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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Tchécoslovaquie sera effacée de la
carte, c'est ma volonté formelle (13)! » Le cas vert fut une fois de plus remis
à l'étude et revisé.
    Dans son journal, Jodl analyse le cheminement des pensées
tumultueuses qui se pressaient dans l'esprit vindicatif d'Hitler.
    Le Führer, jusqu'ici résolu à ne pas envenimer le problème
tchèque, a changé d'avis en raison des concentrations stratégiques de troupes
auxquelles les Tchèques ont procédé le 20 mai, en l'absence de toute menace
allemande et sans la moindre cause. La retenue observée jusqu'ici par
l'Allemagne a entraîné pour le Führer une perte de prestige, qu'il n'est plus
disposé à subir une seconde fois. Par conséquent, il a été établi le 30 mai une
nouvelle directive en vue de l'exécution du cas vert (14).
    Dans ses détails, cette nouvelle directive, signée le 30 mai par
Hitler, ne différait pas essentiellement de la version qui lui avait été
soumise neuf jours plus tôt. On y relève pourtant deux changements importants.
Alors que la directive du 21 mai s'ouvrait par la phrase suivante : « Il n'est
pas dans mes intentions d'écraser la Tchécoslovaquie dans un avenir proche »,
le nouveau texte débutait ainsi : « J'ai pris la décision irrévocable
d'écraser la Tchécoslovaquie par une action militaire dans un avenir proche. »
    Qu'entendait-il par « un avenir proche »? Une lettre annexe de
Keitel répondait à la question : « L'exécution du cas vert, ordonne-t-il, doit
être assurée le 1er octobre 1938 au plus tard (15). »
    Cette date, Hitler allait la maintenir, contre vents et marées,
à travers des crises successives, jusqu'au seuil de la guerre, sans jamais
fléchir.

INDECISIONS DES GENERAUX
    Après avoir noté dans son journal du 30 mai qu'Hitler avait
signé les nouvelles directives concernant le cas vert et précisé que le plan
remanié prévoyait « une percée immédiate en Tchécoslovaquie, le jour J..., à la
suite de quoi les dispositions antérieurement prévues par l'armée doivent subir
d'importantes modifications », Jodl ajoutait la phrase suivante :
    Le contraste devient une fois de plus violent entre l'intuition
du Führer qui affirme que nous devons agir cette année et l'opinion de
l'armée, selon laquelle nous ne le pouvons pas encore, étant donné que les
puissances occidentales interviendront très certainement et que nous ne sommes
pas encore aussi forts qu'elle (16).
    Le perspicace officier d'état-major de la Wehrmacht mettait là le doigt sur une nouvelle divergence entre Hitler et certains
des plus hauts officiers de l'armée. L'opposition aux grandioses plans
d'agression du Führer était menée par le général Ludwig Beck, chef de l'état-major général, qui dorénavant
organiserait les rares tentatives de résistance qui se manifesteraient contre
Hitler dans le Troisième Reich. Par la suite, ce général
sensible, intelligent, probe, mais indécis, fonderait sur de graves raisons sa
lutte contre le dictateur nazi. Mais jusqu'au printemps de 1938, après plus de
quatre ans de national-socialisme, c'est pour de simples motifs professionnels
que Beck était en opposition avec le Führer. L'Allemagne, estimait-il, n'était pas encore assez forte pour lutter
contre les puissances occidentales et peut-être contre la Russie en même temps.
    Nous l'avons vu, Beck avait accueilli
favorablement l'arrivée d'Hitler au pouvoir et publiquement approuvé le Führer d'avoir rétabli la conscription, au mépris du Traité de
Versailles. On se souviendra aussi que, jusqu'en 1930, Beck, alors
obscur commandant d'un régime, avait défendu avec ardeur trois de ses
subalternes accusés de trahison pour avoir fait de la propagande nazie dans
l'armée; il avait d'ailleurs témoigné en leur faveur devant la Cour suprême,
après qu'Hitler eut paru à la barre pour affirmer que le jour où il
parviendrait au pouvoir « les têtes rouleraient ». Ce ne fut pas l'agression
hitlérienne contre l'Autriche — d'ailleurs approuvée par lui — qui semble lui
avoir ouvert les yeux, mais la machination ourdie par la Gestapo pour faire, si
l'on peut dire, rouler la tête du général von Fritsch. Désormais éclairé, il
commença à s'apercevoir que la politique d'Hitler, qui à chaque instant
risquait délibérément un conflit avec la Grande-Bretagne, la France et la
Russie, contre l'avis du haut état-major, entraînerait fatalement l'Allemagne à
sa perte.
    Beck avait eu connaissance de la rencontre
d'Hitler avec

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