Le Troisième Reich, T1
officiel du parti : Parti national socialiste des
Travailleurs allemands. Il avait soutenu certaines grèves des syndicats
socialistes et demandé que le parti prît position en faveur de la
nationalisation de l'industrie.
C'était, bien entendu, de l'hérésie pour Hitler, qui accusa Otto Strasser de professer les péchés cardinaux de « Démocratie
et Libéralisme ». Le 21 et le 22 mai 1930, le Führer eut
une explication avec son lieutenant rebelle et exigea une totale soumission.
Comme Otto refusait, il fut expulsé du parti. Il essaya de former un mouvement
« socialiste » véritablement national, l'Union des socialistes nationaux
révolutionnaires, qui. se fit connaître sous le nom de Front Noir, mais, aux
élections de septembre, ce nouveau parti ne parvint absolument pas à enlever à
Hitler un nombre appréciable de voix nazies.
Gœbbels, le quatrième des cinq grands de l'entourage d'Hitler,
était resté l'ennemi et le rival de Gregor Strasser depuis
leur rupture en 1926. Deux ans plus tard, il avait succédé à Strasser comme chef de la propagande du parti, quand celui-ci avait été nommé
chef de l'Organisation politique. Il était resté Gauleiter de
Berlin, et les succès qu'il avait obtenus là-bas pour le parti, aussi bien que
ses talents de propagandiste, avaient favorablement impressionné le Führer.
Son éloquence habile mais mordante et son esprit agile ne lui
avaient par contre pas valu la sympathie des autres lieutenants d'Hitler, qui
se méfiaient de lui. Mais le chef nazi était enchanté de voir des rivalités
opposer entre eux ses principaux subordonnés, ne serait-ce que parce que cela
les empêchait de conspirer ensemble contre lui. Il n'avait jamais eu toute
confiance en Strasser, mais il était sûr de la loyauté de Goebbels; en outre, le petit boiteux fanatique bouillonnait d'idées
qui lui étaient utiles. Enfin, les talents de Gœbbels comme journaliste — il
avait maintenant un quotidien berlinois à lui, Der Angriff , pour s'exprimer — et comme orateur capable de toucher les
foules faisaient de lui une précieuse recrue pour le parti.
Wilhelm Frick, le cinquième et dernier
membre du groupe, en était la seule personnalité incolore. C'était le
fonctionnaire allemand type. En tant que jeune officier de police à Munich
avant 1923, il avait été l'un des espions d'Hitler à la Direction de la police,
et le Führer lui en avait toujours gardé une certaine
reconnaissance. Il s'était souvent chargé de tâches ingrates. A l'instigation
d'Hitler, il était devenu le premier nazi à être gouverneur de province — en
Thuringe — et plus tard il devint le chef du Parti nazi au Reichstag. Il était obstinément loyal, consciencieux et, grâce à sa nature effacée
et à ses manières suaves, il était utile dans les contacts avec les
fonctionnaires du gouvernement républicain qui hésitaient encore.
Certains qui, dans les années 30, occupaient encore des postes
subalternes dans le parti allaient, par la suite, acquérir la notoriété et un
effrayant pouvoir personnel dans le Troisième Reich. Heinrich
Himmler, l'éleveur de volailles, qu'on aurait pu prendre avec son pince-nez
pour un doux et médiocre instituteur — il avait un diplôme d'agronomie de la Technische Hochschule de Munich — formait peu à peu la garde
prétorienne d'Hitler, les S.S. aux manteaux noirs. Mais il travaillait sous
l'ombre de Rœhm, qui commandait à la fois les S.A. et les S.S., et il n'était
guère connu, même dans les milieux du parti, en dehors de sa Bavière natale.
Il y avait le docteur Robert Ley, pharmacien de son état et
ivrogne invétéré, qui était le Gauleiter de Cologne, et Hans Frank, le jeune et brillant avocat, chef de la section
légale du parti. Il y avait aussi Walther Darré, né en 1895 en Argentine,
excellent agronome, qui fut conquis au national socialisme par Hess, et dont le
livre La Paysannerie comme source de vie de la race nordique attira sur
lui l'attention d'Hitler et le fit nommer à la tête du département
d'agriculture du parti. Rudolf Hess, lui-même, sans ambition personnelle et qui
portait au chef une fidélité de caniche, n'avait que le titre de secrétaire
particulier du Führer.
Le second secrétaire particulier était u n certain
Martin Bormann, une sorte de taupe humaine qui préférait fouiner dans les
recoins sombres de la vie du parti pour mener ses intrigues et qui avait jadis
fait un an de prison pour complicité dans un assassinat
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