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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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nazie était politique et non pas économique. A
l'appui de ses paroles, Hitler évinça un certain nombre de « radicaux » nazis,
qui avaient essayé de prendre en main le contrôle des associations du patronat.
Il restaura Krupp von Bohlen et Fritz Thyssen aux postes de commande qu'ils
occupaient dans ces associations, prononça la dissolution de La Ligue de Combat
des Petits Boutiquiers, qui gênaient les grands magasins, et, à la place de
Hugenberg, nomma le docteur Karl Schmitt ministre de l'Économie. Schmitt était
le plus orthodoxe des hommes d'affaires, directeur général de l'Alliance, la
plus importante des compagnies d'assurances d'Allemagne. Schmitt n'hésita guère
à mettre fin aux projets des nationaux-socialistes qui avaient eu la naïveté de
prendre le programme du parti au sérieux.
    La déception fut immense parmi les humbles militants et
particulièrement dans les rangs des troupes d'assaut (S.A.). La majeure partie
de ces hommes venait de l'armée déguenillée et famélique où s'étaient coudoyés
chômeurs, petits-bourgeois ruinés et ratés professionnels. Devenus
anticapitalistes à la suite de leur terrible expérience, ils croyaient que
cette révolution, arrachée au prix de tant de batailles de rues, leur
apporterait un beau butin et de bonnes places, dans les affaires privées ou au
service du gouvernement. Voilà que leurs espoirs, après les excès et le délire
du printemps, se trouvaient sévèrement douchés! C'étaient les anciens du
mouvement, membres du parti ou non, qui allaient accaparer les bonnes places et
contrôler la distribution des nouveaux emplois. Toutefois, cette évolution
inattendue n'était pas l'unique raison de l'agitation qui s'étendait dans les
S.A.
    La vieille querelle opposant Hitler à Rœhm sur la position et
les objectifs des S.A. s'était brusquement ranimée. Dès les débuts du
mouvement, Hitler avait déclaré que les S.A. devaient constituer une force
politique et non militaire : ils devaient fournir la violence physique, la
terreur, qui allait permettre au parti de se frayer sa route vers le pouvoir.
Pour Rœhm, les S.A. représentaient non seulement l'épine dorsale de la
révolution nationale socialiste, mais aussi le noyau de la future armée
révolutionnaire, qui serait pour Hitler ce qu'avaient été les armées de la
Révolution Française pour Napoléon. Il était temps de balayer enfin les
généraux prussiens — ces réactionnaires, ces vieux gâteux, comme il les
appelait — et de constituer enfin une armée vraiment révolutionnaire, une armée
populaire, commandée par lui-même et ses lieutenants, bagarreurs coriaces qui
avaient déjà conquis les rues et places des villes allemandes.
    Rien ne pouvait être plus éloigné des conceptions d'Hitler. Il
se rendait compte, plus clairement que Rœhm ou que n'importe quel autre nazi,
qu'il n'aurait pas pu parvenir au pouvoir sans l'appui, ou du moins sans la
tolérance des généraux de l'Armée, et que, pour le moment du moins, il avait
besoin, s'il entendait demeurer à la barre, de leur appui constant, puisqu'ils
détenaient encore le pouvoir de l'écarter si l'envie les en prenait. Hitler
pressentait aussi qu'il aurait besoin personnellement du loyalisme de l'armée
au moment crucial, qui ne pouvait être bien éloigné, où Hindenburg, le
commandant en chef, ce vieillard de quatre-vingt-six ans, passerait de vie à
trépas.
    En outre, le chef nazi était certain que seul le corps des
officiers, avec toutes ses traditions martiales et ses talents guerriers, serait
capable de réaliser son rêve de bâtir en peu de temps une force armée solide et
disciplinée. Les S.A. n'étaient qu'une bande, assez bonne pour le combat de
rue, mais qui ne valait rien en tant qu'armée moderne. D'ailleurs, les S.A.
avaient joué leur rôle, et il s'agissait maintenant de les évincer avec doigté.
Les opinions d'Hitler et de Rœhm étaient inconciliables et, de l'été de 1933 au
30 juin de l'année suivante, une lutte véritablement à mort devait se livrer
entre ces deux vétérans du Mouvement nazi qui étaient en même temps des amis
intimes. (Ernst Rœhm était le seul homme qu'Hitler tutoyât.)
    Rœhm exprima le profond sentiment de déception qui régnait dans
les rangs des troupes d'assaut lorsqu'il prit la parole devant 15 000 officiers
de S.A. au Sportpalast de Berlin, le 5 novembre 1933. « On entend souvent
dire... que les S.A. ont perdu toute raison d'existence » déclara-t-il,

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