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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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libre de réarmer
ouvertement. Mais il se montrait évasif au sujet de l'éventuelle signature d'un
Locarno oriental. Un tel traité lui lierait les mains dans la zone où
s'étendait principalement le Lebensraum allemand, ainsi qu'il l'avait toujours
prêché. Ne serait-il pas possible de détacher la Grande-Bretagne de la France
qui, ayant conclu des pactes d'assistance mutuelle avec la Pologne, la
Tchécoslovaquie et la Roumanie, s'intéressait davantage à la sécurité dans
l'Est de l'Europe? Hitler le croyait sans doute, car, dans la réponse
circonspecte qu'il donna aux ambassadeurs, il proposait que des discussions
bilatérales précédassent les entretiens généraux et invitait les Britanniques à
venir à Berlin pour avoir, avec eux, des conversations préliminaires.
    Sir John Simon accepta volontiers, et une réunion fut prévue
pour le 6 mars à Berlin. Deux jours avant cette date, la publication d'un Livre
Blanc britannique provoqua à la Wilhelmstrasse une violente explosion de feinte
colère. En réalité, le Livre Blanc apparut à la plupart des observateurs
étrangers se trouvant alors à Berlin comme un document fort modéré sur le
réarmement clandestin de l'Allemagne, dont l'accélération avait incité la
Grande-Bretagne à accroître le sien, dans des proportions d'ailleurs modestes.
Mais sa publication avait, disait-on, mis Hitler hors de lui. La veille même de
son départ pour Berlin, Sir John Simon était informé par von Neurath que le
Führer avait « pris froid » et que les conversations étaient remises à plus
tard.
    Qu'il eût pris froid ou non, Hitler était certainement fou de
rage. Et si, emporté par sa colère, il se livrait à un coup d'audace, la
présence de Simon et d'Eden serait fort embarrassante. Il pensait, en effet, avoir
trouvé un prétexte pour assener un coup mortel au Diktat de Versailles. Le
gouvernement français venait de voter une loi portant de dix-huit mois à deux
ans la durée du service militaire, en raison du faible nombre de jeunes gens
nés au cours de la première guerre mondiale. Le 10 mars, Hitler lança un ballon
d'essai afin de voir quelle serait la réaction des Alliés. L'obligeant Ward
Price fut convoqué, et Goering lui accorda une interview dans laquelle il lui
déclara officiellement ce que tout le monde savait, c'est-à-dire que
l'Allemagne possédait une aviation militaire. Hitler attendit avec confiance la
réaction de Londres en présence de cette abrogation unilatérale du Traité de
Versailles. Elle fut telle qu'il s'y attendait. Sir John Simon déclara devant
les Communes qu'il comptait toujours se rendre à Berlin.

UNE SURPRISE DU SAMEDI
    Le samedi 16 mars — c'était en général le samedi qu'Hitler nous
ménageait ses surprises — le chancelier édicta une loi établissant le service
militaire obligatoire et prévoyant pour le temps de paix une armée composée de
12 corps et de 36 divisions, — environ 500 000 hommes. C'était la fin des
restrictions militaires imposées par le Traité de Versailles — à moins d'une
riposte énergique des Franco-Britanniques. Comme Hitler l'avait prévu, les deux
puissances se bornèrent à protester, sans prendre aucune mesure. En fait, le
gouvernement britannique s'empressa de demander à Berlin si Hitler consentait
encore à recevoir son ministre des Affaires étrangères, question à laquelle le
dictateur répondit aimablement par l'affirmative.
    Le dimanche 17 mars fut un jour de réjouissance et de fête en
Allemagne. Les entraves du Traité de Versailles, symbole de la défaite et de
l'humiliation de l'Allemagne, avaient été rejetées. Même s'il haïssait Hitler
et son gouvernement, un Allemand ne pouvait manquer de reconnaître que le
Führer avait accompli ce qu'un gouvernement républicain n'aurait jamais osé
tenter. Aux yeux de la plupart des Allemands, la nation avait retrouvé son
honneur. Ce dimanche était aussi le jour consacré au souvenir des héros ( Heldengedenktag ).
    Je me rendis à la cérémonie qui se déroula à midi, et j'assistai
là à une scène que l'Allemagne n'avait pas revue depuis 1914. Le parterre tout
entier était une mer d'uniformes militaires, où les tuniques d'un gris fané et
les casques à pointe de l'ancienne armée impériale se mêlaient aux costumes de
la nouvelle armée, parmi lesquels on remarquait les uniformes bleu-ciel de la
Luftwaffe, qu'on n'avait guère eu l'occasion de voir jusqu'alors. Aux côtés
d'Hitler se trouvait le

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