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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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banlieue de Berlin. Le train reçut
l'ordre de s'arrêter à la prochaine station, une voiture fut commandée et les
deux hommes se précipitèrent à la Chancellerie, où ils arrivèrent à minuit.
Tout y était éteint,
    Le rôle de cet étrange industriel nordique et ses efforts pour
sauver la paix furent un secret bien gardé, et la Wilhelmstrasse comme Downing
Street se donnèrent beaucoup de mal pour dissimuler ses mouvements aux
correspondants et diplomates neutres. Ceux-ci, à ma connaissance, les
ignorèrent totalement jusqu'au moment où Dahlerus figura à titre de témoin au
Procès de Nuremberg. Son ouvrage, The Last Attempt, fut publié en suédois en
1945, à la fin de la guerre, mais l'édition anglaise n'en parut qu'en 1948, et
il s'écoula encore six ans avant que son rôle ne reçût sa confirmation
officielle dans les documents du Vol. VII de la série DBrFP.
    Les archives du ministère des Affaires étrangères allemand
concernant le mois d'août ne font pas mention de Dahlerus, à l'exception d'un
mémorandum de routine consignant la réception d'un message de la compagnie
aérienne Lufthansa prévenant que « Dahlerus, personnalité du Foreign Office »,
devait arriver à Berlin, le 26 août, sur l'un de ses appareils. Il fait toutefois
son apparition dans quelques documents postérieurs.
    Hitler était allé se coucher. Mais Gœring insista pour le faire
lever. Jusqu'à cet instant, Dahlerus, comme tant d'autres, ne croyait pas
qu'Hitler fût un homme déraisonnable et pensait qu'il consentirait à un
règlement pacifique comme il l'avait fait à Munich l'année précédente. Le
Suédois allait maintenant découvrir les singuliers caprices et les terribles
fureurs du dictateur (38). Ce fut une expérience éprouvante.
    Hitler n'attacha aucune attention à la lettre de Halifax, que
Gœring avait jugée assez importante pour faire réveiller le Führer au milieu de la nuit. En revanche, pendant vingt minutes, il fit au
Suédois un véritable exposé sur ses premières luttes, ses grandes réalisations
et ses nombreuses tentatives pour s'entendre avec les Anglais. Puis, lorsque
Dahlerus réussit à glisser qu'il avait jadis travaillé comme ouvrier d'usine en
Angleterre, le Chancelier se mit à l'interroger sur cette étrange île et sur
l'étrange peuple qu'il avait si vainement essayé de comprendre. Suivit alors
une longue conférence d'un caractère plutôt technique sur la puissance
militaire de l'Allemagne. A ce moment, Dahlerus avoue avoir pensé que « sa
visite ne servirait à rien ». A la fin cependant, le Suédois bondit sur
l'occasion de parler des Anglais et de la façon dont il était venu à les
connaître.
    Hitler m'écouta sans m'interrompre... mais il se leva
brusquement et, surexcité, ne tenant pas en place, se mit à marmonner, comme un
homme parlant tout seul, que rien ne pouvait résister à l'Allemagne...
Brusquement, il s'immobilisa, l'oeil fixe. Sa voix était indistincte et son
comportement était celui d'un être complètement anormal. Il parlait par phrases
saccadées. « S'il y a la guerre, je construirai des sous-marins, des
sous-marins, des sous-marins, des sous-marins. »
    Sa voix devenait de plus en plus confuse, si bien qu'à la
fin on ne pouvait plus le suivre. Puis il se ressaisit, haussa le ton comme
pour s'adresser à une vaste audience, et hurla : « Je construirai des avions,
construirai des avions, des avions, des avions, et je réduirai mes ennemis en
poussière. » Il avait l'air d'un fantôme sorti d'un livre de contes plutôt que
d'un individu en chair et en os. Je le contemplai, stupéfait, puis me retournai
pour voir comment réagissait Gœring : il ne sourcillait même pas.
    Finalement, l'irascible chancelier se rapprocha à grands pas de
son hôte : « Herr Dahlerus, lui dit-il, vous qui
connaissez si bien l'Angleterre, pouvez-vous m'expliquer pourquoi je ne
parviens jamais à m'entendre avec elle? » Dahlerus avoue qu'il « hésita d'abord
» pour expliquer ensuite que « les Anglais n'avaient pas confiance en Hitler ni
en son gouvernement ».
    « Quels idiots! » tonna alors Hitler, en agitant son bras droit
et en se frappant la poitrine avec sa main gauche. « Est-ce que, de ma vie,
j'ai proféré un seul mensonge? »
    Là-dessus, poursuit Dahlerus, le dictateur nazi se calma. On
discuta des propositions qu'Hitler avait faites par l'intermédiaire de
Henderson, et l'on convint finalement que Dahlerus reprenait l'avion de Londres
porteur d'une

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