étendues et allaient de l'ex-kronprinz et du prince
Philippe de Hesse, qui avait épousé la princesse Mafalda, fille du roi
d'Italie, à Fritz Thyssen et autres grands seigneurs des affaires, sans compter
un grand nombre d'officiers en vue.
    C'étaient là les relations qui manquaient à Hitler, mais dont il
avait besoin, et Gœring s'employa bientôt à présenter le chef nazi à ses amis,
tout en s'efforçant de lutter dans la haute société contre la mauvaise
réputation qui entourait quelques-uns des ruffians en chemise brune. En 1928,
Hitler choisit Gœring pour être un des douze députés nazis à représenter le
parti au Reichstag, dont il devint président lorsque les nazis constituèrent le
parti le plus important de l'assemblée en 1932. Ce fut à la résidence
officielle du président du Reichstag que se tinrent bon nombre de réunions et
que l'on mit au point des intrigues qui aboutirent en fin de compte au triomphe
du parti, et ce fut là — si l'on veut anticiper quelque peu sur les événements
— que fut conçu un plan qui permit à Hitler de demeurer au pouvoir une fois
nommé chancelier : l'incendie du Reichstag.
    Ernst Rœhm avait rompu avec Hitler en 1925 et s'en était allé
peu après rejoindre les rangs de l'armée bolivienne avec le grade de
lieutenant-colonel. Vers la fin de 1930, Hitler lui demanda de revenir pour
reprendre le commandement des S.A., dont le contrôle lui échappait. Les membres
des S.A., et même les chefs, semblaient croire à une révolution nazie par la
violence et parlaient de plus en plus souvent de descendre dans la rue pour
molester, voire pour tuer, leurs adversaires politiques. Aucune élection,
nationale, provinciale ou municipale ne pouvait avoir lieu sans de sanglantes
batailles de rues.
    Il faut mentionner ici en passant l'un de ces incidents, car il
fournit au national socialisme son plus grand martyr. Parmi les chefs des S.A.
de Berlin se trouvait un nommé Horst Wessel, fils d'un pasteur protestant, qui
avait quitté sa famille et ses études pour aller vivre dans un taudis avec une
ancienne prostituée et consacrer sa vie à lutter pour le nazisme. Nombre
d'anti-nazis prétendirent toujours que le jeune homme gagnait sa vie comme
souteneur, mais peut-être cette accusation était-elle exagérée.
    En tout cas, il fréquentait volontiers des souteneurs et des
prostituées. Il fut assassiné par des communistes en février 1930 et il aurait
sombré dans l'oubli avec des centaines d'autres victimes des deux camps dans
les combats de rues s'il n'avait pas laissé derrière lui une chanson dont il
avait composé les paroles et la musique. C'était le Horst Wessel , qui
devint bientôt le chant officiel du Parti nazi et plus tard le second hymne
national — après Deutschland über Alles — du Troisième Reich. Horst Wessel lui-même,
grâce à l'habile propagande du docteur Goebbels, devint
l'un des grands héros de légende du mouvement, salué comme un pur idéaliste qui
avait donné sa vie à la cause.
    Au moment où Rœhm prit la tête des S.A., Gregor
Strasser était incontestablement le numéro 2 du Parti nazi. Orateur
véhément et brillant organisateur, il dirigeait la plus importante section du
parti, l'Organisation politique, poste qui lui donnait une grande influence sur
les chefs de provinces et de districts dont il supervisait les efforts. Avec
son caractère de Bavarois bonhomme, il était le chef le plus populaire du parti
après Hitler et, contrairement au Führer, il jouissait de
la confiance et même de la sympathie de la plupart de ses adversaires
politiques.
    Il y avait bien des gens à cette époque, au sein et à
l'extérieur du parti, qui croyaient que Strasser pourrait
bien un jour supplanter le chef autrichien capricieux et aux réactions
imprévisibles. Cette opinion prévalait notamment dans la Reichswehr et au palais présidentiel. Otto, le frère de Gregor
Strasser, n'était plus tout à fait dans la ligne. Malheureusement pour
lui, il avait pris au sérieux non seulement le mot « socialiste », mais le mot
« travailleurs » dans le nom

Weitere Kostenlose Bücher