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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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découvert la source de l'information reçue par les services secrets
britanniques et tchèques, selon laquelle des troupes allemandes se
concentraient sur la frontière tchèque. L'attention d'une Europe encore mal
remise du choc provoqué par l'occupation militaire de l'Autriche avait été
retenue par divers indices révélateurs. Le 19 mai, un journal de Leipzig avait
signalé des mouvements de troupes en Allemagne.
    Henlein, le Führer des Sudètes, avait annoncé le 9 mai que son
parti rompait toute négociation avec le gouvernement tchèque; l'on savait aussi
que le 14, en revenant de Londres, il s'était arrêté à Berchtesgaden pour voir
Hitler et qu'il y était encore. On signalait des échanges de coups de feu au
pays des Sudètes. Et pendant tout le mois de mai, la propagande du docteur
Gœbbels, montant en épingle des histoires extravagantes de « terreur tchèque »
déclenchée contre les Allemands des Sudètes, s'était faite plus violente que
jamais. La tension semblait près d'atteindre son point culminant.
    Bien qu'il y ait eu des mouvements de troupes allemandes à
l'occasion des manœuvres de printemps, en particulier dans les régions de
l'Est, on n'a jamais découvert, dans les documents allemands saisis après la
guerre, la preuve que de nouvelles et soudaines concentrations de forces armées
aient eu lieu sur la frontière tchèque à cette époque. Au contraire, deux
documents des Affaires étrangères allemandes, en date du 21 mai, contiennent
des assurances confidentielles, données à la Wilhelmstrasse par le colonel Jodl
de l'O.K.W., selon lesquelles il n'existait aucune concentration de ce genre en
Silésie ou en Basse-Autriche.
    Il n'y avait aucun mouvement de troupes, affirmait Jodl, dans
des messages qui n'étaient pas destinés à être lus par l'étranger, « en dehors des
manœuvres habituelles en temps de paix (9) ». Non pas que la frontière tchèque
fût dégarnie du côté allemand : comme nous l'avons vu, Hitler avait été informé
le 16 mai par l'O.K.W., en réponse à sa demande pressante de renseignements,
que 12 divisions allemandes étaient stationnées sur la frontière tchèque, «
prêtes à marcher dans un délai de douze heures ».
    Les services de renseignements tchèque ou britannique
auraient-ils eu vent de cet échange de télégrammes? Eurent-ils connaissance des
nouvelles directives relatives au cas vert, que le général Keitel soumit à
l'approbation d'Hitler le 20 mai? Il se peut, car le lendemain, le chef
d'état-major tchèque, le général Krejci, dit à l'attaché militaire allemand à
Prague, le colonel Toussaint, qu'il possédait « la preuve irréfutable qu'une
concentration de 8 à 10 divisions (allemandes) avait eu lieu en Saxe (10) ».
    Les chiffres relatifs au nombre des divisions n'étaient pas loin
de la vérité, bien que le renseignement sur l'endroit où elles étaient
déployées ne fût pas exact. Quoi qu'il en soit, dans l'après-midi du 20 mai, à
l'issue d'un conseil extraordinaire de cabinet, réuni au palais du Hradschin, à
Prague, sous la présidence de Benès, les Tchèques décidèrent une mobilisation
partielle immédiate. Une classe fut appelée sous les drapeaux, et certains
techniciens appartenant à la réserve furent mobilisés. Contrairement à ce
qu'avait fait le gouvernement autrichien deux mois plus tôt, le gouvernement
tchèque n'avait pas l'intention de céder sans combattre.
    La mobilisation tchèque, bien que partielle, mit Hitler en
fureur, et sa rage ne fit que croître quand il prit connaissance des dépêches
qui lui parvinrent à l'Obersalzberg, émanant du ministère des Affaires
étrangères à Berlin. On lui faisait savoir que les ambassadeurs britannique et
français étaient venus à maintes reprises à la Wilhelmstrasse pour avertir
l'Allemagne qu'une agression contre la Tchécoslovaquie déclencherait une guerre
européenne. Jamais encore les Allemands n'avaient subi une pression diplomatique
aussi énergique et aussi persistante que celle à laquelle ils furent soumis par
les Britanniques pendant ce week-end.
    Sir Neville Henderson, l'ambassadeur de Grande-Bretagne, que
Chamberlain avait envoyé à Berlin pour qu'il employât tous ses talents de
diplomate de carrière à apaiser Hitler et qui servait, en effet, les desseins
du Premier ministre avec un zèle extrême, venait à chaque instant à la
Wilhelmstrasse pour s'enquérir des mouvements de troupes et donner des conseils
de prudence. Sans

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