Le Troisième Reich, T1

dispositions.
    La répartition des tâches et l'objectif opérationnel
restent inchangés.
    Date d'attaque : 1er septembre 1939.
    Heure d'attaque : 4 h 45 du matin (Inséré au crayon rouge).
    Cet horaire s'applique également à l'opération de Gdynia,
Baie de Dantzig et Pont de Dirschau.
    III. — A l'Ouest, il s'agit de laisser à l'Angleterre et à
la France l'initiative des hostilités. On se bornera à repousser par les forces
locales les violations de frontière sans importance.
    La neutralité que nous avons garantie à la Hollande, à la
Belgique, au Luxembourg et à la Suisse est à respecter scrupuleusement.
    Sur terre , il est interdit, sans mon autorisation
expresse, de franchir la frontière dans l'Ouest, où que ce soit.
    Sur mer , la même interdiction est valable pour
toutes les actions offensives ou qui pourront être considérées comme telles [237] .
    IV. — Si l'Angleterre et la France ouvrent les
hostilités, alors le devoir des éléments de la Wehrmacht opérant à l'Ouest
sera, en ménageant au maximum leurs forces, de laisser à l'Allemagne toute
possibilité de conclure victorieusement les opérations de Pologne. Dans ces
limites, les forces ennemies et leurs ressources militaires et économiques
devront subir autant de pertes que possible. Quant aux ordres de déclencher
l'attaque, je me les réserve, en tout cas, personnellement.
    L'armée défendra le mur de l'Ouest et procédera à des
préparatifs pour éviter qu'il ne soit tourné au nord par la violation du
territoire belge ou hollandais par les puissances occidentales...
    La marine fera la guerre aux navires marchands, en visant
surtout l'Angleterre. L'aviation devra, en premier lieu, empêcher les forces
aériennes françaises et anglaises d'attaquer l'armée allemande et le Lebensraum allemand.
    Dans la conduite de la guerre contre l'Angleterre, on
procédera à des préparatifs pour utiliser la Luftwaffe à désorganiser les
approvisionnements anglais par mer, l'industrie de l'armement et les transports
de troupes vers la France. Il faudra saisir l'occasion favorable d'effectuer
une attaque effective sur tout rassemblement d'unités navales anglaises, cuirassés
et porte-avions en particulier. Les attaques contre Londres sont réservées à ma
décision.
    Des préparatifs devront être effectués en vue d'attaques
contre le territoire anglais, sans perdre de vue qu'un succès partiel avec des
forces insuffisantes est à éviter en toutes circonstances.
    Adolf Hitler  (74).
    Ainsi donc, peu après midi, le 31 août, Hitler fixa-t-il
formellement et par écrit, pour le lendemain à l'aube, le début de l'attaque
contre la Pologne. Comme l'indique sa première directive de guerre, il ne
savait pas encore très bien ce que feraient la France et la Grande-Bretagne. Il
était bien résolu à ne pas les attaquer le premier, mais, si elles se livraient
à des actes d'hostilité, il était prêt à les affronter. Peut-être, ainsi
qu'Halder l'indiqua dans ses mémoires en date du 28 août, les Anglais
feraient-ils semblant de procéder à toutes les mesures qu'exigeait le respect
de leurs obligations envers la Pologne, et se livreraient-ils à un simulacre de
guerre? Le Führer, en tout cas, ne le prendrait pas « en
mauvaise part ».
    Sans doute, le dictateur nazi prit-il sa décision fatidique peu
avant douze heures trente en ce dernier jour d'août. A dix-huit heures
quarante, Haider avait griffonné dans son carnet une
communication du lieutenant-colonel Curt Siewert, aide de camp du général von
Brauchitsch. « Tout tenir prêt pour que l'attaque puisse débuter le 1er
septembre à quatre heures trente. Si négociations avec Londres exigent renvoi,
alors 2 septembre. Dans ce cas, nous serons avertis avant quinze heures
demain... Führer : ou 1er, ou 2 septembre. Tout annulé après le 2. » En raison
des pluies d'automne, l'attaque devait avoir lieu tout de suite ou jamais.
    Très tôt dans la matinée du 31 août, alors qu'Hitler prétendait
toujours attendre l'émissaire polonais, ses ordres parvenaient à l'armée. A six
heures trente, Halder écrivit : « Note de la Chancellerie du Reich : ordre
d'attaquer donné pour le 1er septembre. » A onze heures trente : « Gén.
Stuelpnagel établit nécessité fixer heure de l'attaque à 0425 (quatre heures
vingt-cinq du matin). Intervention de l'Ouest paraît inévitable. Néanmoins
Führer résolu à attaquer. » Une heure plus tard, la directive formelle en était
donnée.
    Ce