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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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nouvelle offre au gouvernement britannique. Gœring s'opposa à ce
qu'elle fût transmise par écrit et ordonna à l'accommodant Suédois de
l'enregistrer dans sa mémoire. Elle portait sur six points :
     
    1. L'Allemagne désirait conclure un pacte ou une alliance avec
la Grande-Bretagne.
    2. La Grande-Bretagne devait aider l'Allemagne à obtenir Dantzig
et le Corridor, mais la Pologne devait avoir un port franc à Dantzig, conserver
le port de Gdynia sur la Baltique et un Corridor d'accès.
    3.   L'Allemagne garantirait les nouvelles frontières
polonaises.
    4.   L'Allemagne devait récupérer ses colonies ou leur
équivalent.
    5. Des garanties devaient être accordées à la minorité allemande
en Pologne.
    6.   L'Allemagne s'engageait à défendre l'Empire
britannique.
     
    Ces propositions gravées dans la tête, Dahlerus s'envola pour
Londres dans la matinée du dimanche 27 août. Peu après midi, il fut escamoté
par une route détournée, afin de déjouer la curiosité des journalistes, et
introduit en présence de Chamberlain, de Lord Halifax, de Sir Horace Wilson et
de Sir Alexandre Cadogan. Il était manifeste désormais que le gouvernement
britannique prenait le courrier suédois très au sérieux. Dahlerus avait apporté
quelques notes hâtivement griffonnées dans l'avion, pour résumer son entretien
de la veille avec Hitler et Gœring. Dans ce texte, il assurait aux deux
principaux membres du cabinet britannique, occupés maintenant à passer son
mémorandum au crible, qu'Hitler n'avait cessé de se montrer « calme et serein »
pendant l'entrevue.
    Bien qu'on n'ait retrouvé, dans les archives du Foreign Office,
aucune trace de cet extraordinaire entretien dominical, des données fournies
par Lord Halifax et Cadogan ainsi que par le procès-verbal de l'émissaire ont
permis d'en faire la reconstitution dans le recueil de documents dudit
ministère (volume VII, Third Series). La version britannique diffère légèrement
de celle présentée par Dahlerus dans son livre et à Nuremberg, mais, en
rassemblant les divers récits, nous croyons avoir reproduit la scène avec le
maximum d'exactitude.
    Chamberlain et Halifax virent immédiatement qu'ils se trouvaient
en face de deux séries de propositions allemandes : celle qui avait été confiée
à Henderson et celle que Dahlerus venait de leur soumettre; Or, ces
propositions ne concordaient nullement. Tandis que, dans la première, Hitler
offrait de garantir l'Empire britannique après qu'il aurait réglé ses comptes
avec la Pologne, la seconde semblait suggérer que le Führer était
prêt à négocier, par l'intermédiaire des Anglais, le retour de Dantzig et du
Corridor et qu'ensuite il « garantirait » les nouvelles frontières de la
Pologne.
    C'était là un vieux refrain pour Chamberlain, après ses
décevantes expériences dans l'affaire tchécoslovaque, et il se montra très
sceptique envers l'offre du Führer telle que Dahlerus la
lui soumit. Il lui déclara qu'il ne voyait « aucune perspective de règlement
dans de telles conditions : les Polonais céderaient peut-être Dantzig, mais ils
préféreraient se battre plutôt que de céder le Corridor ».
    Finalement, il fut décidé que Dahlerus repartirait immédiatement
pour Berlin, porteur d'une première réponse officieuse, puis reviendrait à
Londres rendre compte des réactions du Führer avant que la
réponse officielle fût rédigée et emportée par Henderson le lendemain soir.
Suivant l'expression de Halifax (reproduite dans la version britannique) « les
communications officieuses et secrètes transmises par M. Dahlerus avaient
peut-être un peu embrouillé les choses. Il était (donc) désirable de poser
nettement que lorsque Dahlerus repartirait pour Berlin dans la soirée, ce ne
serait pas pour transmettre la réponse du gouvernement de Sa Majesté, mais pour
ouvrir les voies à la communication essentielle » dont Henderson serait le
porteur (39).
    L'importance qu'avait prise la médiation de cet obscur
industriel suédois dans les négociations entre les gouvernements des deux plus
puissantes nations d'Europe était telle qu'il alla jusqu'à conseiller, nous
dit-il lui-même, au Premier Ministre et au ministre des Affaires étrangères en
ce moment critique « de retenir Henderson à Londres jusqu'au lundi
(c'est-à-dire le lendemain) afin de ne donner leur réponse qu'après avoir eu
connaissance de la manière dont Hitler considérait la position britannique

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