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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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politique. Le chef des
Jeunesses du Reich était Baldur von Schirach, un jeune
homme à l'esprit romanesque et organisateur énergique, dont la mère était
Américaine et dont le grand-père, officier de l'Union, avait perdu une jambe à
la bataille de Bull Run; il confia à ses geôliers
américains de Nuremberg qu'il était devenu antisémite à l'âge de dix-sept ans,
après avoir lu un livre intitulé le Juif éternel de Henry Ford.
    Il y avait aussi Alfred Rosenberg, le lourd
pseudo-philosophe balte, qui, comme nous l'avons vu, avait été l'un des
premiers mentors d'Hitler et qui, depuis le putsch de 1923, avait produit un
flot de livres et de brochures aussi confus dans la forme que dans le fond, et
dont l'aboutissement était un ouvrage de sept cents pages intitulé le Mythe
du XXe Siècle . C'était une ridicule concoction de ses idées primaires sur
la suprématie nordique exposées comme la fine fleur de ce que l'on considérait
comme de l'érudition dans les cercles nazis : un livre dont Hitler disait
souvent en riant qu'il avait essayé sans succès de le lire et qui incita
Schirach, qui se prenait lui-même pour un écrivain, à observer un jour que Rosenberg était « un homme qui vendait plus d'exemplaires d'un
livre que personne n'avait lu que n'importe quel autre auteur », car, dans les
dix premières années qui suivirent sa publication en 1930, on vendit plus d'un
demi-million d'exemplaires. Depuis le début jusqu'à la fin, Hitler eut toujours
un faible pour cet homme stupide et maladroit, il le
récompensa en lui conférant divers postes dans le parti, comme celui de
rédacteur en chef du Völkischer Beobachter , ainsi que d'autres publications nazies, et il le désigna
également comme un des députés du parti au Reichstag en
1930, où il représentait le mouvement à la commission des Affaires étrangères.
    Tel était le conglomérat d'hommes qui entouraient le chef des
nationaux-socialistes. Dans une société normale, ils auraient certainement
constitué un grotesque assemblage d'inadaptés. Mais, dans le chaos des derniers
jours de la République, ils commencèrent à apparaître aux yeux de millions
d'Allemands désorientés comme des sauveurs. Et ils avaient sur leurs
adversaires deux avantages : ils étaient dirigés par un homme qui savait
exactement ce qu'il voulait et ils étaient assez décidés et assez opportunistes
pour être capables de tout afin de l'aider à parvenir à ses fins.
    L'année 1931 s'écoulait dans le malaise; 5 millions de
travailleurs étaient en chômage, la ruine menaçait les classes moyennes, les
fermiers étaient incapables de faire face aux paiements de leurs hypothèques,
le parlement était paralysé, le gouvernement piétinait, le président, avec ses
quatre-vingt-quatre ans, sombrait dans les ténèbres de la sénilité et, devant
tout cela, la confiance s'affirmait dans le cœur des chefs nazis qu'ils
n'auraient pas longtemps à attendre. Comme le déclarait publiquement Gregor
Strasser : « Tout ce qui sert à précipiter la catastrophe... est bon, très bon
pour nous et pour notre révolution allemande. »

6 -
LES DERNIERS JOURS DE LA REPUBLIQUE
1931-1933
    De la tourmente et
du chaos de la vie allemande émergea alors un étrange et tortueux personnage
qui, plus que tout autre, était destiné à creuser le tombeau de la République :
un homme qui devait en être l'éphémère et dernier chancelier et qui, par une
cruelle ironie du sort, devait, dans l'un des derniers sursauts de sa
stupéfiante carrière, essayer désespérément de la sauver, quand il était trop
tard. C'était Kurt von Schleicher, dont le nom en allemand signifie « intrigant
» ou « serpent ». En 1931, il était lieutenant général dans l'armée [50] .
    Né en 1882, il était entré dans l'armée à dix-huit ans, comme
officier subalterne dans le vieux régiment de Hindenburg, le 3e gardes à pied,
où il devint un ami intime d'Oskar von Hindenburg, le fils du
maréchal-président. Une autre amitié se révéla presque aussi précieuse :
c'était celle du général Grœner, qui fut frappé par ses dons lorsqu'il était
étudiant à l'Académie de Guerre, et qui, quand il remplaça Ludendorff au grand
quartier général en 1918, amena le jeune officier pour lui servir d'aide de
camp. Avant tout « officier de bureau » — il n'avait fait qu'un bref séjour sur
le front russe — Schleicher demeura par la suite toujours proche des sources du
pouvoir dans l'armée de la

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