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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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taraudait les yeux, comparée à cette catastrophe ? »
    Et plus loin : « Mon destin m’apparut alors clairement :
j’allais m’engager dans la politique (6). »
    Une décision qui devait se révéler capitale pour Hitler lui-même
comme pour le monde entier.

LES DEBUTS DU MOUVEMENT
    Les perspectives d’une carrière politique en Allemagne n’étaient
guère favorables pour cet Autrichien de trente ans, sans amis ni argent, sans
emploi, ni métier, sans même un certificat de travail, et dépourvu de toute
expérience dans la voie où il voulait se lancer. Hitler le comprit tout de
suite. « Des journées durant, dit-il, je me demandais que faire, mais
toute méditation à ce sujet m’amenait à conclure sagement que, inconnu comme je
l’étais, je ne possédais aucune base pour entreprendre une activité d’une utilité
quelconque (7). »
    Revenu à Munich à la fin de novembre 1918, il trouva sa ville
adoptive changée au point d’être méconnaissable. Là aussi, la Révolution avait
éclaté, entraînant l’abdication du souverain de la dynastie des Wittelsbach. La
Bavière était aux mains des sociaux-démocrates, qui établirent un « État
populaire » dirigé par Kurt Eisner, écrivain juif de renom, natif de
Berlin. Le 7 novembre, Eisner, silhouette familière aux Munichois à cause
de sa grande barbe grise, de son pince-nez, de son immense chapeau noir et de
sa petite taille, parcourut la ville à la tête de quelques centaines d’hommes
et, sans qu’un coup de feu eût été tiré, occupa le parlement et le palais du
gouvernement.
    Le jour même, il proclama la République. Il fut assassiné trois
mois plus tard par un jeune officier appartenant à la droite, le comte Anton
Arco-Valley. Les ouvriers instaurèrent alors un régime de genre soviétique, qui
dura peu. Le 1er mai 1919, des troupes régulières envoyées de Berlin et
des volontaires d’un « corps franc » ( Freikorps ) bavarois
entrèrent dans Munich et renversèrent le régime communiste, massacrant
plusieurs centaines de personnes (dont beaucoup n’appartenaient pas au parti) en
représailles de l’exécution d’une douzaine d’otages par le Soviet. Un gouvernement
social-démocrate fut nominalement et provisoirement établi, mais le pouvoir
politique réel en Bavière passa à la droite.
    Quels étaient donc les éléments constitutifs de la droite, dans
ce royaume et à cette époque chaotique ? C’était l’armée régulière, c’est-à-dire
la Reichswehr, et les monarchistes qui souhaitaient le retour des Wittelsbach ;
c’était aussi une foule de conservateurs qui méprisaient la République
démocratique instaurée à Berlin. Et, de plus en plus, ce fut surtout la grande
masse des démobilisés qui avaient perdu pied en 1918, déracinés, réduits au
chômage et incapables de se reclasser dans la société pacifique quittée en 1914,
hommes rendus brutaux et violents par la guerre, peu désireux de secouer les
habitudes prises. Hitler, qui fut quelque temps l’un d’eux, a dit plus tard qu’ils
étaient « devenus des révolutionnaires, partisans de la Révolution en soi
et désireux de la voir régner de façon permanente ».
    Des corps francs armés, surgis spontanément dans toute l’Allemagne,
furent équipés en secret par la Reichswehr. On commença en général par les
utiliser contre les Polonais et les Baltes sur les frontières orientales en
litige ; mais ils ne tardèrent pas à soutenir des complots visant au
renversement du régime républicain. En mars 1920, l’une de ces formations, commandée
par un aventurier, le capitaine Ehrhardt, occupa Berlin et permit au docteur
Wolfgang Kapp [15] ,
médiocre politicien d’extrême-droite, de se proclamer chancelier. L’armée
régulière, sous le général von Seeckt, ne broncha pas, tandis que le président
de la République et le gouvernement gagnaient en désordre l’Allemagne de l’Ouest.
Le cabinet ne fut restauré que grâce à une grève générale déclenchée par les
syndicats ouvriers.
    Au même moment eut lieu, à Munich, un coup d’État qui réussit
davantage. Le 14 mars 1920, la Reichswehr renversa le gouvernement
socialiste Hoffmann et le remplaça par un régime de droite ayant à sa tête
Gustav von Kahr. Dès lors, la capitale bavaroise attira comme un aimant toutes
les forces allemandes déterminées à abolir la République, à lui substituer un
système autocratique et à répudier le Diktat de Versailles.

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