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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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deviendrait ministre de l'Air dès que
l'Allemagne aurait une aviation. On ne remarqua guère la nomination de Gœring
au poste de ministre de l'Intérieur de Prusse, charge qui lui donnait le
contrôle de la police prussienne : pour le moment, l'attention du public se
concentrait sur le cabinet du Reich. Le nom de Gœbbels, à la surprise de
beaucoup, n'y figurait pas; pour l'instant, on le laissait tomber.
    Les ministères importants allèrent aux conservateurs, qui
étaient certains d'avoir muselé les nazis ; Neurath continua comme ministre des
Affaires étrangères; Blomberg était ministre de la Défense; Hugenberg prit les
ministères combinés de l'Économie et de l'Agriculture; Seltz, le chef du
Stahlhelm, fut nommé ministre du Travail; les autres ministères restèrent aux
mains « d'experts » sans appartenance politique, que Papen avait désignés huit
mois plus tôt. Papen, pour sa part, était Vice-Chancelier du Reich et Premier
ministre de Prusse, et Hindenburg lui avait promis de ne jamais recevoir le
chancelier qu'en présence du Vice-Chancelier. Cette position unique, il en
était certain, lui permettait de tenir la bride au chef nazi. Mais il y avait
plus : ce gouvernement avait été conçu, créé par Papen, et celui-ci était
certain qu'avec l'aide de l'inébranlable vieux président, qui était son ami,
son admirateur et son protecteur, et avec l'appui éclairé de ses collègues
conservateurs, qui l'emportaient en nombre sur les turbulents nazis, à raison
de 8 contre 3, il dominerait ce cabinet.
    Mais ce politicien superficiel et sans envergure ne connaissait
pas Hitler — personne en fait ne le connaissait — et il ne comprenait pas
davantage l'importance des forces qui l'avaient hissé au pouvoir. Et ni Papen,
ni personne d'autre, à l'exception d'Hitler, n'avait vraiment conscience de
l'inexplicable faiblesse, avoisinant maintenant la paralysie, des institutions
existantes — armée, églises, syndicats, partis politiques — ou de toute la
bourgeoisie non nazie et du prolétariat si bien organisé, dont l'ensemble,
comme l'observa tristement Papen beaucoup plus tard, « céderait si bien sans
combat ».
    Aucune classe, aucun groupe, aucun parti d'Allemagne ne pourrait
refuser sa part de responsabilité dans la chute de la République démocratique
et l'avènement d'Adolf Hitler. L'erreur majeure des Allemands opposés au
nazisme, c'était leur incapacité à faire front contre lui. Au sommet de leur
popularité, en juillet 1932, les nationaux-socialistes n'avaient obtenu que 37
pour 100 des voix. Mais les 63 pour 100 de la population allemande qui
exprimaient leur opposition à Hitler étaient bien trop divisés et imprévoyants
pour s'unir contre un danger commun dont ils auraient dû se douter qu'il les
balaierait à moins qu'ils ne s'unissent, même provisoirement, pour l'éliminer.
    Les communistes, à la demande de Moscou, consacraient toutes
leurs forces à la tâche stupide de détruire d'abord les sociaux-démocrates, les
syndicats socialistes et ce qui existait de force démocratique bourgeoise,
selon la théorie infiniment précaire que, bien que cette méthode conduisît à un
régime nazi, ce ne serait que provisoire et cela amènerait inévitablement
l'effondrement du capitalisme, après quoi les communistes prendraient le
pouvoir et instaureraient la dictature du prolétariat. Le fascisme, dans la
perspective marxiste-bolchévique, représentait le dernier stade d'un
capitalisme agonisant; après cela, le déluge communiste!
    Quatorze années de participation politique à la République,
quatorze années passées à accepter tous les compromis nécessaires pour
maintenir les gouvernements de coalition avaient sapé la force et l'ardeur des
sociaux-démocrates, si bien que leur parti n'était plus guère maintenant qu'un
organisme de pression opportuniste, décidé à marchander des concessions pour
les syndicats, qui constituaient leur principal appui. C'était peut-être vrai,
comme le disaient certains socialistes, que la fortune ne leur avait guère
souri : les communistes, sans scrupules et sans esprit démocratique, avaient
divisé la classe ouvrière ; la crise économique avait porté un nouveau coup aux
sociaux-démocrates, affaiblissant les syndicats et faisant perdre au parti le
soutien de millions de chômeurs qui, dans leur désespoir, se tournaient soit
vers les communistes, soit vers les nazis.
    Mais la tragédie des sociaux-démocrates ne pouvait

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