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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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n'était pas une victoire, car les ennemis faisaient défaut
», écrivit Oswald Spengler, observant avec quelle facilité
Hitler avait conquis et nazifié l'Allemagne en 1933. « Cette prise du pouvoir,
écrivit, au début de l'année 1933, l'auteur du Déclin de l'Occident ,
c'est avec appréhension que je la vois célébrée chaque jour avec fracas. Il
vaudrait mieux réserver cela pour un jour de succès réels et définitifs,
c'est-à-dire sur le plan étranger. Il n'y a pas d'autres vrais succès (24). »
    Le philosophe historien, qui, pour une brève période, fut
l'idole des nazis jusqu'à ce que s'opérât un désenchantement mutuel, avait tort
de s'impatienter. Hitler devait conquérir l'Allemagne avant de pouvoir se
lancer à la conquête du monde. Mais, une fois ses adversaires allemands
éliminés — quand ils ne s'étaient pas éliminés tout seuls — il ne tarda pas à
s'attaquer à ce qui l'avait toujours intéressé le plus : les affaires
étrangères.
    On aurait difficilement pu imaginer pire que la position de
l'Allemagne dans le monde au printemps 1933. Le Troisième Reich était
isolé sur le plan diplomatique et impuissant sur le plan militaire. Le monde
entier avait été révolté par les excès nazis, et particulièrement par la
persécution des Juifs. Les voisins de l'Allemagne, notamment la France et la
Pologne, étaient hostiles et méfiants et, dès mars 1933, à la suite d'une
manifestation militaire à Dantzig, le maréchal Pilsudski expliquait aux
Français combien une guerre préventive franco-polonaise contre l'Allemagne
pourrait être souhaitable.
    Même Mussolini, malgré ses gestes de bon accueil envers une
seconde puissance fasciste, n'avait en fait guère manifesté d'enthousiasme à
voir Hitler arriver au pouvoir. Le Führer d'un pays
potentiellement beaucoup plus fort que l'Italie risquait de porter bientôt
ombrage au Duce. Un Reich pan-allemand aurait des desseins sur l'Autriche et
les Balkans, où le dictateur italien avait déjà formulé des revendications.
L'hostilité envers l'Allemagne nazie de l'Union Soviétique, qui avait été
l'unique amie de l'Allemagne républicaine depuis 1921, était évidente. Le
Troisième Reich était bel et bien sans amis dans un monde hostile. Et il était
désarmé, ou relativement, par rapport à ses voisins puissamment armés.
    La stratégie et la tactique immédiate de la politique étrangère
d'Hitler lui furent donc dictées par les dures réalités que représentait la
position de l'Allemagne, faible et isolée. Mais, par une ironie du sort, cette
situation lui fournissait également des buts naturels qui correspondaient aux
désirs les plus profonds du Führer et à ceux de la vaste majorité du peuple
allemand : se débarrasser des chaînes de Versailles sans provoquer de sanctions,
réarmer sans risquer la guerre. Ce serait seulement quand il serait parvenu à
ces deux buts à courts termes qu'il aurait la liberté et la puissance militaire
de mener à bien la diplomatie à long terme dont il avait exposé les buts et les
méthodes avec une telle franchise et une telle abondance de détails dans Mein
Kampf .
    La première chose à faire était manifestement de confondre les
adversaires de l'Allemagne en Europe en prêchant le désarmement et la paix et
de guetter un point faible dans leur armure collective. Le 17 mai 1933, Hitler
prononça devant le Reichstag son « discours de paix », un des plus grands de sa
carrière, un des chefs-d'œuvre de propagande mensongère, qui toucha
profondément le peuple allemand en l'unifiant derrière lui et qui fit une
impression profonde et favorable sur le monde extérieur. La veille, le
président Roosevelt avait adressé un vibrant message aux chefs d'États de 44
nations, exposant les projets et les espoirs des États-Unis en ce qui
concernait le désarmement et la paix, et demandant l'abolition de toutes les
armes offensives : bombardiers, tanks et artillerie lourde mobile. Hitler fut
prompt à répondre à la proposition du président et à en tirer le meilleur
parti.
    La proposition du président Roosevelt, dont j'ai eu
connaissance hier soir, mérite les plus chauds remerciements du gouvernement
allemand. Celui-ci est disposé à donner son accord à ce moyen de surmonter la
crise internationale... La proposition du président est un rayon de réconfort
pour tous ceux qui souhaitent collaborer au maintien de la paix... L'Allemagne
est absolument prête à renoncer à toute arme

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