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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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aucun doute, il était poussé par Lord Halifax et le Foreign
Office, car Henderson, diplomate aimable et courtois, avait peu de sympathie
pour les Tchèques : tous ceux qui avaient eu affaire à lui à Berlin savaient à
quoi s'en tenir là-dessus.
    Le 12 mai, il rencontra par deux fois Ribbentrop et le
lendemain, bien que ce fût un dimanche, il alla voir le secrétaire d'État von
Weizsaecker (Ribbentrop ayant été convoqué d'urgence auprès d'Hitler à
l'Obersalzberg) pour lui remettre un message de Lord Halifax, dans lequel
celui-ci insistait sur la gravité de la situation. A Londres, le secrétaire
d'État au Foreign Office convoqua lui aussi le dimanche l'ambassadeur
d'Allemagne et ne lui cacha pas que le moment était grave.
    A la suite de toutes ces démarches, les Allemands ne pouvaient
manquer de remarquer (comme l'observait dans une dépêche l'ambassadeur von
Dirksen, après une visite de Lord Halifax) que le gouvernement britannique,
s'il se disait certain que la France irait au secours de la Tchécoslovaquie,
n'affirmait pas que la Grande-Bretagne en ferait autant. Les Britanniques se
bornaient à prévenir l'Allemagne que « dans l'éventualité d'un conflit
européen, il était impossible de savoir si la Grande-Bretagne ne se trouverait
pas entraînée à y prendre part (11) ». Ce fut du moins ce que déclara Lord
Halifax à Dirksen, d'après la dépêche envoyée à Berlin par ce dernier.
    En fait, le gouvernement Chamberlain ne consentit jamais à aller
plus loin — jusqu'au jour où il fut trop tard pour arrêter Hitler. A Berlin,
j'eus l'impression, dès ce moment et jusqu'à la fin, que si Chamberlain avait
dit franchement à Hitler que la Grande-Bretagne était résolue à faire ce
qu'elle fit en définitive pour répondre à l'agression nazie, le Führer ne se
serait jamais embarqué dans les aventures qui ont provoqué la seconde guerre
mondiale — impression qui se trouva considérablement renforcée par l'étude des
documents secrets allemands. Ce fut l'erreur fatale commise par ce Premier
Ministre, animé pourtant des meilleures intentions.
    Adolf Hitler, livré à ses fiévreuses méditations dans sa
retraite montagnarde de Berchtesgaden, était profondément humilié par
l'attitude des Tchèques et par le soutien qui leur était accordé à Londres, à
Paris et même à Moscou; rien n'aurait pu provoquer chez le dictateur allemand
une humeur plus sombre et plus hargneuse. Sa fureur était d'autant plus
violente qu'il se voyait accusé prématurément de projeter un acte d'agression
qu'il avait en fait l'intention de commettre. Pendant ce même week-end, il
avait relu le nouveau plan du cas vert, que venait de lui soumettre Keitel.
Mais le projet ne pouvait être mis tout de suite à exécution.
    Le lundi 23 mai, faisant taire son orgueil, Hitler ordonna à la
Wilhelmstrasse d'informer l'envoyé tchèque que l'Allemagne n'avait aucune
intention agressive contre la Tchécoslovaquie et que les bruits relatifs à des
concentrations de troupes allemandes, sur ses frontières étaient dénués de tout
fondement. Tant à Prague qu'à Londres, à Paris et à Moscou, les chefs des
gouvernements poussèrent un soupir de soulagement. La crise était surmontée. On
avait donné une leçon à Hitler. Il saurait désormais qu'il ne pourrait pas
faire accepter une nouvelle agression aussi facilement que lors de l'invasion
de l'Autriche.
    C'était bien mal connaître le dictateur allemand.
    Hitler resta quelques jours encore à l'Obersalzberg à ronger son
frein, tandis que grandissait en lui un désir effréné de régler son compte à la
Tchécoslovaquie, en particulier au président Benès, qui, croyait-il, l'avait
volontairement humilié. Le 28 mai, il apparut soudain à Berlin et convoqua à la
Chancellerie les officiers supérieurs de la Wehrmacht, pour leur annoncer une
décision capitale. Il l'a raconté lui-même dans un discours prononcé au
Reichstag huit mois plus tard.
    Je résolus de régler une fois pour toutes, et cette fois
radicalement, la question sudète. Le 28 mai j'ordonnai :
    1° De préparer pour le 2 octobre une action militaire
contre cet Etat.
    2° D'accroître et d'accélérer considérablement la
construction de nos défenses à l'ouest...
    Pour commencer, il convenait d'envisager la mobilisation
immédiate de 96 divisions (12).
    Devant ses acolytes assemblés — Gœring, Keitel, Brauchitsch, Beck, l'amiral Raeder, Ribbentrop et Neurath — il tonna : « La

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