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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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leurs
positions au nord et au nord-ouest des îles Britanniques, au cuirassé de poche Graf
Spee de gagner les eaux au large de la côte brésilienne, et à son
navire-frère, le Deutschland , de se poster en travers des routes
maritimes britanniques de l'Atlantique nord [195] .
    La date où fut donné l'ordre d'acheminer les bateaux de guerre
en vue d'une action éventuelle contre la Grande-Bretagne est lourde de
signification. Car le 19 août, après une semaine où Berlin n'avait cessé de
lancer des appels frénétiques, le gouvernement soviétique avait fini par
fournir à Hitler la réponse désirée.

ENTRETIENS GERMANO-RUSSES
(15-21 AOUT 1939)
    Le 15 août, à vingt heures, l'ambassadeur von der Schulenburg,
comme il en avait reçu l'instruction, rencontra Molotov et lui lut le télégramme
urgent de Ribbentrop déclarant que le ministre des Affaires étrangères du Reich
était prêt à se rendre à Moscou pour définir les relations germano-soviétiques.
Selon un télégramme « très urgent, confidentiel » que l'envoyé allemand adressa
à Berlin plus tard dans la soirée, le commissaire soviétique aux Affaires
étrangères apprit cette nouvelle « avec un grand intérêt » et « accueillit
chaleureusement les intentions allemandes d'améliorer les relations avec
l'Union Soviétique ». Cependant, ce fin joueur de poker diplomatique qu'était
Molotov ne manifesta aucune hâte. Le voyage que se proposait de faire
Ribbentrop, déclara-t-il, « exigeait d'être dûment préparé pour que l'échange
de vues aboutisse à un résultat ».
    Quel résultat? Perfidement, le Russe se livra à quelques
allusions. Le gouvernement allemand, demanda-t-il, ne serait-il gas intéressé par un pacte de non-agression entre les puissances ? Était-il
prêt à user de son influence auprès du Japon pour améliorer les relations
soviéto-japonaises et « éliminer les conflits de frontières »? — référence à
une guerre non déclarée qui avait fait rage tout l'été sur la frontière entre
la Mongolie et la Mandchourie. Finalement, Molotov s'enquit
de l'opinion de l'Allemagne sur l'octroi d'une garantie commune aux États
baltes.
    Toutes questions qui, conclut-il, « devaient être discutées de
façon concrète afin que, si le ministre allemand se décidait à venir à Moscou,
ce ne fût pas pour se livrer à un simple échange de vues, mais pour prendre des
décisions positives. » Et il souligna, une fois de plus, qu' « une préparation
appropriée des problèmes était indispensable (10) ».
    Ce furent donc les Russes qui lancèrent la première suggestion
d'un pacte de non-agression germano-soviétique — au moment même où ils négociaient
avec la France et la Grande-Bretagne les conditions de leur éventuelle entrée
en guerre pour s'opposer à toute nouvelle agression allemande [196] .
Hitler était plus que désireux de discuter d'un pacte de ce genre « en termes
concrets », car il y voyait le moyen de maintenir la Russie en dehors de la
guerre et d'attaquer la Pologne sans la crainte d'une intervention soviétique.
Et une fois la Russie hors du jeu, il était convaincu que la Grande-Bretagne et
la France seraient prises de peur.
    Les suggestions de Molotov comblaient
toutes ses espérances : elles étaient plus précises et allaient plus loin que
tout ce qu'il avait osé proposer. Une seule difficulté subsistait, on était à
la fin du mois d'août, et il ne pouvait se permettre d'adopter la lenteur de rythme
que voulait imposer Molotov en demandant qu'on lui laisse
le temps de préparer « d'une façon appropriée » la visite du ministre allemand
à Moscou.
    Le 16 août à six heures quarante, la Wilhelmstrasse transmit
téléphoniquement à Ribbentrop le rapport de Schulenburg sur son entretien avec Molotov. L'homme d'État était toujours dans sa résidence de
Fuschl et il se précipita à Obersalzberg, sur l'autre versant de la montagne,
pour demander au Führer de nouvelles instructions. Au début de l'après-midi,
leur réponse à Molotov était rédigée et transmise par
téléprint à Berlin, avec ordre à Weizsaecker de la télégraphier « de toute
urgence » à Moscou (12).
    Le dictateur nazi acceptait sans condition les propositions
soviétiques. Schulenburg fut prié par Ribbentrop d'aller revoir Molotov et de l'informer
    que l'Allemagne était prête à conclure un pacte de
non-agression avec l'Union Soviétique, pacte qui serait, si l'Union Soviétique
le désirait, valable pendant un

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